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En images : les intimités amoureuses de Maud Chalard

En images : les intimités amoureuses de Maud Chalard

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Par Constance Bloch

Publié le

Dans ses clichés, la photographe Maud Chalard capture l’intensité et la poésie qui émanent des couples amoureux. Nous l’avions rencontrée au lendemain des attaques de Charlie Hebdo. Son travail apparaît comme étant encore plus pertinent, touchant et important. 

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Lorsque l’on observe ces photographies, on ne peut s’empêcher d’esquisser un large sourire. Tout à coup, toute once de tristesse ou de colère s’efface pour faire place à une infinie tendresse. On y voit des couples enlacés, les regards empreints d’une intense émotion, ou simplement paisibles. On ressent les heures passées à se perdre dans les bras de l’autre, les baisers, le plaisir, et la douceur.

Ces clichés sont l’oeuvre de la photographe française Maud Chalard. Âgée de 24 ans, la jeune femme braque son objectif sur l’intimité d’amants avec pudeur et une grande sensibilité depuis deux ans. Si elle a toujours été attirée par l’image la révélation s’est faite lorsqu’elle a eu son premier argentique.

Contactée par Konbini UK, elle explique :

J’ai toujours eu des appareils numériques car j’ai toujours eu envie de faire ça [de la photographie, ndlr] mais je peux pas dire que j’ai toujours pris des photos. J’ai commencé petit à petit, j’ai regardé des films qui m’ont inspirée, notamment ceux de Terrence Malick, car dans les photos ce qui compte le plus c’est notamment la lumière… Quand j’ai découvert l’argentique c’est là que tout a commencé.

Ce tout premier argentique, c’est son partenaire de vie et de travail qui le lui a offert. En effet, la rencontre avec le photographe Théo Gosselin s’est révélée décisive. Quand Maud Chalard a découvert sur Internet le travail de celui qui deviendra sa moitié, la jeune femme s’est dit “ce mec là il a tout compris, c’est moi mais en homme“.

C’est ainsi que naturellement, elle a voulu dévoiler en images leur amour. Elle raconte :

On s’expose pas mal c’est vrai (rires), mais on aime ce qu’on fait, on a vraiment envie d’aller loin et de faire partager aux gens ce qu’on est en train de vivre. On a tellement de retours de gens qui nous écrivent pour nous remercier, alors qu’on n’a rien fait… mais ils nous disent “merci de nous faire rêver de nous donner de l’espoir”.

Capturer l’amour

Car ce qui transpire des clichés de Maud Chalard, c’est l’amour. Un amour complice et tendre qui ferait même rêver les coeurs les plus endurcis, mis en scène dans ce qu’il a de plus simple et beau. Et outre son amant, la jeune femme capture également les romances et passions de couples dont les corps, souvent nus, se prêtent au jeu de son objectif.

La moitié de mes modèles je les connais, c’est plus facile et du coup je suis sûre que ce sont des gens qui sont amoureux. Après, j’ai commencé à faire un appel plus général aux couples qui souhaitaient être pris en photo et j’ai eu un retour de mails énorme.

J’ai alors regardé un peu les gens, ce qu’ils me disaient, pourquoi ils voulaient être pris en photo, s’ils correspondaient à mon univers et par la suite je suis allé à leur rencontre.

Mais braquer son appareil photo sur des couples d’inconnus dénudés n’est pas toujours chose aisée. Il faut les apprivoiser, créer un climat de confiance qui permette de capturer l’essence de l’amour qui règne entre deux personnes. “Au début j’étais hyper stressée, j’essayais de ne pas le montrer“, confie Maud.

En général ce sont des gens qui connaissent mes photos et mon univers, donc au final je me rends compte que la plupart du temps on a des choses en commun et on se comprend assez bien et vite. Quand j’arrive, je ne commence pas à faire les photos directement. Je me pose avec eux et je leur demande de me raconter leur histoire…

Outre les émotions qui se dégagent des clichés de l’artiste, on retrouve également dans la teinte, la lumière et les décors une esthétique et une douceur un peu “hippie”. Comme la nostalgie d’une France qui n’existe plus vraiment. Elle confirme :

Ce n’est pas de la nostalgie car je ne l’ai pas connu mais c’est vrai que c’est tout ce à quoi j’aspire et malheureusement on n’a pas les conditions pour la vivre non plus. Je travaille dans la pub donc ça n’a rien à voir.

Et finalement j’ai vécu avec des gens dans cet esprit et j’essaie maintenant de m’en rapprocher… Là, par exemple, je vais partir sur les routes des États-Unis justement avec Théo pendant quatre mois. On va vraiment faire une coupure, partir à la rencontre de tous ces gens sur la route.

Génération Internet

Les influences de la jeune femme, qui confie écouter de “la folk, de la country, mais aussi du rock et des choses un peu plus garage“, sont multiples. Outre le cinéma très léché de Terrence Malick, elle s’est énormément nourrie d’Internet. Ca lui a également permis de rencontrer l’amour :

Dans mon adolescence, c’était l’émergence des plateformes comme Tumblr, Pinterest etc. Et je trouve que c’est là où on peut découvrir tout l’univers qu’on aime en quelques mots. J’ai passé des heures et des heures sur ces sites à enregistrer toutes les images que j’aimais, déjà à l’époque je les envoyais à Théo alors qu’on ne se connaissait même pas…parce qu’on s’est rencontré via Internet.

Riche de toute cette banque d’images et de ces milliers d’inspirations, la jeune femme se dit alors qu’elle aimerait pouvoir également exprimer son univers, sans savoir à l’époque comment s’y prendre :

J’avais mon appareil numérique et je n’y arrivais pas parce que ça ne correspondait pas. Toutes les photos que j’aime ce sont des photos prises en argentique avec ce grain particulier. Je faisais des photos en numérique puis je passais des heures à les retoucher pour qu’elles aient l’air d’avoir été prises en argentique.

La rencontre d’un amour et la découverte d’un outil auront donc permis à cette jeune artiste d’éclore. La force du travail de Maud Chalard, c’est d’arriver à saisir des moments de vie avec une sincérité et une candeur qui écartent un quelconque voyeurisme. Au contraire, l’intimité de ces couples est retranscrite avec une grande justesse.

Propos recueillis par Jordan Gold et Thomas Andrei pour Konbini UK

Article mis à jour le 17 novembre 2015