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On sait enfin pourquoi les tatouages durent toujours

On sait enfin pourquoi les tatouages durent toujours

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Par Justina Bakutyte

Publié le

Jusqu’à présent, la résistance de l’encre au renouvellement de la peau était restée un mystère…

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Le tatouage est une pratique aussi riche qu’elle est ancestrale, et nombreuses sont les découvertes archéologiques, les écrits et les œuvres d’art qui prouvent qu’elle remonte à plusieurs millénaires avant Jésus-Christ.

Pendant de nombreuses années, la communauté scientifique s’est demandé pourquoi les tatouages restent sur la peau. Alors que les cellules de la peau humaine se régénèrent constamment, comment se fait-il que l’encre y reste imprimée des années durant sans disparaître ? Une nouvelle recherche fascinante semble aujourd’hui offrir une réponse à cette interrogation.

Jusqu’à présent, on savait que les cellules de la peau s’imbibent des pigments, grâce à des cellules immunes appelées macrophages, qui ciblent et absorbent l’encre comme elles le feraient avec une infection basique. La question restait donc de savoir ce qu’il se passe quand les vieilles cellules, y compris macrophages, disparaissent pour être remplacées par des nouvelles.

Une étude française donne l’explication

Selon un groupe de scientifiques de l’université d’Aix-Marseille, les cellules mortes libèrent l’encre dans des cellules voisines, créant ainsi un cycle continu qui permet aux tatouages de rester intacts pendant des décennies. Sandrine Henri, qui a dirigé ce programme de recherche, explique :

“Nous pensons que, lorsque les macrophages chargés de pigments meurent pendant l’âge adulte, les macrophages voisins recapturent les pigments, assurant ainsi une apparence stable et la persistance des tatouages de manière dynamique.”

L’expérience qui a abouti à cette découverte a été faite sur une queue de souris génétiquement modifiée. Après l’avoir tatouée, les chercheurs ont d’abord découvert que seules les cellules macrophages s’imprégnaient des pigments, mais qu’une fois détruites par leur soin, le tatouage ne se modifiait pas pour autant. Au cours d’une deuxième expérience, l’équipe a transféré une parcelle de peau tatouée d’une souris à une autre, et a découvert après six semaines que les cellules de la nouvelle souris avaient également absorbé les pigments. Un phénomène que Sandrine Henri explique ainsi :

“Les particules de pigments sont trop grosses pour se disperser facilement et restent sur place avant d’être captées par les nouveaux macrophages.”

Si vous vous demandiez à quoi cette découverte peut bien servir, sachez qu’en plus d’être importante pour comprendre le mécanisme de persistance des tatouages, elle l’est aussi pour comprendre comment les effacer :

“Les méthodes pour effacer les tatouages ont des chances d’être améliorées en combinant la chirurgie laser et l’ablation transitoire des macrophages présents dans la zone tatouée.

Suite à cela, les particules de pigment fragmenté générées en utilisant le laser ne seront pas immédiatement recapturées, une modalité qui augmente les chances qu’elles soient drainées par les vaisseaux lymphatiques.”

Bien joué la science !

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