Véritable ode aux skateuses, le film Skate Kitchen débarque en France

Véritable ode aux skateuses, le film Skate Kitchen débarque en France

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© Makadam Distribution

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Par Naomi Clément

Publié le

Capturant le quotidien du collectif new-yorkais The Skate Kitchen, le nouveau film de Crystal Moselle arrive ce 30 janvier dans nos salles obscures.

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Longtemps considéré comme exclusivement masculin, le monde du skate n’en finit plus de se féminiser. Preuve en est : autrefois exclues des compétitions officielles, les skateuses ont désormais le droit à leur propre section, à l’instar du Vans Girls Combi Pool, et s’affichent en couverture de magazines iconiques comme Transworld Skateboarding avec Lizzie Armanto en 2016.

De nouveaux collectifs de skateuses émergent de plus en plus fréquemment des entrailles d’Instagram, cumulant parfois des dizaines de milliers de followers. Parmi eux, le crew des Brujas, ou encore celui de The Skate Kitchen, fondé par Rachelle Vinberg, Dede Lovelace, Nina Moran, Ajani Russell et Kabrina Adams.

C’est à ces dernières que Crystal Moselle dédie aujourd’hui son nouveau film : Skate Kitchen. La réalisatrice américaine, révélée en 2015 pour son documentaire The Wolfpack, les avait déjà filmées dans That One Day (2016), un court-métrage concocté dans le cadre du programme “Women’s Tales” de la marque Miu Miu.

Avec ce nouveau long-métrage lumineux, la réalisatrice américaine nous immerge beaucoup plus intimement et profondément au cœur des relations unissant ce groupe de jeunes femmes inspirantes, dépeignant au passage un tableau aussi beau que touchant de la jeunesse new-yorkaise.

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Sorti ce 30 janvier en France, Skate Kitchen nous entraîne dans le quotidien de Camille (Rachelle Vinberg), une adolescente solitaire du New Jersey, dont la vie change du tout au tout le jour de sa rencontre avec Janay (Dede Lovelace), Kurt (Nina Moran), Indigo (Ajani Russell) et Ruby (Kabrina Adams), quatre New-Yorkaises qui ensemble forment la bande du Skate Kitchen.

Les filles, qui ne sont pas actrices professionnelles, y incarnent leur propre rôle, rappelant quelque part le procédé de Kids, pour lequel Larry Clark s’était mis en quête d’authentiques skateurs dans les rues de New York. Interrogée par CR Fashion Book, Crystal Moselle explique :

“Le procédé a été très naturel. On se connaissait déjà tellement bien les unes les autres ! Je crois malgré tout qu’il y avait un certain défi, dans la mesure où elles n’avaient jamais joué devant une caméra avant cela. Cependant, elles ont été super ouvertes tout au long du tournage, et le fait d’avoir des actrices non professionnelles à ce point ouvertes, à ce point prêtes à repousser leurs propres limites et à se rendre à ce point vulnérables m’a offert une matière incroyable pour travailler.”

Une célébration du girl power

Mettant en scène un groupe de filles qui évolue au sein d’un territoire typiquement masculin, le but de Skate Kitchen est on ne peut plus clair : mettre en lumière et célébrer la scène skate féminine, tout en dénonçant le sexisme qui y règne.

Un message clair dès les premières minutes, l’on découvre Camille s’essayer à un trick dans un skatepark, chuter dangereusement et s’ouvrir l’entrejambe avec sa planche (le fameux coup de la “carte de crédit”, comme on l’apprendra plus tard dans le film). Son pantalon est immaculé de sang, mais les autres membres du skatepark (qui sont exclusivement des garçons) y voient là une simple conséquence de son utérus : “C’est une meuf… Elle doit avoir ses règles.”

“J’avais juste envie de montrer, sans essayer de dramatiser les choses, la façon dont elles vivent leur quotidien de skateuses, précisément avec ce genre de moments vécus”, décryptait Crystal Moselle dans les colonnes d’Highsnobiety.

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Non sans rappeler Gus Van Sant dans Elephant, Crystal Moselle dépeint ici avec sa caméra une réalité aussi belle que complexe, qui expose deux des plus grands challenges de la vie d’une femme au XXIe siècle : le passage à l’âge adulte et son désir d’avancer dans un milieu contrôlé par les hommes. Une histoire à double lecture, pour laquelle la réalisatrice semble avoir puisé dans son passé de documentariste pour délivrer son récit à travers sa vision empirique.

“Le film a de toute façon été nourri par des moments réels qu’elles avaient déjà vécus entre elles par le passé, moments que nous avons ensuite amplifiés ensemble pour faire naître des scènes plus importantes”, poursuivait Crystal Moselle. “Je les ai autorisées à me poser toutes les questions qu’elles voulaient, et à me challenger dans le script. Je voulais que le film soit le plus réel possible.”

Et le pari est relevé : Skate Kitchen est un film authentique, bourré de sincérité, qui célèbre avec poésie et bienveillance la solidarité et la persévérance féminines. C’est aussi peut-être, en filigrane, l’histoire de Crystal Moselle elle-même, celle d’une femme passionnée, qui est parvenue à s’imposer dans le milieu encore bien trop masculin du septième art. Plus qu’une ode aux skateuses, finalement, Skate Kitchen est une véritable ode aux femmes – celles qui se cherchent, se trouvent, et finissent par briller.

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