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Clip : “#BalanceTonPorc”, le rap fort et engagé de Chilla

Clip : “#BalanceTonPorc”, le rap fort et engagé de Chilla

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@https://www.facebook.com/ChillaOfficiel/videos/1982280858678595/

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Par Mélissa Perraudeau

Publié le

Pour la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, la rappeuse Chilla a sorti #BalanceTonPorc, un titre puissant qui veut donner aux femmes le courage d’élever la voix.

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À l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes ce 25 novembre, la rappeuse Chilla a sorti un titre inédit intitulé #Balancetonporc. Le clip a été tourné dans les locaux de l’association FIT – Une femme, un toit, qui gère le seul centre d’hébergement et de réinsertion sociale pour les femmes de 18 à 25 ans victimes de violences sexistes et sexuelles en France.

Ce titre a été publié quelques jours après que l’association a partagé sa vidéo “La bande-son de la vie d’une femme”, donnant à entendre les mots et phrases sexistes et violents qu’une femme subit tout au long de sa vie. Pour toucher un maximum de personnes, un financement participatif a également permis à FIT de produire une campagne d’affichage rappelant aux usagères et usagers des métros parisiens la loi en matière de violences conjugales, viols et agressions sexuelles.

Chilla rappe notamment devant l’une de ces affiches, et, comme l’autrice-interprète de 23 ans l’a expliqué à 20 Minutes, certaines des femmes accueillies par l’association apparaissent dans la vidéo, “fières et battantes”, tandis que les autres ont pu assister au tournage. Une façon de renforcer le message de “#BalanceTonPorc”, qui représente pour la rappeuse le “coup de gueule de trop” : “à défaut d’en parler, on essaie d’agir en musique.”

Réalisé par le duo de réalisateurs français Kub & Cristo, le clip commence par la superposition de commentaires et tweets sexistes insultants envoyés à Chilla, autrice de plusieurs titres aux messages féministes comme “Si j’étais un homme” ou encore “Sale Chienne”. L’artiste commence par dénoncer dans son nouveau clip comment on l’identifie avant tout comme une femme, et non comme une rappeuse :

“Ils ne voient pas mon art, résument ma musique à mon sexe.”

“Pas de hiérarchie dans la souffrance”

Dans “#BalanceTonPorc”, Chilla souligne comment les violences sexistes et sexuelles touchent tous les milieux, à tous les niveaux, “dans la misère, dans le luxe”, la rendant “parano dans la rue et dans tous les secteurs”. Chilla évoque le harcèlement sexuel au travail, le chantage sexuel à la promotion, la prostitution forcée des étudiant·e·s pour payer leurs études… ainsi que les violences et viols conjugaux, les incestes dont “l’aigle noir” se trouve “dans les foyers, dans les caves, en collectif”.

“Combien de fois, combien de femmes ont succombé aux frappes du mâle et son culte ?” s’insurge-t-elle, tout en mettant en avant la dimension systémique du sexisme. Chilla a ainsi expliqué à 20 Minutes :

“Il n’y a pas de hiérarchie des souffrances. Du viol au harcèlement, du père qui bat sa fille tous les jours aux vieux qui te reluquent le cul dans la rue, tout ça c’est un système. Dans le morceau, je parle aussi de l’homophobie et du racisme, parce que ce sont les mêmes mécaniques. Il faut que les victimes renversent tout ça.”

Elle expose donc dans “#BalanceTonPorc” : “Je ne suis pas féministe, le vrai terme c’est humaniste. Pas de hiérarchie dans la souffrance, c’est pour chacune de tes peines que je culpabilise.”

“Donner du courage aux femmes” pour qu’elles dénoncent leurs porcs

Chilla parle de Bertrand Cantat, DSK, Kevin Spacey, Harvey Weinstein, R. Kelly… et ceux qui se rendent complices en taisant leurs crimes, comme Quentin Tarantino avec Weinstein. Fustigeant une justice qui “fait semblant d’être à l’écoute” et l’État qui “continue d’ignorer, laisse encore une fois nos racines en rade”, elle appelle les femmes à parler, à balancer leurs porcs, tout en ayant une pensée pour “toutes celles qui n’ont rien pu dire”.

“Pas de chasse aux sorcières, élève ta voix si t’as le choix, c’est très grave ce qu’il se passe/Ma sœur, lève-toi et ne reste pas témoin docile devant la porte/Balance ton porc, ma reus, balance ton porc”

Si la rappeuse souligne que “de jour en jour, les langues se délient”, elle encourage les victimes à continuer de dénoncer les agresseurs pour lutter contre le système. “Le but de mon morceau, c’est aussi de donner du courage aux femmes, parce qu’il faut du courage pour dénoncer, pour porter plainte. Je ne veux pas que ce titre s’arrête là, que ce soit du vent, je veux lui donner une autre dimension” a-t-elle expliqué à 20 Minutes. “Je me suis juste dit : ‘Si ce n’est pas moi, qui va le faire ?'” Force est de constater que c’est, en plus, fait de façon magistrale.

Karma, le premier EP de 10 titres de Chilla, est disponible depuis le 10 novembre.