À Genève, l’artiste Yann Marussich se coule dans du béton

À Genève, l’artiste Yann Marussich se coule dans du béton

Image :

L’artiste Yann Marussich. ©Laura Spozio

Habitué des performances flirtant avec le danger, le performeur genevois tente, trois soirs de suite, d’échapper au béton, dont il est physiquement prisonnier.

À voir aussi sur Konbini

Il est connu depuis 1989 pour ses performances extrêmes, et pourtant quasi immobiles. L’artiste genevois Yann Marussich est un ancien danseur, ex-champion de France de Viet Vo Dao. C’est grâce à cette discipline qu’il enchaîne depuis trente ans des performances flirtant avec la douleur et le danger. “Avant chaque performance, je me prépare pendant six heures avec du qi gong, de la méditation et un travail de respiration pour ne ressentir ni froid ni douleur”, expliquait-il au Temps il y a quelques mois.

Les 14, 15 et 16 décembre, de 20 heures 30 à 22 heures, Yann Marussich, prisonnier d’une cage de verre, se coule dans du béton, dans les murs de La Gravière, à Genève. Il a en sa possession deux masses, avec lesquelles il essaiera de briser ce qui le retient prisonnier — du verre, puis du béton, donc. Sa performance, nommée “Le festin du béton” dénonce “la concentration excessive de béton en zone urbaine”. “Il est partout, il nous entoure. Il recouvre la surface de la terre chaque jour un peu plus. Il nous emprisonne. La poussière de ciment est très nocive et la fabrication de béton reste polluante et nécessite d’énormes quantités de sable”, peut-on lire dans le texte explicatif de la performance.

Si c’est la première fois que l’artiste se confronte à un tel matériau — le béton —, il a déjà un sacré passif avec le verre. En effet, dans sa performance “Bain brisé”, Yann Marussich est assis ou allongé dans une baignoire, recouvert de 600 kg de verre brisé, pendant deux heures. Deux heures durant lesquelles il sort très lentement de la baignoire, sous les yeux des spectateurs.

Et que dire de “Rideau” ? Dans cette autre performance, l’artiste est allongé, et un rideau composé d’os et de lames de rasoir monte et descend sur son corps pendant quatre heures. Il s’agit, selon lui, “d’un symbole de la frontière, et de ce que les migrants, par exemple, doivent subir pour traverser ces frontières”.

On l’aura compris, l’œuvre de Yann Marussich est extrême autant qu’elle est politique. Comment parviendra-t-il à s’échapper du béton ? À noter que la performance est musicale, avec un son créé et joué par Denis Rollet, dont le travail s’articule autour des fréquences sonores et de leurs tensions. Anxieux, s’abstenir.