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Des profs américains s’élèvent contre le règlement qui discrimine les élèves aux cheveux crépus

Des profs américains s’élèvent contre le règlement qui discrimine les élèves aux cheveux crépus

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Par Alexandra Phanor-Faury

Publié le

Les cheveux noirs au naturel sont toujours un sujet polémique chez l’Oncle Sam.

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Aux États-Unis, le mouvement pour les cheveux au naturel continue à prendre de l’ampleur. Mais si les filles et les femmes noires assument de plus en plus leurs frisottis, elles doivent faire face à de nombreuses restrictions. Les coupes afros et autres tresses continuent à être bannies des écoles et des lieux de travail. Plusieurs exemples ont été révélés ces dernières années dans le système scolaire, où des élèves ont été suspendues et punies pour avoir porté des tresses ou une coupe afro, tandis que les femmes sont renvoyées et scrutées quand elles ne maîtrisent pas leur chevelure.

Une étude menée en février par le Perception Institute en partenariat avec la marque Shea Moisture (qui vend des produits pour les peaux et les cheveux noirs) confirme que les Noirs comme les Blancs ont des préjugés contre les femmes noires qui portent leurs cheveux au naturel. Angela Onwuachi-Willig, professeure de droit à l’université de Berkeley, a passé plus d’une décennie à étudier les codes de coiffures. Elle affirme que ces règles capillaires sont discriminatoires envers les femmes et les filles noires.

Une coiffure jugée “pas professionnelle”

Elle affirme également que l’excuse donnée par le site de Berkeley pour justifier ces règles contraignantes repose sur le fait que ce style capillaire, généralement porté par les femmes et les filles noires, est qu’il “ne fait pas professionnel”.

“Ce qui est troublant, c’est le fait qu’interdire ces coupes envoie le message aux filles et femmes noires (qui ont presque toutes des cheveux crépus ou frisés qui poussent en afro) selon lequel les cheveux avec lesquels elles sont nées sont capricieux, extrêmes, distrayants et pas professionnels. Cela met en place un standard qui apparaît neutre dans son langage mais qui est en fait discriminatoire.”

Angela Onwuachi-Willig, qui porte ses cheveux en tresses, s’est associée à Trina Jones (de l’université de Duke), Kimberly Norwood (de l’université de Washington), et Wendy Greene (de l’université de Cumberland), toutes professeures de droits, pour rédiger des lettres appelant au retrait de ces règles de style qui empêchent les filles noires de porter leurs cheveux au naturel dans les classes du pays. Les cheveux noirs, particulièrement ceux des femmes, ont toujours été un point de débat pour les politiques raciales en Amérique, ce qui n’est pas sans conséquence.

Une diversité à prendre en compte

L’étude mentionnée plus haut affirme également que les femmes noires sont plus sujettes à l’anxiété quand il est question de leurs cheveux, et ont deux fois plus de chance de subir des pressions sociales au travail pour lisser leur chevelure afin de se plier aux standards caucasiens. Sans surprise, les femmes noires passent donc beaucoup plus de temps à s’occuper de leurs cheveux que les femmes blanches.

Il est primordial que les administrations scolaires américaines prennent enfin en compte la diversité capillaire lorsqu’elles érigent leurs règles relatives à la tenue dans leur règlement intérieur. Il est temps que les standards des cheveux des Blancs ne soient plus le baromètre officiel de ce qui est acceptable. La plupart des cheveux des Noirs poussent naturellement vers le haut, quand ceux des Blancs poussent vers le bas.

La bataille pour mettre fin à ces discriminations a connu un coup de projecteur en 2016 quand une cour d’appel a décidé que les employeurs avaient le droit de renvoyer leurs employés qui portent des tresses africaines. Ce jugement a renforcé la motivation d’Angela Onwuachi-Willig de mettre fin à ce type de politique. À ce jour, plus de 120 professeurs ont signé son texte et ont envoyé des courriers à tous les établissements scolaires et départements d’État du pays, comme le relève entre autres le site de l’université de Berkeley.

Traduit de l’anglais par Sophie Janinet