Aline : “Quand tu fais de la pop française, on te chie dessus”

Aline : “Quand tu fais de la pop française, on te chie dessus”

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Par Louis Lepron

Publié le

[iframe src=”http://prod-3.konbini.com/embed/music-fr-aline-en-session-acoustique” width=”620″ height=”349″]Session acoustique : Je bois et puis je danse – Aline

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K | Le chant en français, c’était quelque chose d’automatique ?
Romain : Oui, parce que je parle très mal anglais. Même si le deuxième album de Dondolo était quasiment chanté en anglais, ça me faisait chier : avoir un dictionnaire près de soi quand tu travailles les paroles, je vois pas l’intérêt. Pour Aline, la question du français ne s’est même pas posée.
K | Pourtant, des groupes français avancent l’argument que changer en anglais, ça sonne mieux…
Arnaud : C’est une solution de facilité. Tu fais “onenaguen” dans le micro et ça sonne.
Romain : En français c’est beaucoup plus difficile. La langue en elle-même, la façon de former les phrases, c’est pas fait pour la pop. On est dans un pays littéraire, dans le pays de Proust et de Baudelaire. On a une très belle langue, très riche, peut être trop, pour faire de la pop.
K | Il y a une façon de faire ? 
Romain : Il faut laisser tomber l’écriture littéraire, les figures de style, épurer au maximum. Ensuite, essayer que ça sonne. Et plein de groupes français ont réussi à le faire, comme Gamine ou Étienne Daho. En France, il y a beaucoup de gens qui écoutent de la musique anglaise. Mais quand tu vas leur proposer la même chose en français, on va te chier dessus parce qu’ils vont te traiter d’Indochine. Il y  a un espèce de malentendu complet.
Arnaud : Les Français sont des suiveurs dans la musique. Ils vont suivre les anglais, les groupes américains. C’est cette démarche là qui est un peu dérangeante.

[iframe src=”http://prod-3.konbini.com/embed/music-fr-aline-en-session-acoustique-2″ width=”620″ height=”349″]Session acoustique : Elle m’oubliera – Aline

K | Vous l’expliquez comment ce retour de la langue française dans le monde de la pop ? 
C’est un retour à la normal. Les gens sont stupéfaits que des groupes chantent en français alors que ce n’est qu’un retour à la normal. Il n’y a que depuis Phoenix que des formations françaises ont utilisé la langue de Shakespeare. Mais ça fait seulement douze ans. Ce qui n’était pas normal, enfin, ce qui est plutôt extraordinaire, c’est que des Français se sont mis à chanter en anglais.
K | Phoenix, chantre de la French Touch, ça vous inspire quoi dans ce cas ?
Romain : Il y a une patte, un côté post-french Touch, une rythmique et un côté dansant qui leur est propre. Ils ont apporté une couleur même si ça ne me fait pas vibrer. Je préfère Lescop : ça me touche, je comprends ce qu’ils me disent.
K | Vous avez des références “chanson française”
Romain : Il y a des choses qu’on adore comme Barbara, Joe Dassin, George Brassens ou Alain Souchon. Lui, il écrit super bien. Son écriture est très pop, ça reste simple et il raconte quelque chose. Et t’es pas obligé d’écouter les paroles : tu peux te concentrer sur la mélodie si tu veux. Pour moi, la chanson doit faire un tout : je veux que les gens écoutent la musique et les paroles. Ou alors qu’ils s’intéressent à la mélodie, sans se soucier des paroles. Tu vas pas écouter Aline pour te concentrer sur les textes : tu dois danser.
K | Et si je vous parle de François de Roubaix ?
Romain : François de Roubaix c’est un très grand mélodiste qui a un côté pop et mélancolique. Dans les années 60, il était à l’avant-garde, il faisait tout tout seul. C’est de la musique de film qui n’est pas orchestrale donc qui n’est pas pénible et qui peut s’apprécier en dehors d’un film. Le thème de La Scoumoune ou Chapi Chapo : il n’y a pas grand chose à jeter de lui.
K | Vous aimeriez écrire pour une bande-originale ?
Romain : Ce serait génial. Et tu peux tout faire, même un film d’action bourrin : c’est infini. Mais je n’aimerais pas faire de musique orchestrale façon Danny Elfman ou Hans Zimmer, ça me fait chier. Je voudrais quelque chose de beaucoup plus minimal. J’adore Ennio Morricone, Vladimir Cosma ou un John Brion qui a réalisé la bande-originale de Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry.
ALINE sortira son premier album le 7 janvier prochain chez accelera son/IDOL/Pias et sera en concert au Café de la Danse le 21 février 2013 !