Les “patators” des années 90 nous manquent

Les “patators” des années 90 nous manquent

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Par Maxime Lavoine

Publié le

Gabriel Batistuta

L’Argentin était surnommé “Batigol” et c’était amplement mérité. Buteur né, le droitier a fait trembler les filets partout où il est passé, de Newell’s Old Boys à ses débuts à la Roma où il gagna enfin le Scudetto, mais surtout à la Fiorentina (meilleur buteur de l’histoire du club, 168 buts). Chaque L’Équipe du dimanche de Canal+ était l’assurance de voir l’attaquant décocher des frappes surpuissantes et faire peur au gardien. Qu’il soit à 30 mètres ou à 6 mètres, peu importe. BOUM ! Même si Messi le dépasse un jour en sélection (56 buts contre 49), dans quelques semaines voire quelques mois, Gabriel Batistuta restera dans l’histoire.

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Alan Shearer

Un style encore plus à l’ancienne. Si Batistuta se montrait également assez véloce et fin techniquement pour varier ses buts, Shearer marquait quasi exclusivement en force et savait conserver le ballon, grâce à son solide physique, dos au but. À l’aise de la tête, comme tout joueur anglais qui se respecte, son pied droit était une massue. Et le ballon le craignait ! Des volées, des frappes croisées, des coups francs : il y a du choix quand même. Révélé au Blackburn Rovers, Alan Shearer brilla ensuite chez lui, à Newcastle. Né là-bas, il rêvait de s’y imposer. Et il le fit à coups de canon : 206 buts en dix ans (1996-2006) et meilleur buteur de l’histoire de SON club. Les Magpies n’ont également pas oublié son refus de signer à Manchester United, plusieurs fois. Un buteur au grand cœur.

Jean-Pierre Papin

Notre JPP national aimait “arracher” la tête du goal. Encore fallait-il oser se mettre devant, car quand Papin frappait, il n’y allait pas de main morte ! Même en face à face, à 5 mètres de la ligne, le Nordiste qui brilla de mille feux à l’OM préférait assurer. Un gros pétard (du droit) et on en parle plus. Cela peut paraître rudimentaire, mais pas quand c’est bien fait. Avec quasiment 300 buts en pro et huit titres de meilleur buteur (trois fois en C1, cinq fois en D1), des passages à Marseille, au Milan AC et au Bayern, ainsi qu’un Ballon d’Or (1991) on peut dire que JPP faisait dans la qualité. Il visait juste. Fort, mais juste. Notamment sur reprise, qu’il faisait tellement bien qu’on appela cela des “papinades”.

Franck Sauzée

A l’époque, l’Olympique de Marseille possédait du beau monde. De 1988 à 1990 puis de 1991 à 1993, Franck Sauzée lâchait des énormes frappes des 20 mètres, pendant que Jean-Pierre Papin faisait pareil dans la surface. Le milieu de terrain relayeur était un spécialiste du genre, et le laisser seul à cette distance revenait à concéder une occasion de but. La preuve, il en marqua 71 en 369 matches de Division 1. Sochaux, Marseille, Monaco, Strasbourg et Montpellier ont profité de son pied droit. L’équipe de France (9 buts en 39 capes entre 1988 et 1993) pas assez longtemps. D’ailleurs, il ne ferait pas de mal aujourd’hui…

Jay-Jay Okocha

Un artiste. Meneur de jeu à la technique exceptionnelle, Augustine “Jay-Jay” Okocha régalait les supporters de roulettes, feintes de corps et autres passements de jambes. D’abord en Allemagne (Borussia Neunkirchen puis Francfort) et Turquie (Fernerbahçe), avant d’illuminer la France et la D1 avec le PSG. Et pendant quatre saisons, le Nigérian aura alterné gestes techniques de classe et frappes de mule, jusqu’à en faire un joueur préféré des supporters parisiens. La suite (Bolton, Qatar, Hull City) sera du même acabit : football plaisir.

Roberto Carlos

Un défenseur. Enfin, un latéral gauche, Brésilien de surcroit. Donc oui, quelqu’un d’assez porté sur l’offensive et à la technique pas dégueu ! Après de belles promesses à Palmeiras, Roberto Carlos débarque à l’Inter Milan. Une saison puis s’en va, au Real Madrid. Et là, il aura squatté le couloir gauche de 1996 à 2007, pendant onze saisons ! Rythmées par de nombreuses montées fougueuses sur le côté, des centres léchés et des frappes de sourd. Notamment de l’extérieur du pied gauche, pour bien fouetter le ballon et lui donner un effet illisible. N’en parlez pas à Fabien Barthez, l’international brésilien (125 capes) l’avait traumatisé un soir de juin 1997…

Ronald Koeman

Il a un point commun avec Roberto Carlos. Enfin, deux. Le premier et principal : il aimait mettre des grosses patates. Le deuxième, il était également défenseur. Mais Ronald Koeman était dans l’axe. Stoppeur, grand, costaud, l’air pas commode, vous voyez le genre. Le Hollandais était craint par les attaquants adverses, qui s’attendaient à se faire bouffer les chevilles et mollets pendant 1h30, mais aussi par les gardiens, qui redoutaient le moindre pétard du natif de Zaandam. Dans le jeu comme sur coup-franc, 30 mètres ne représentaient rien. Celui qui brilla à Groningue, au PSV Eindhoven, à l’Ajax, au Barca et au Feyenoord Rotterdam pour finir, inscrivit 193 buts dans sa carrière de joueur. Record historique pour un défenseur, pas près d’être battu. Et même s’il l’était un jour, cela ne lui enlèvera pas le but vainqueur en C1 1992 avec le Barca.

Michael Tarnat

Un voisin germanophone de Koeman. Malgré un gabarit imposant (80kg pour 1,86m), Tarnat jouait latéral gauche. Sans être une fusée, il savait apporter le surnombre sur son côté, dédoubler et centrer. Une bonne patte gauche qui lui permettait de s’illustrer. Et un pied gauche qui lui permettait également de balancer des Kartoffeln ! Moins souvent que Roberto Carlos et Ronald Koeman, il est vrai. Le natif d’Hilden marqua moins de 40 buts, entre Duisbourg, Karlsruhe, le Bayern Munich (alors concurrent de Lizarazu), Manchester City et Hanovre. Mais quand Tarnat faisait mouche, il valait mieux enlever les mains ou faire semblant de rater le ballon. La preuve avec cette frappe mesurée à 124 km/h en fin de carrière à Hanovre.

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