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Booba à Bercy, une démonstration de force aux allures de communion

Booba à Bercy, une démonstration de force aux allures de communion

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Par Rachid Majdoub

Publié le

Ce samedi 5 décembre 2015, Booba remplissait Bercy (AccorHotels Arena) une nouvelle fois pour un concert impressionnant. On y était, on vous raconte.

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Une file interminable et pressée d’en découdre à l’entrée, toute de Ünkut vêtue, des jeunes, leurs aînés, des filles, des garçons, des femmes, des hommes, de tous âges, toutes cultures, toutes religions, toutes couleurs ; à l’intérieur, une fois les marches gravies : des gens, partout, en bas, sur les côtés, en haut, au fond, entassés entre la fosse et les trois étages du palais omnisports, des journalistes, artistes et autres acteurs du monde de la musique, une salle pleine à craquer remplie de “fourmis” comme l’a souligné celui que tout le monde est venu voir, habitée dans l’obscurité de dizaines de lights de smartphones telles des étoiles dans le cosmos ;

un tableau vertigineux laissant bouche bée avec, en arrière-plan, DJ Medi Med, fidèle soldat du rappeur, surplombé par l’écran géant retransmettant le live et permettant de se rendre un peu plus compte de la prestance du protagoniste, qu’il démontre d’entrée avec “Wesh Morray” ;

éclairé par un spot lumineux comme un extraterrestre sous son vaisseau – ou comme dans le clip de “N°10”, il se retrouve au fil du show entouré de nombreux guests, dont 40000 Gang, Benash ou, plus inattendu, les légendaires Lino – venu poser son couplet de “Temps mort 2.0” – et Rockin’ Squat, qui croisent sur scène le judoka Teddy Riner ou le footballeur du PSG Layvin Kurzawa (si l’on devait trouver un seul bémol, et encore, ç’aurait été la non-présence de Mala pour un ou deux titres ou, plus fou, celle d’Akon pour interpréter “Gun in Hand”) ;

peu importe, environ 17 000 personnes assistent à ce spectacle d’envergure, reprenant ensuite en chœur le refrain de “Comme une étoile”,

et connaissant (déjà) sur le bout des doigts son nouvel album Nero Nemesis, scandant à l’unisson ses titres “92i Veyron” ou “Attila” interprétés a cappella, après avoir frissonné pendant une bonne quinzaine de minutes au cours desquelles le Duc de Boulogne a redonné vie à ses classiques, offrant un medley en mode Beat 2 Boul, Time Bomb, Temps Mort, “Le son qui met la pression”, “Garde la pêche”, “Repose en paix”, “Le bitume avec une plume”, “Pas le temps pour les regrets”, “Pitbull”,

Remplir Bercy une nouvelle fois. 20 ans de carrière et encore au-dessus de tous.

Posté par Rachid Majdoub sur samedi 5 décembre 2015

ou encore “N°10”, drapeau de l’Algérie à la main ; un vrai retour dans le passé, pour “un peu de culture morray“, une claque, “pour les nouveaux et pour les anciens” comme l’a-t-il introduit de sa voix légèrement éraillée après une gorgée de Jack, bouteille dans la paume ; une voix avec laquelle il a étalé tout au long du concert une bonne partie de sa discographie, D.U.C., Autopsie 4, Futur, de “Boulbi” à “LVMH” en passant par “Maître Yoda”, “A4”, “Billets violets”, “Kalash”, et bien d’autres ;

puis est arrivé ce moment qui restera gravé dans les mémoires : les lumières tantôt rougeâtres tantôt bleutées s’éteignent, le maître de cérémonie se retire de scène, des bruits de cordes de guitare traditionnelle africaine se devinent, les projecteurs se rallument, un invité surprise apparaît : Sidiki Diabate, musicien africain émérite, donnant une couleur différente et acoustique à “Validée” dont il est l’inspiration première ;

la magie opère, les plus réticents à cette chanson apprécient, et l’osmose prend feu avec la réapparition du Pirate du 9.2 pour une communion avec son convive et un public dansant, chantant, filmant, avec dans les yeux le reflet des flammes jaillissant en bord de scène ;

des installations pyrotechniques, pour raviver un peu plus le feu attisé par un spectacle dense devenu bouillant lors de “Mové Lang” avant de s’éteindre en douceur avec “Mon Pays”, après plus de deux heures d’une pièce sobrement ficelée, une représentation aussi impressionnante que touchante qui a pris des allures de communion, comme un point d’orgue à une carrière solide, régulière et longue de deux décennies, comme un dernier rendez-vous avant de se dire au revoir, laissant une impression de démonstration de force du n°10 et n°1 du rap français et son Histoire : Booba.

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