Esclavage en Libye : le Rwanda propose d’accueillir 30 000 migrants

Esclavage en Libye : le Rwanda propose d’accueillir 30 000 migrants

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Par Olanrewaju Eweniyi

Publié le

Le gouvernement rwandais est prêt à ouvrir les portes du pays à 30 000 migrants.

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Le 14 novembre, la chaîne américaine CNN diffusait un reportage exclusif sur la vente d’esclaves à Tripoli, en Libye. Capturées en caméra cachée, ses images montraient des migrants africains vendus à des fermiers, certains pour l’équivalent de 400 dollars, soit 336 euros.

La Libye est la dernière escale en Afrique sur la route des migrants qui tentent de rallier l’Europe, avant la très dangereuse traversée de la Méditerranée. Ces dernières années, des centaines de milliers de personnes ont entrepris ce voyage, malgré le danger. Malheureusement, pour beaucoup d’entre eux, le voyage se termine par un naufrage, ou par leur mise en vente comme esclaves. L’Organisation internationale pour les migrations estime qu’entre 700 000 et un million de migrants sont actuellement retenus en Libye.

“Nous ne pouvons rester silencieux quand des êtres humains sont mis en vente comme du bétail”

À la suite des révélations de CNN, le Rwanda a annoncé mercredi 22 novembre qu’il proposait d’accueillir 30 000 migrants pour venir en aide aux victimes de l’esclavage. Dans un communiqué publié la semaine dernière, Louise Mushikiwabola, la ministre des Affaires étrangères rwandaise a déclaré :

“Le Rwanda, comme le reste du monde, a été horrifié de découvrir les images de la tragédie qui se déroule actuellement en Libye, où des hommes, des femmes et des enfants africains en route pour l’exil sont retenus et réduits à l’esclavage. Du fait de la philosophie politique du Rwanda et de notre passé, nous ne pouvons rester silencieux quand des êtres humains sont maltraités et mis en vente comme du bétail.

Le gouvernement et le peuple du Rwanda se montrent solidaires avec leurs frères et sœurs africains retenus en captivité. Le Rwanda n’a peut-être pas la capacité d’accueillir tout le monde, mais notre porte est ouverte. Nous sommes prêts à travailler en étroite collaboration avec l’Union africaine, le secteur privé, et nos autres amis et partenaires, afin de nous assurer que nous pouvons fournir un minimum de confort à ceux qui sont dans le besoin.”

En 1994, la guerre civile qui a déchiré le Rwanda a fait 800 000 morts et plus encore de mutilés. On estime à deux millions le nombre de Rwandais à avoir fui leur pays. Aujourd’hui stabilisé, le pays offre son aide aux migrants.

Le gouvernement libyen a condamné l’esclavage qui se déroule sur son territoire tout en demandant l’aide de la communauté internationale. Une enquête nationale a été ouverte sur la traite des esclaves, sous la supervision de l’Agence nationale contre l’immigration illégale.

En France, des centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade libyenne le samedi 18 novembre à Paris. Dans la foulée, Pascal Brice, le directeur général de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), a annoncé que la France accueillerait prochainement un premier groupe de 25 réfugiés évacués de Libye par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

Le conseil de sécurité des Nations unies se réunit ce 28 novembre pour statuer sur les sanctions possibles à appliquer aux responsables de cette traite humaine.

Traduit de l’anglais par Sophie Janinet