Cat Person est une nouvelle de Kristen Roupenian, qui traite de la notion du consentement à travers l’histoire d’un rencard raté. Ce texte du New Yorker est à lire absolument.
À voir aussi sur Konbini
Si vous ne comprenez pas bien l’anglais, c’est l’occasion de sortir votre dictionnaire, car Cat Person – une nouvelle publiée par le New Yorker qui fait actuellement le tour de la Toile anglophone –, mérite grandement d’être lue ou écoutée (le magazine propose les deux possibilités).
Non, le texte ne parle pas d’une vieille célibataire qui ne vivrait qu’avec ses chats, mais d’une relation entre Margot (une jeune étudiante de 20 ans) et Robert (un homme de 34 ans), qui décident de se revoir après s’être dragués au cinéma. Alors comme ça, vous vous dites “Bof, je m’en tape, c’est banal” – mais justement, c’est là que ça devient intéressant !
“Cat Person,” a short story by Kristen Roupenian: “By her third beer, she was thinking about what it would be like to have sex with Robert.” https://t.co/Xmt3nPSgkj pic.twitter.com/5yjmIeyOLP
— The New Yorker (@NewYorker) 9 décembre 2017
Bad date et malaise grandissant…
En effet, la nouvelle parle tout simplement d’un “bad date”. Sauf que la situation de malaise y est tellement bien décrite, les mots sont tellement justes et l’intrigue est tellement bien menée, que cette rencontre, pourtant si banale, devient passionnante.
L’autrice, Kristen Roupenian, épingle une situation qu’un grand nombre de femmes connaissent. Après la lecture de ce texte, vous serez plus d’une à avoir envie de dire “me too”, car l’autrice réussit à décrire des émotions qui semblent être partagées de façon assez universelle par bon nombre de femmes lorsqu’un date tourne mal. Il suffit de taper le hashtag “#catperson” sur Twitter pour se rendre compte du débat qu’a provoqué ce récit, et du nombre de femmes qui s’y reconnaissent.
I had no idea how universal this series of emotions is for women. I didn't think other women had had an experience like this, and it makes me sad for all of us.
— Jenny Talia (@jenny_tulls) 10 décembre 2017
Traduction : “Je ne me doutais pas que toutes ces émotions étaient aussi universelles pour les femmes. Je ne pensais pas que d’autres femmes ont pu avoir une expérience comme celle-ci, et ça me rend triste pour nous toutes.”
This story is so awkwardly real. Both from a mans and a womans point of view. Maybe we’ve all been on both sides at one time or another. It captured that sick feeling when you realize you made a mistake and on the other side someone realizing they’re being rejected.
— elizabeth randall (@erandall2839) 11 décembre 2017
Traduction : “Cette histoire est dérangeante de vérité. Tant du point de vue des hommes que des femmes. Nous avons tous été probablement des deux côtés, à un moment ou un autre. Cette nouvelle saisit ce malaise que vous ressentez lorsque vous vous rendez compte que vous avez commis une erreur, et que la personne en face réalise qu’elle est en train d’être rejetée.”
Le flou du consentement
L’histoire retranscrit le monologue intérieur de Margot, qui tout au long de son date change d’avis sur Robert. Le récit traite parfaitement du sujet du consentement, bien mieux que tout article journalistique, car ici on ne parle pas de lois ou de morale mais de ressenti. Il est difficile d’évaluer si le rapport sexuel entre Margot et Robert est véritablement consenti – et c’est là que ce texte est fort, subtil et aborde si bien ce sujet qui fait actuellement (et j’espère encore pour longtemps) beaucoup de bruit.
En effet, il semble facile d’expliquer et d’apprendre aux femmes à dire “non”, mais parfois changer d’avis est en réalité plus difficile que d’accepter de passer un moment désagréable – surtout quand on s’est mise toute seule dans cette situation et qu’on se sent donc redevable…
“Ce n’est pas qu’elle avait peur qu’il la force à faire quelque chose contre son gré, mais insister sur le fait d’arrêter maintenant, après tout ce qu’elle avait fait pour en arriver là, l’aurait fait passer pour une personne pourrie gâtée, capricieuse. Un peu comme si elle avait commandé quelque chose au restaurant et que quand la nourriture était arrivée, elle avait changé d’avis et l’avait renvoyée”, écrit Kristen Roupenian.
L’autrice raconte comment Margot devient alors une salope aux yeux de Robert, car dans son malaise elle refuse de le revoir, et comment Robert devient un monstre aux yeux de Margot, alors qu’en dépit de sa maladresse il n’avait pas de mauvaises intentions.
À la suite du succès inattendu de cette nouvelle, le New Yorker a interviewé Kristen Roupenian. L’autrice en étant à sa première collaboration avec le magazine et n’ayant pas de livres à son actif, le public était curieux d’en savoir plus sur cette curieuse écrivaine.
Un nouveau talent est né et on a hâte de lire ses autres textes !
