Certains pourront croire que ce geste était romantique, mais c’était en fait complètement creepy et constituait une forme de harcèlement. Face aux réactions sur les réseaux sociaux, le projet du pianiste a pris fin en moins de 48 heures.
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Un peu comme dans la scène du boom-box dans Un monde pour nous, un Britannique a décidé de jouer du piano sans s’arrêter jusqu’à ce que sa copine le reprenne. Luke Howard, âgé de 34 ans, s’est ainsi installé avec son piano dans le parc de College Green, dans le centre de Bristol. Sur les côtés de son instrument on pouvait lire : “J’ai le cœur brisé, alors je joue pour essayer de guérir.” Interviewé par le Bristol Post, Luke Howard a expliqué qu’il comptait jouer “qu’il pleuve ou qu’il neige“, “qu’il tombe de fatigue ou se fasse arrêter“, avant d’ajouter : “Je serai là aussi longtemps que nécessaire.”
Si son geste peut paraître romantique, certains trouvent plutôt cela inquiétant. En effet, les grands gestes de ce type sont de plus en plus souvent assimilés à du harcèlement – et ça, c’est moins mignon. Le problème avec ce type de grandes démonstrations, c’est que la personne à qui la “belle preuve d’amour” s’adresse peut être mise en porte-à-faux. Que faire si quelqu’un dont vous n’êtes pas amoureux (voire que vous n’aimez pas du tout) vous fait une grande déclaration ? Faut-il se forcer à aimer cette personne ? Un exemple de cette idée serait le coup du mec qui demande sa copine au bout du troisième rendez-vous. Cela devient encore plus problématique lorsque la personne visée a clairement exprimé son rejet de l’autre, comme dans le cas d’une rupture.
Luke Howard a expliqué au Bristol Post que sa relation de quatre mois “ne s’est pas mal terminée, mais que la vie s’en est mêlée”. Il précise que “s’il s’était passé quelque chose de mal qui avait justifié la rupture, [il ne ferait] pas ça”. Mais le fait est qu’il a pris cette initiative sans prendre en compte les sentiments de la première concernée. C’est ce manque de respect pour son ex qu’ont condamné des internautes, qui se sont dit qu’il est fort possible que jeune femme n’ait pas envie d’entendre une sérénade en continu.
Men, women are allowed to leave you. You are not entitled to a girlfriend.
— sianushka (@sianushka) September 9, 2017
Media, stop romanticising controlling, stalker behaviour. https://t.co/qN3g0fa9DQ
Traduction : “Chers hommes, les femmes ont le droit de vous quitter. Avoir une copine n’est pas un droit. Les médias, arrêtez de rendre romantiques les comportements de harcèlement.”
Aussi bien des hommes que des femmes ont exprimé leur colère face à l’initiative de Luke Howard. Car si ce geste répond à ses besoins à lui, il peut empêcher son ex de tourner la page, tout en envahissant son intimité. Certains affirment même que si la situation était inversée, on traiterait sûrement la jeune femme d’hystérique.
Tout comme le phénomène pervers du love bombing, l’initiative de Luke Howard s’inscrit dans la tendance inquiétante consistant à s’appuyer sur des grands gestes romantiques pour influencer une personne. Sur les réseaux sociaux, le débat est houleux. Un internaute a même publié un texte sur Facebook pour expliquer le problème que soulève cette démarche :
“Je serais plus compréhensif s’il ne la forçait pas à supporter son geste en permanence. Elle n’a pas la possibilité de tourner la page. Il lui enlève cette option.
Par ailleurs, elle peut ressentir de l’embarras et une certaine pression. Sa vie est étalée sur la place publique sans qu’elle ait pu donner son avis. Des milliers d’étrangers s’en mêlent. C’est ça qui est malsain.”
Couldn't resolve it privately, so he had to resort to putting public pressure on her through social media spectacle, eh? Fuck that
— John Wolfe (@JohnWolfeYT) September 9, 2017
Traduction : “Il ne pouvait pas réparer les choses en privé, alors il se tourne vers le grand public pour lui mettre la pression via les réseaux sociaux ? Fuck that.”
She should picnic with another guy, RIGHT IN FRONT OF THIS ASS.
— Hamdodger (@hamdodger) September 9, 2017
Traduction : “Elle devrait aller pique-niquer avec un autre homme, juste devant lui.”
Moins de 48 heures après le début de son marathon, le pianiste a fermé ses comptes Instagram et Facebook et a cessé de jouer. Le piano est toujours sur place, mais les touches sont cassées et le musicien n’est plus là. Cependant, quelqu’un a gentiment laissé sur l’instrument une carte de visite proposant des services de soutien moral anonyme. On espère en tout cas que les deux ex-amoureux vivent désormais en paix.
Traduit de l’anglais par Sophie Janinet
