Tuto : hacker la NES Classic pour y ajouter des jeux via USB, c’est possible

Tuto : hacker la NES Classic pour y ajouter des jeux via USB, c’est possible

photo de profil

Par Thibault Prévost

Publié le

Sur Reddit, une communauté de modders a trouvé le moyen de pirater la NES Classic pour y ajouter des jeux à sa guise. À vos risques et périls.

À voir aussi sur Konbini

La NES Classic est une tuerie, c’est acté. En tirant de toutes ses forces sur la corde si sensible de l’enfance (voire, pour les plus vieux, de l’adolescence) alors même que l’époque toute entière cherche à se convaincre que tout va bien en se grimant des atours du passé, Nintendo a visé juste et renvoyé une génération de trentenaires actifs tout droit dans les années 1990, lorsque Super Mario et le Cacolac régnaient despotiquement sur les après-midi. Pourtant, si parfaite que soit la console rétro (toujours en rupture de stock à l’heure où nous écrivons ces lignes), elle possède au moins un défaut, celui de n’être équipée “que” de 30 jeux, non modifiables par l’utilisateur, tandis que la version originale permettait d’acheter, vendre, troquer, bicraver, voler, emprunter, louer ou extorquer toutes les cartouches que l’on voulait, les insérer dans la fente principale, démarrer la console, voir s’afficher un écran noir, s’énerver, sortir la cartouche, souffler – fffFFFFFFfffff – de toutes ses forces sur ladite cartouche, la réinsérer, rallumer la console et enfin – ENFIN – entendre le “ping”  caractéristique d’un jeu inédit correctement chargé. Ça, la NES Classic ne le propose pas. Il a donc fallu la “craquer” – ouais, comme à l’époque de la PS1.

Dès la sortie de la console et l’annonce de Nintendo selon laquelle non, il n’y aurait pas de nouveaux jeux disponibles, toute une communauté s’est créée, sur Reddit, avec pour seul but de trouver la faille dans le système de ce vénérable bloc de plastique et de métal. Et, une fois à l’intérieur, de faire à peu près toutes les modifications possibles, appelées mods, comme l’installation de jeux préexistants (des ROMs), ou de titres traficotés voire complètement inédits (des homebrews). La semaine dernière, cinq mois après la création de la communauté, deux équipes de modders distinctes, venues de Russie et du Japon, ont enfin réussi à faire sauter le verrou de la console pour y ajouter et remplacer autant de jeux qu’ils le souhaitent en créant un émulateur, Hackchi2. Et, dans leur immense mansuétude, ils nous ont filé le manuel. Oui, il y a aussi des tutos vidéo.

À vos risques et périls

L’avantage de cette procédure, détaillée par Ars Tecnica, c’est qu’elle est dite soft-mod, ce qui signifie que vous n’aurez pas à toucher au matériel avec un tournevis pour la réaliser (“soft” signifiant ici à la fois doux et “software”). Pour commencer, il vous faudra créer une sauvegarde dans Super Mario Bros (et vous l’avez déjà probablement fait). Ensuite, connectez votre NES à votre ordinateur via micro-USB en mode FEL, qui s’active en allumant la console tout en maintenant le bouton “Reset” appuyé. Ensuite, vous aurez besoin d’une interface appelée Sunxi-FEL, pour que la console communique avec votre ordinateur – l’utilitaire open source USB Boot fait ça très bien.

Une fois tous ces prérequis effectués, la procédure peut réellement commencer, et on nage en plein dans le territoire opaque du “fais un truc de travers, et tu plantes ta console pour de bon”. L’idée générale est de transférer toutes les données internes de la console au PC, de les modifier ou d’ajouter des fichiers (via une interface) créées par les hackers puis, et c’est là toute la difficulté, de réinstaller le nouveau cœur modifié (ou “flasher le kernel”, pour les amateurs éclairés) dans la console. Imaginez ça comme une transplantation cardiaque, en somme. Si la console se réveille avec son nouveau cœur, c’est gagné. Sinon, vous pouvez préparer les cierges. Ça a l’air compliqué comme ça, mais avec du café, de la discipline et du sang-froid, c’est parfaitement faisable.*

La faille étant encore récente, difficile de savoir combien de jeux peuvent être ajoutés avant de remplir la mémoire interne de la console, bien que certains témoignages affirment avoir chargé jusqu’à 84 titres sans avarie. D’autre part, difficile de savoir quels jeux NES téléchargés seront compatibles avec l’émulateur de la NES Classic, sans parler des homebrews. Quoi qu’il en soit, le modding de la NES Classic montre, une fois encore, que tenter de vendre un produit “fermé” aux modifications est non seulement une erreur mais un vœu pieux : tout système est pénétrable, dès lors que l’on s’y attelle suffisamment longtemps. Longue vie aux modders.

*La rédaction de Konbini décline bien évidemment toute responsabilité en cas de mort prématurée de la console, tout sera entièrement de votre faute, petit irresponsable.