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Quentin Dupieux : “Réalité est mon film le plus intime”

Quentin Dupieux : “Réalité est mon film le plus intime”

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Par Constance Bloch

Publié le

De Paris à Los Angeles

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Je pense qu’il y a des zones encore inexplorées au cinéma

K | Dans Réalité, vous semblez pousser le « no reason » et la quête de l’absurde à son maximum, et ça s’incarne dans la forme du film. Est-ce qu’on peut dire sur ce point que votre film est une sorte de manifeste ?
Non, car je pense que je n’ai rien à dire, et mon seul manifeste à moi c’est que je veux pas faire chier les gens avec du sens ni avec des messages ou quoi que ce soit. Je veux juste distraire et aller dans des zones qui sont inexplorées.
Car je pense qu’il y a des zones encore inexplorées au cinéma et tout le monde se fatigue à creuser les mêmes, car effectivement on va trouver des formules qui fonctionnent et qui sont super, qui peuvent se répéter et qui procurent tout le temps des bonnes sensations aux spectateurs. Mais j’ai pris la décision de creuser autre chose.
K | Mais vous arrivez quand même à toucher les gens, à dire quelque chose…
J’ai rien à dire, mais je pense qu’il y a des choses qui sortent, c’est plus fort que moi, je suis un être humain. Je ne fais pas du cinéma pour dire, mais pour voir et entendre. Tout ce qui m’intéresse c’est de créer un contexte, des personnages… Ce que j’aime c’est la fiction, c’est-à-dire que mes films se déroulent nulle part, on sait pas où ni quand c’est. C’est très difficile de dire quelque chose quand on se situe nulle part. Après les gens peuvent voir ce qu’ils veulent, et il y a forcément des sens cachés parce que c’est un cerveau humain qui fabrique tout ça donc il y a des choses à retenir.
Pour moi le cinéma, c’est quelque chose qui fait quitter la réalité. Il n’y a rien de plus ennuyeux pour moi que des films platement réels qui parlent de Jean-Michel qui a trompé Sandrine… et Jean-Paul qui est en colère. Mais c’est très subjectif, je sais qu’il y a plein de gens qui aiment voir aussi des petites mises en scène qui reprennent des éléments de la “vraie vie” et qui retracent des trucs.
Comme ça tout le monde s’y retrouve, on parle des “vrais gens”. Je sais que c’est important aussi, je ne crache pas sur ce type de cinéma : je dis juste que j’ai besoin de rêver un peu, de faire des trucs qui quittent la réalité.
K | Vous avez dit que c’est la fin d’un cycle. Quel sera le prochain ?
J’y travaille, j’ai plusieurs projets, et je ne sais pas lequel verra le jour en premier mais ce sera un nouveau chapitre. Il n’est pas question que mes films changent radicalement, ce sera la continuité logique de tout ce que j’ai fait. Mais il y a eu une longue pause, je me suis arrêté de tourner deux ans depuis Réalité, et puis je suis encore en écriture sur plusieurs projets. Mais ce sera sûrement un opus qui ouvre sur une nouvelle époque.
À lire -> Quentin Dupieux : “Je suis le meilleur cinéaste de ma génération”
Crédit feature image : ŠZMIMI Photography / Festival du nouveau cinéma, 2014