En 2016, Ubisoft fait l’impasse sur Assassin’s Creed

En 2016, Ubisoft fait l’impasse sur Assassin’s Creed

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Par Juliette Geenens

Publié le

Ubisoft l’a annoncé jeudi 11 février. Pas de nouvel Assassin’s Creed en 2016. Une grande première pour le studio qui, depuis la sortie du premier épisode en 2007, a publié un jeu tous les ans.

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Ubisoft est-elle en train de de changer de politique concernant sa saga Assassin’s Creed ? Dans un communiqué publié jeudi 11 février sur son blog officiel, l’entreprise de jeux vidéo française a déclaré qu’il n’y aurait pas de nouvel épisode d’Assassin’s Creed cette année :

“Cette année est aussi pour nous l’occasion de repenser la marque Assassin’s Creed. Nous avons notamment décidé qu’il n’y aurait pas de nouvel opus du jeu en 2016.”

La firme invoque une volonté de “repenser la marque” donc, mais pas que :

“Nous avons beaucoup appris de vous et cela s’est ressenti sur nos process de développement […] Nous prenons le temps, cette année, de faire évoluer les mécaniques de jeu afin d’honorer notre promesse : celle d’offrir une expérience Assassin’s Creed mémorable.”

Une nouvelle qui ressemble à un gros pavé dans la mare… En apparence seulement. C’est la première fois depuis la naissance de la série Assassin’s Creed en 2007, qu’un nouvel épisode ne verra pas le jour au cours d’une année. Une grande nouveauté puisque neuf jeux ont été produits, à raison d’au moins une sortie par an depuis 2007. Mais au vu des chiffres décevants du dernier bilan trimestriel de 2015, cette décision n’a, en réalité, rien de très surprenant. Avec un chiffre d’affaires de 561,8 millions d’euros au dernier trimestre, Ubisoft n’a pas atteint ses prévisions estimées à 600 millions d’euros.

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Si la franchise a donc décidé de freiner sa production de jeux vidéo, c’est sûrement qu’elle prend enfin conscience d’un problème dans la matrice. En sortant un jeu tous les ans, la série Assassin’s Creed a fini par tourner à vide. Elle doit faire face, d’abord, à un sentiment de lassitude de la part des joueurs : les deux derniers jeux de la franchise, Unity (2014) et Syndicate (2015) n’ont pas trouvé le public espéré.

Ces opus ont aussi souffert d’une couverture médiatique catastrophique. En 2014, Unity s’est fait littéralement lynché par les critiques et par des gamers extrêmement mécontents : taxé de produit pas fini, sorti dans la précipitation, le jeu était tellement truffé de bugs que le studio a décidé d’offrir un DLC (contenu additionnel téléchargeable en général payant) aux joueurs en colère.

Pour Syndicate, la plupart des sites spécialisés n’ont eu aucune pitié : épisode bâclé pour Gamekult, peu inventif et répétitif pour Gameblog, quant aux testeurs de Kotaku, ils recommandaient vivement aux gamers de faire impasse sur le jeu. En bref, la réputation d’Ubisoft et celle de sa franchise sont à refaire. Ralentir la production du côté d’Assassin’s Creed, serait-ce la solution pour les studios de retrouver une crédibilité perdue ?

Faire moins pour faire mieux ?

Le débat est loin d’être nouveau : pour la saga Assassin’s Creed, la quantité  prime-t-elle sur la qualité ? Lionel Raynaud, vice-président à la création d’Ubisoft déclarait en 2012 :

“Nous sommes en mesure d’offrir aux gens un nouvel Assassin’s Creed chaque année parce qu’ils veulent un Assassin’s Creed chaque année. Tant que c’est le cas nous serions très bêtes de ne pas satisfaire ce besoin.”

Sauf que depuis Black Flag, le quatrième volet dédié à l’âge d’or des pirates, les jeux Assassin’s Creed ne se vendent plus aussi bien. D’ailleurs, celui-ci s’était écoulé à 11 millions de copies à la fin de l’exercice 2013. À titre de comparaison, Assassin’s Creed III, sorti en 2012, reste à ce jour, le meilleur démarrage de l’histoire d’Ubisoft avec 12 millions d’exemplaires partis en moins de deux mois.

Ainsi, quand Ubisoft parle de “repenser la marque” ou encore de “prendre le temps“, nul doute que cela part d’une bonne intention. L’entreprise aura mis un certain temps à comprendre que les envies et les attentes des joueurs ont beaucoup évolué ces dernières années, notamment autour du monde ouvert proposé par beaucoup de jeux aujourd’hui : GTA, Fallout, Far Cry…  Les développeurs se sont peut-être aussi rendu compte qu’ils ne pouvaient pas toujours fournir un produit irréprochable en un temps aussi limité.

Si Assassin’s Creed représente d’habitude une part immense de son chiffre d’affaires global, Ubisoft pourra en 2016 s’appuyer sur le très attendu Watch Dogs 2, suite du jeu vidéo sorti en 2014… mais aussi sur les revenus tirés de l’adaptation au cinéma d’Assassin’s Creed, avec Michael Fassbender, dont la sortie est prévue pour cet hiver.