En Finlande, étudier le heavy metal, c’est possible

En Finlande, étudier le heavy metal, c’est possible

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Par Théo Chapuis

Publié le

Les mêmes questionnements que le hip-hop

Malgré cela, l’ouverture de telles études pose en soi les mêmes questions que se posent certains sur les “hip-hop studies” : dans un article datant d’un an sur un documentaire au sujet de ces cours qui ont fleuri dans les universités américaines, mon confrère avait relayé la voix de plusieurs experts du monde du hip-hop, inquiétés de voir leur passion étudiée, synthétisée, appréhendée et disséquée par des étudiants qui n’ont rien à voir avec le monde du hip-hop :

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Tu ne peux pas aller à l’université et te définir ensuite hip-hop […] Pour se dire hip-hop, tu ferais mieux d’être un B-Boy, un MC, un graffeur, un DJ ou un beatboxer… Comment peux-tu analyser quelque chose que tu ne pratiques pas ?

Oui, on parle bien de rap. Mais en changeant seulement quelques mots, cette déclaration pourrait sortir de la bouche de pas mal de musiciens metal à qui on ne la fait plus. Les deux genres, rap et metal, se sont développés en milieu urbain, grâce à des adolescents issus du milieu populaire : ils ont plus de choses en commun qu’il n’y paraît (et ils en ont même parfois profité).

Naissance des metal studies

En France, les “metal studies”, même si elles n’en sont encore qu’à leurs balbutiements, sont portées notamment par Gérôme Guibert, docteur en sociologie, maître de conférences à la Sorbonne Nouvelle et directeur de la revue Volume !. Lui date la naissance des “metal studies” à l’année 2008. Dans une présentation du dossier “metal studies”, il explique l’intérêt de ce champ d’études :

Centrer la focale sur le metal, plutôt que se situer à des niveaux plus larges tels que le rock ou les musiques populaires permet de prendre à bras le corps la question de ce genre dans différents contextes spatio-temporels dans lesquels il se déploie et s’est déployé par le passé. Les thématiques offertes par la littérature récente sur le metal peuvent être ainsi rassemblées autour de questions récurrentes.

La première concerne l’unité et la diversité de la culture metal dans le monde, particulièrement les rapports entre pays “occidentaux” et “reste du monde” et les particularités locales des scènes metal et les manières de l’envisager selon son origine.
La seconde concerne le rapport du metal avec d’autres genres musicaux. Ainsi le rap et le metal souvent décriés de concert, comme l’avait montré Bryson (1996). Les deux genres sont également associés comme musiques combattives, violentes ou d’empowerment ou encore pour leurs rapports ambigus avec le commerce (Wilson 2008) bien qu’ils ne partagent pas grand-chose ni en termes de valeurs ou de représentations du monde, ni en termes de public.

Mais aussi le rapport du metal avec le punk, les musiques savantes, le blues, les croyances religieuses, la spiritualité, l’occultisme et les “rapports genrés” dans le metal. Comme quoi, le metal comme sujet d’études, ce n’est pas aussi farfelu que prévu.