Aux États-Unis, il faut bien choisir ses sneakers si on ne veut pas finir injustement en taule

Aux États-Unis, il faut bien choisir ses sneakers si on ne veut pas finir injustement en taule

Image :

The Wire – HBO

photo de profil

Par Violaine Schutz

Publié le

Et si vos sneakers vous emmenaient tout droit vers la case prison ? Aux États-Unis, comme le dévoile le magazine Quartz, il existe un lien étroit entre des marques de baskets et les soupçons d’appartenance à un gang. Ou quand le streetwear est victime de délit de faciès…

À voir aussi sur Konbini

Décidément, l’administration Trump n’en rate pas une. Lors de sa traque des membres du gang MS-13, de nombreuses arrestations ont eu lieu à Long Island (dans l’État de New York), dont certaines étaient clairement abusives. Le magazine Quartz raconte en effet que selon des avocats travaillant dans le secteur, des étudiants auraient été arrêtés et mis en détention pour cause d’affiliation au dangereux gang, quand bien même les charges à leur égard étaient insuffisantes. La station de radio locale WNYC signale que la raison pour laquelle ces adolescents ont été conduits par erreur derrière les barreaux n’est autre que… le port de Nike Cortez. Un choix de mode qui peut même s’avérer extrêmement dangereux : en juin dernier, dans le Maryland, des membres d’un gang ont tabassé deux hommes parce qu’ils croyaient qu’ils faisaient partie d’une bande rivale, à cause de leurs Cortez. En juillet, un homme a été tué pour la même raison, dans le même État.

La basket – récemment rééditée en plusieurs coloris, avec Bella Hadid en égérie – est non seulement la préférée du gang MS-13, mais également celle de la mafia mexicaine de Los Angeles dans les années 1980, comme le rappelle Quartz. L’une des explications de ce choix stylistique tient dans le nom même de la chaussure, “Cortez” faisant référence au conquistador espagnol Hernán Cortés, celui qui renversa l’empire aztèque.

Certaines marques de streetwear sont particulièrement prisées par les gangs depuis les années 1990, ce qui a conduit la police à scruter les looks de rue. Les marques de baskets les plus adulées du moment ? Nike, Adidas et Puma – portées avec des bandanas, des joggings ou des pantalons kaki. En 2015 déjà, le magazine Complex rapportait un article de l’AFP sur les préférences stylistiques des gangs violents au Guatemala, au Salvador et en Honduras, qui peuvent conduire à des confusions fatales. Un jeune homme raconte qu’en Amérique centrale, on peut vraiment se faire attaquer par un gang, selon la taille de son T-shirt ou la façon de porter sa casquette.

Prison break(down)

En prison, le choix de ses sneakers peut s’avérer tout aussi meurtrier. En 2008, l’administration pénitentiaire de la ville de New York a interdit les chaussures personnelles, afin de réduire les bagarres. À quelques exceptions près : l’établissement de Rikers Island autorise certains modèles pour les permissions familiales et les procès. Cependant, certains prisonniers, mécontents des modèles de base distribués, dessinent des logos de marques sur leurs godasses de prison.

Heureusement, il y a deux ans, Kendrick Lamar a œuvré pour la paix entre les gangs, en designant une paire de Reebok “neutre”, qui arbore les couleurs de deux gangs différents. On y trouve du rouge et du bleu, des teintes qui évoquent les deux gangs les plus connus des États-Unis : les Bloods et les Crips. Il ne vous reste qu’à les traquer sur eBay, et ensuite les porter comme un étendard contre le crime.