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En France, l’espérance de vie recule pour la première fois depuis 1969

En France, l’espérance de vie recule pour la première fois depuis 1969

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Par Mathieu Piccarreta

Publié le

Le bilan démographique de l’année 2015, dévoilé par l’Insee, est morose. Fait rare, l’espérance de vie en France a même diminué l’an dernier, une première depuis 1969.

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Dans les esprits comme dans les statistiques, 2015 restera une année résolument morbide. Ce mardi 19 janvier, l’Insee a dévoilé son rapport démographique annuel. Baisse du nombre de naissances, hausse de la mortalité, et même recul de l’espérance de vie… Pourquoi 2015 est-elle une mauvaise année sur le plan démographique ?

Une hausse record du taux de mortalité

La France n’a jamais connu autant de morts depuis la Seconde Guerre mondiale. Il y a eu 600 000 décès en 2015, 41 000 morts de plus qu’en 2014, soit une augmentation de 7,3 %. Un taux de mortalité qui se justifie “principalement du fait de conditions épidémiologiques et météorologiques peu favorables”, explique l’Insee qui a clairement identifié trois épisodes de surmortalité.

Une diminution des naissances

Parallèlement au taux de mortalité en hausse, 2015 voit se creuser un recul en matière de naissances. 800 000 bébés ont vu le jour en 2015, soit 19 000 de moins que l’année dernière. Ce chiffre fait de 2015 l’année la plus faible pour la natalité française depuis 1999. Un chiffre qui est d’ailleurs confirmé par une tendance à la baisse de la fécondité. En effet, le taux de fécondité tombe à 1,96 enfant par femme au lieu de 2,08 en 2014.

Notez que la France compte tout de même un total de 66,6 millions d’habitants au 1er janvier 2016. On en dénombrait 64,5 millions, à la même date, en 2015. Cette augmentation est portée par le solde naturel (la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès, même si, dans ce cas, le premier baisse et le second augmente par rapport à 2014).

L’espérance de vie diminue

L’information qui attire le plus l’attention des observateurs dans ce bilan démographique est assurément  la baisse de l’espérance de vie. C’est, selon Marie Reynaud, la responsable des études démographiques et sociales de l’Insee, “le phénomène le plus marquant de ce bilan démographique”. La baisse de l’espérance de vie est en effet extrêmement rare : cela ne s’était plus produit depuis 1969.

Concrètement, il s’agit d’une baisse remarquable de 0,4 an pour les femmes et 0,3 an pour les hommes par rapport à 2014. Cela signifie, pour l’année 2015, que les hommes avaient une espérance de vie de 78,9 ans quand les femmes vivaient en moyenne 85 ans. En moyenne, la femme de 2015 vivait donc 115 jours de moins que celle de 2014. Rapporté à l’homme ce chiffre passe à 93 jours.

Trois épisodes de surmortalité

La baisse de l’espérance de vie s’explique directement par la surmortalité liée aux épisodes sanitaires de 2015, les trois épisodes de surmortalité identifiés sont les suivants : le long épisode d’épidémie de grippe lors des trois premiers mois de l’année, la période de canicule en juillet et la vague de froid précoce du mois d’octobre.

On constate qu’il s’agit de raisons parfaitement exceptionnelles. D’autant plus qu’il n’y a pas de quoi de s’alarmer dans la mesure où ces évolutions ont un sens uniquement sur le long terme, et non pas en isolant une année comme c’est le cas ici avec 2015. Il serait donc faux d’affirmer que cette baisse marque un coup d’arrêt dans la tendance à la hausse de l’espérance de vie ou qu’il n’y aurait aucun doute pour que celle-ci reparte à la hausse cette année.

Il ne reste alors plus qu’à espérer que les statistiques de 2016 soient plus clémentes, ce qui est pourtant déjà bien mal engagé au regard de l’hécatombe dans monde de la culture, qui n’a cessé d’être endeuillé en ce début d’année 2016.