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Trois comptes Instagram de dessinatrices à l’humour cynico-dépressif

Trois comptes Instagram de dessinatrices à l’humour cynico-dépressif

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Par Alice Gautreau

Publié le

Nihilisme et humour cynico-dépressif, bienvenue dans l’univers cinglant de trois dessinatrices qui font vibrer Instagram.

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Nous avons choisi de vous présenter trois dessinatrices actuelles qui font chauffer les réseaux sociaux avec leur irrévérence et leur “punkitude” féministe : Filthyratbag, Wasted Rita et Liana Finck.

Elles possèdent un humour qu’on pourrait taxer de cynico-dépressif et s’en servent pour mettre en scène et tourner en dérision leurs propres émotions et états mentaux pas toujours au top de la joie. Jetant un regard acerbe sur les rapports humains et notre monde contemporain, elles ont envahi Instagram avec leurs dessins aux traits simples et affirmés.

Filthyratbag

17 ans, Melbourne, Australie

Celeste Mountjoy de son vrai nom, a choisi pour pseudo Filthyratbag, que l’on pourrait traduire par “Sale minable” ou encore littéralement “Sac à rat répugnant”, un surnom que lui donnait tendrement la copine de sa mère dans ses jeunes années. D’ailleurs, elle a commencé à dessiner très tôt et ne s’est jamais arrêté. “Je me suis toujours sentie connectée au dessin, j’ai toujours perçu ça comme une partie de moi”, nous confie-t-elle.

Filthyratbag traite avec un humour tranchant de nombreux thèmes comme la dépression, l’anxiété, les relations amoureuses, les addictions ou encore l’aliénation par les réseaux sociaux. Elle parle ouvertement et avec légèreté des difficultés émotionnelles que chacun d’entre nous peut rencontrer. Ses nombreux personnages féminins lui permettent de s’interroger sur l’image et la place de la femme dans la société, elle revendique une posture féministe assumée. Techniquement, elle utilise autant le traditionnel combo papier-crayon que le dessin numérique pour ses lignes solides et ses couleurs pleines.

Les influences de Filthyratbag

Nous lui avons demandé quelle était sa principale source d’inspiration, ce à quoi elle a répondu : “Je pense que les gens sont mon plus grand amour. J’aime les visages, les corps, et leur grande capacité d’expression. Les gens sont si drôles et tristes et dégueulasses et mignons.” Ceci dit, sa plus grande influence reste Michael Leunig, artiste australien et caricaturiste pour le journal The Age.

Suivez Filthyratbag sur InstagramTumblr et Facebook. Achetez ses goodies sur Red Bubble.

Wasted Rita

29 ans, Lisbonne, Portugal

Cette artiste portugaise a une forte identité visuelle et un caractère bien trempé. Elle définit son art comme “grincheux, indifférent, du non-art avec des sentiments”. Sur les réseaux sociaux, elle balance ses œuvres par le biais desquelles elle nous parle librement de sexualité, de ses propres émotions, et plus généralement des relations humaines. Elle s’interroge aussi sur notre rapport à Internet et à la virtualité. Ses dessins et écrits, majoritairement en noir et blanc, se distinguent par leur simplicité et leur contraste. Adepte du “bad drawing” et de la rature, Wasted Rita assume totalement son style qui se veut à la fois trash et épuré.

En août, on a remarqué sa présence sous forme d’affiches colorées dans l’excellent parc d’attractions dystopique “Dismaland” de Banksy. Elle expose d’ailleurs régulièrement aux quatre coins du monde en solo comme en groupe et donne également des workshops.

Les influences de Wasted Rita

Parmi ses influences, on compte Raymond Pettibon, créateur de la plupart des visuels du groupe punk hardcore Black Flag, mais aussi l’artiste écossais David Shrigley, qui lui a permis de se libérer de l’idée du dessin parfaitement exécuté et d’embrasser pleinement son style “mal fait”. Jenny Holzer et Barbara Kruger, deux grands noms de l’art conceptuel américain, lui ont donné envie de creuser du côté du texte et de la typographie. Cela dit, elle s’est aujourd’hui affranchie de ses modèles et préfère ne plus suivre leur travail.

Suivez Wasted Rita sur Facebook, Instagram, sur son site et aussi sur la plateforme Society6 où vous pouvez vous procurer ses prints et ses goodies.

Liana Finck

30 ans, New York, États-Unis

Liana est avant tout connue pour la publication régulière de ses vignettes de bandes dessinées dans le journal américain The New Yorker. Mais pas besoin de lire The New Yorker pour voir les dessins de Liana car celle-ci alimente son compte Instagram quotidiennement avec des dessins et notes issus de ses carnets en abordant toutes sortes de sujets : rapports humains, vie quotidienne, politique, avec un ton tantôt espiègle, tantôt carrément dépressif, et un trait d’une simplicité désarmante.

“Je suis quelqu’un qui parle couramment le langage du dessin, qui dessine avec simplicité, dans le but de comprendre le monde”, affirme Liana Finck, interrogée sur sa pratique artistique qu’elle considère comme quasiment thérapeutique. “Quand quelque chose me dérange, je dessine pour comprendre. Ça m’aide beaucoup”, révèle-t-elle. “Je pense que je dessine pour affirmer mon existence, et les choses qui me font sentir que le monde ne veut pas que j’existe me donnent envie de dessiner.”

On reconnaît aisément son style épuré et naïf qui laisse une grande place au texte. Comme Wasted Rita, elle possède une affinité particulière pour le dessin “mal fait”, digne d’un gosse de huit ans mais avec les idées cyniques et les désillusions du monde adulte. En suivant Liana sur Instagram, on a l’impression d’être dans sa tête en découvrant ses coups de gueule et ses émotions à vif au jour le jour.

Les influences de Liana Finck

Sa plus grande source d’inspiration : “Les chagrins d’amour et les tyrans”, dit-elle. Mais pas seulement, car Liana a grandi en se passionnant pour la dessinatrice américaine Roz Chast, l’artiste roumain Saul Steinberg et l’auteur américain de bandes dessinées et de dessins de presse Jules Feiffer. Actuellement, le talent d’Edward Steed, qui travaille également pour The New Yorker, attire particulièrement son attention.

Suivez Liana Finck sur Instagram.