Entretien : JMSN, enfin libre

Entretien : JMSN, enfin libre

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Par François Oulac

Publié le

“Quand tu écoutes de la musique, tu as envie qu’on te parle de souffrance, parce que c’est ça la vie”

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Tu racontais à Pigeons and Planes que tu as baptisé ton premier album, Priscilla, du nom de ton ex-copine. C’est ta rupture avec elle qui t’a transformé en JMSN ?

Il y a eu pas mal de moments décisifs. J’étais coincé sur un label qui ne voulait rien faire avec moi, ma copine et moi avions rompu… Ma famille et moi, on vivait à six dans un studio, je n’aimais pas rentrer chez moi… J’ai fait cet album à cette période où je traversais pas mal de changements et de difficultés.
C’était aussi un disque important pour moi parce que j’ai arrêté d’écouter les labels qui me disaient de faire des hits pour les radios, des trucs comme ça. Parce qu’en fin de compte, je veux que ce que je fais me rende heureux. Je ne veux pas être dépendant de la somme d’argent que je rapporte, parce que ce genre de trucs change très vite. Il y a des artistes qui passent à la radio mais dont personne n’a rien à foutre. Moi, je voulais être un artiste que je respecte. Donc j’ai commencé à tendre vers ça.
D’où tires-tu cette mélancolie, cette amertume qui transparaissent dans beaucoup de tes morceaux ?

Je ne suis pas quelqu’un de spécialement sombre dans la vie, bien au contraire ! Mais la musique est comme une thérapie pour moi, c’est peut-être le seul truc que je prends au sérieux (rires). Je suppose que c’est ainsi que je me sens, tout au fond. J’aime tous les genres de musique, mais il faut qu’il y ait un sentiment doux-amer qui s’en dégage. Je n’aime pas les chansons totalement joyeuses qui sonnent comme si on était dans un Disney. Ce n’est pas amusant à écouter. Quand tu écoutes de la musique, tu as envie qu’on te parle de souffrance, parce que c’est ça la vie.

Ton nouvel album, le Blue Album, sonne plus léger, plus pop aussi, que Priscilla. Doit-on en conclure que tu te sens mieux aujourd’hui ?

J’essaie toujours de comprendre comment être plus heureux, mais oui, ma vie personnelle va un peu mieux. C’est marrant que les gens trouvent l’album moins sombre, parce que les paroles restent quand même très centrées sur mes interrogations, mes doutes… Mais ça fait partie de mon évolution. Et je travaille là-dessus, pour m’ouvrir encore plus. C’est ce que font mes artistes favoris. Eminem par exemple, mes sons préférés de lui, ce sont ceux où il se dévoile totalement. J’essaie d’être aussi sincère que possible, mais il y a toujours moyen de faire plus.
Il y a cet article qui dit que la tendance “indie R’n’B”, “PB R’n’B“, “néo R’n’B“, peu importe comment on l’appelle, est déjà arrivée à saturation et que le vent tourne… Toi qui as contribué à cette vague, qu’en penses-tu ?

Je trouve ça bien que cette vague existe, que les gens remettent ainsi en cause les barrières musicales. Mais je pense que ça ne va pas durer. Je trouve ça bizarre que certaines personnes soient tournées vers le passé, à essayer de rattraper ce train-là. D’ailleurs qui peut dire ce que c’est, le PB R’n’B ? Moi je suis déjà passé à autre chose, c’est pour ça que j’ai fait le Blue Album. Et mon prochain album s’en éloignera encore plus, il sera encore plus différent. J’espère pouvoir continuer à faire ça : être libre, tout mélanger, faire du neuf… C’est ça la musique, c’est ce qui fait sa beauté.