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Les images percutantes de William Daniels nous éclairent sur la situation de territoires déchirés

Les images percutantes de William Daniels nous éclairent sur la situation de territoires déchirés

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Centrafrique, 2014. Un homme habillé pour la messe dominicale marche dans la rivière Oubangui, tôt le matin.
Avant d’exister en tant qu’État, la Centrafrique était considérée comme la « colonie poubelle » de l’Empire colonial français, qui a fermé les yeux sur le travail forcé jusque dans les années 1930. Ses frontières ont été tracées au mépris de toute logique géographique et ethnique. Le pays a connu cinq coups d’État et échappé de peu à un génocide.
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William Daniels
williamodaniels@gmail.com
+33 6 13 12 70 93
@williamodaniels
www.williamdaniels.net

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Par Lisa Miquet

Publié le

Pour mieux comprendre le monde qui nous entoure.

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Kirghizistan, 2007. Bishek. Le Kirghizistan est un pur produit de l’empire soviétique. Il a été fabriqué comme d’autres républiques par la volonté du Kremlin qui veut conserver son influence. Diviser pour mieux régner : un concept pervers que le pays continue de payer aujourd’hui. En 2005, une révolution populaire chasse le président, un autocrate au pouvoir depuis l’effondrement du bloc soviétique. Cinq ans plus tard, deuxième révolution. Un nouveau président est chassé dans un bain de sang. S’ensuivent des pogroms contre la minorité ouzbèke qui feront près de 500 morts en quelques jours. (© William Daniels)

Photojournaliste français, William Daniels parcourt le monde pour couvrir les crises humanitaires et les conflits armés. S’il immortalise les plus vulnérables depuis une quinzaine d’années, le photographe ne tombe jamais dans le sensationnel et aborde toujours ses sujets avec justesse et humanité.

Depuis le 25 janvier, des images prises par le journaliste font l’objet d’une exposition au Pavillon Carré de Baudouin à Paris, qui nous emmène à travers des régions aux situations complexes : la Centrafrique, le Kirghizistan, le Cachemire, la Libye et la frontière entre le Myanmar et le Bangladesh.

Pour lier ses différentes images, c’est le terme “wilting point” que le photographe a choisi. Ce mot anglais désigne en botanique le “point de flétrissement”, c’est-à-dire le seuil en dessous duquel l’humidité du sol s’avère insuffisante pour permettre à une plante d’y prélever l’eau dont elle a besoin. Cette dernière se met donc à se flétrir, puis finit par mourrir si ces conditions difficiles perdurent. Ce point de flétrissement symbolise alors le point de bascule, ce lien fragile entre la vie et la mort.

C’est donc cette métaphore qu’a choisie William Daniels pour mettre en lumière ces régions de la planète aux équilibres précaires. Entre chaos et fracas, il capture la fragilité et l’humanité avec la sensibilité, la maîtrise du cadrage et de la lumière qui lui sont propres. C’est d’ailleurs cette approche sensible de la photographie qui a marqué Marie Lesbats, co-commissaire de l’exposition :

“William Daniels déploie un regard personnel, percutant et intimiste sur des territoires déchirés, parfois oubliés du reste du monde. Au-delà de la pure représentation photojournalistique, l’auteur aborde en creux les notions d’éphémère et de vanité de la vie, et vient questionner notre point de vue sur la fragilité de la condition humaine.”

L’occasion de mieux comprendre le monde qui nous entoure, son histoire et ses zones de rupture.

Centrafrique, 2014. Un homme habillé pour la messe dominicale marche dans la rivière Oubangui, tôt le matin. Avant d’exister en tant qu’État, la Centrafrique était considérée comme la “colonie poubelle” de l’Empire colonial français, qui a fermé les yeux sur le travail forcé jusque dans les années 1930. Ses frontières ont été tracées au mépris de toute logique géographique et ethnique. Le pays a connu cinq coups d’État et échappé de peu à un génocide. (© William Daniels)

Libye, 2011. Un jeune combattant rebelle dans une voiture pendant une retraite vers la ville d’Ajdabiya, après que d’autres villes importantes ont été reprises par l’armée libyenne, loyale à Mouammar Kadhafi. Au plus fort de la révolution, beaucoup de jeunes Libyens idéalistes et inexpérimentés ont rejoint le front, espérant participer aux combats. (© William Daniels)

Bangladesh, 2017. Des pêcheurs se préparent à partir en mer, près du village de Shamlapur dans le sud du Bangladesh. Ils sont pour la plupart des réfugiés rohingyas, originaires de l’État de Rakhine à l’est du Myanmar. Selon l’ONU, l’ethnie rohingya est la plus persécutée au monde, particulièrement au Myanmar. Depuis plus de quarante ans, ils fuient par vagues successives la Birmanie (ou Myanmar), où ils sont persécutés par les forces de sécurité nationales. L’ONU utilise l’expression de “nettoyage ethnique”. Déplacés au XIXe siècle par l’armée britannique qui souhaite s’étendre à l’est, dans la future Birmanie, les Rohingyas sont, dès l’indépendance, considérés comme des citoyens de seconde zone, accusés d’avoir collaboré avec le colon. Depuis 1982, quand la junte militaire leur a retiré la citoyenneté birmane, ils vivent en apatrides, victimes de meurtres et de persécutions. (© William Daniels)

Kirghizistan, 2007. Une femme d’origine russe, qui souffre de solitude, pleure et prie chez elle à Bichkek. Envoyée dans sa jeunesse par Moscou pour travailler dans l’administration de cette petite république soviétique d’Asie centrale, elle a pris la citoyenneté kirghize après l’effondrement de l’URSS. (© William Daniels)

Centrafrique, 2014. Des femmes et des enfants dans l’enclave musulmane de Boda, où près de 11 000 déplacés – principalement d’ethnie peule – sont réfugiés. Lorsqu’ils quittent celle-ci, ils sont attaqués par des milices chrétiennes anti-balaka qui n’hésitent pas à assassiner femmes et enfants à la machette. (© William Daniels)

“Wilting Point” par William Daniels, du 25 janvier au 11 avril 2019, au Pavillon du Carré de Baudouin à Paris.