Docu : à la rencontre des “train surfers” de Mumbai

Docu : à la rencontre des “train surfers” de Mumbai

photo de profil

Par Naomi Clément

Publié le

Avec Train Surfers, le réalisateur Adrien Cothier capture le quotidien d’une bande de jeunes Indiens qui, chaque jour, défient le destin à bord de trains à grande vitesse.

À voir aussi sur Konbini

Bien qu’il puisse entraîner la mort, le train surfing, qui consiste à se suspendre ou à escalader des trains en marche, est une pratique assez répandue à travers le monde, notamment en Afrique du Sud et en Inde, où de nombreux jeunes passent leur journée à réaliser des chorégraphies risquées sur des trains à grande vitesse.

Fasciné par ce phénomène, le réalisateur new-yorkais Adrien Cothier (qui a notamment fait ses armes sur le tournage du Fantastic Mr. Fox de Wes Anderson) s’est rendu à Mumbai, où il a suivi une bande d’adolescents qui s’empressent chaque jour de monter à bord de wagons circulant près de chez eux, pour y effectuer une danse macabre à pleine vitesse. En résulte Train Surfers, un documentaire de treize minutes à couper le souffle, qui conte la façon dont ces garçons tentent, au péril de leur vie, d’échapper à leur destin.

“Nous avons dû cacher nos caméras autant que possible, et tourner sans autorisation”

Interrogé par l’American Film Institute, qui a sélectionné Train Surfers pour son festival AFI Docs, Adrien Cothier expliquait :

“Je terminais mon premier semestre d’études supérieures quand je me suis dit qu’il fallait que je sorte de ma zone de confort, que j’explore une partie du monde que je n’avais encore jamais vue. L’Inde m’a parue être une destination pleine d’aventure et de spiritualité. Pendant que je cherchais où aller précisément, je suis tombé sur une vidéo d’un train surfer de Mumbai. Je n’avais jamais rien vu de tel. C’était un mélange étrange de danger, et de beauté absolue. […]

[Trouver mes protagonistes] fut plus facile que je ne l’aurais cru. J’ai commencé à chercher des histoires d’ados arrêtés à Mumbai pour avoir ‘surfé’ des trains. Plus j’accumulais d’informations, plus je comprenais que ce phénomène se produisait dans certaines régions bien spécifiques de Bombay. J’ai ensuite engagé un traducteur dans le but d’entrer en contact avec les surfeurs au cas où l’on tomberait sur l’un d’entre eux. Après deux jours passés à attendre dans les gares, nous avons aperçu un ado sur le toit d’un train à grande vitesse. Nous l’avons poursuivi et convaincu de nous rencontrer à nouveau, avec ses amis. Le lendemain, nous étions chez lui.

Filmer à bord des trains ou sur les rails est complètement interdit en Inde. Je crois que cette phobie vient des attentats terroristes qui ont eu lieu à Mumbai en 2008. […] Nous avons dû cacher nos caméras autant que possible, et tourner sans autorisation. Mais in fine, je crois que cette approche un peu ‘gangster’ nous a permis d’obtenir des scènes incroyables, grâce auxquelles les téléspectateurs se sentiront embarqués dans une balade interdite dans le monde de ces gamins.”

À lire -> “Staff Riding” : les surfeurs de trains d’Afrique du Sud