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Un artiste a immortalisé sa rupture à travers une série de touchantes photos

Un artiste a immortalisé sa rupture à travers une série de touchantes photos

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© Mark Sommerfeld

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Par Evan Glazman

Publié le

Mark Sommerfeld a capturé les derniers instants de sa vie de couple, sans fard et avec la plus grande sincérité possible.

Mettre fin à une relation est l’une des expériences les moins plaisantes qu’un être humain puisse traverser dans sa vie. Elle se caractérise souvent par une hostilité passive-agressive mutuelle, du ressentiment et du repli sur soi. Le photographe Mark Sommerfeld et son ex-petite amie Heather English étaient déterminés à ne pas céder à cette fatalité, en évitant les schémas ô combien familiers de l’animosité et du malaise général de la rupture.

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Ils ont donc transformé leur séparation en archive émotionnelle, produisant une série de photos touchantes de leurs dernières vacances ensemble, à la fois sombre, sincère, poétique, belle et courageuse. Après une rupture, les deux parties ne veulent généralement rien avoir à faire l’une avec l’autre : les amants fâchés s’évitent à tout prix, quitte à changer de trajet pour aller au travail ou à abandonner leur café préféré, terrifiés à l’idée de se recroiser. Mark Sommerfeld et Heather English n’ont pas opté pour cette stratégie d’évitement.

L’ex-compagne est d’ailleurs citée comme collaboratrice dans l’intégralité du projet, intitulé We With Images To Give (“Nous, avec des images à donner”, pourrait-on traduire). Le photographe insiste sur l’importance d’avoir mis en avant cette collaboration :

“L’élément du nous fait partie intégrante de la création du projet, jusqu’au choix des photographies sélectionnées, un choix influencé par le travail textile de Heather et mes sculptures…”

Le deuil d’une relation

Il semble que le couple ait senti que sa romance était en train de s’étioler bien avant son voyage dans le Michigan, en septembre 2016. L’honnêteté et la volonté de Mark Sommerfeld de parler de la fin de cette relation sont étonnantes. Il ne laisse transparaître aucune amertume, aucune difficulté à s’exprimer sur le sujet. Il raconte :

“Notre relation ne s’est pas terminée à cause de ce voyage. Mais des incidents survenus pendant le voyage se sont ajoutés à nos divergences d’opinions, ce qui est à notre avis une chose dans laquelle tout le monde peut se reconnaître, pendant un voyage avec des amis ou avec la personne que l’on aime.”

Ces photos mettent en lumière la façon dont deux personnes aussi proches peuvent percevoir le monde différemment et comment cette différence peut les éloigner :

“Je pense que Heather et moi avons des façons très différentes de voir le monde et d’interagir avec lui… Elle préfère toucher les fleurs et sauter dans l’eau, alors que je préfère photographier la fleur et quelqu’un qui saute dans l’eau.

Si je ressens l’envie de photographier quelque chose, c’est difficile pour moi de m’arrêter, c’est un acte qui me rend immensément heureux. Alors que Heather ne penserait pas une seconde à s’arrêter dans son élan pour prendre une photo.”

Une réflexion sur la nature des ruptures

Une dynamique que reflète la série, dans laquelle Heather est le sujet de presque tous les clichés, tandis que Mark n’apparaît qu’entouré de fumée, ou bien au travers de son ombre, projetée sur les images. Cette série, basée sur l’idée de documenter la fin d’une relation au nom de l’art, est une réflexion sur la nature des ruptures, et comment elles sont vécues dans le monde.

Pourquoi ressentons-nous le besoin de simplement rayer l’autre de notre vie ? Pourquoi est-il commun d’essayer d’effacer des pans entiers de nos existences juste pour enterrer ces souvenirs qui pourraient nous causer de la peine, oui, mais aussi nous rappeler la joie et l’amour ? Pourquoi voyons-nous une relation comme une bulle étroite, une sorte de transaction basée sur l’échange d’amour et de plaisir ? Il n’y a sans doute pas de réponse satisfaisante à ces questions, mais la série We With Images To Give a le mérite de les poser.

We With Images To Give sera exposée à Toronto, à l’hôtel Gladstone, tout au long du mois de mai.

Traduit de l’anglais par Sophie Janinet