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7 questions qu’on s’est posées après avoir lu Harry Potter et l’Enfant Maudit

7 questions qu’on s’est posées après avoir lu Harry Potter et l’Enfant Maudit

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Par Paloma Clement Picos

Publié le

Fin juillet, les geeks de la planète entière se sont massés devant les librairies pour la sortie du huitième tome de la saga Harry Potter. Un évènement de la plus haute importance pour 450 millions de lecteurs alors que le contenu du livre est resté secret. Et après lecture de l’œuvre, on s’est posé plusieurs questions.

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En juin 2015, il y a d’abord eu la rumeur que l’écriture d’une pièce de théâtre autour de l’univers d’Harry Potter était en cours. Une lueur jaillit de nulle part pour des millions de fans. Puis la confirmation officielle sur Pottermore.com par J.K. Rowling elle-même, d’une pièce se tenant bel et bien dans le monde magique du plus célèbre des sorciers, mais focalisée sur le plus jeune fils d’Harry. L’excitation est montée d’un cran. Enfin, en février 2016, la grande nouvelle : le script qui sera joué sur scène, autrement dit le tant attendu huitième tome, sera disponible au grand public. Neuf ans que l’on attendait ça. L’euphorie est totale.

Et c’est le 31 juillet dernier, date de son anniversaire et de celui de son personnage, que J.K. Rowling a offert le plus beau des cadeaux aux Potterheads, la sortie d’Harry Potter et l’Enfant Maudit. Publié à 00:01 dimanche dernier, uniquement en anglais, le livre s’est déjà vendu à plus de deux millions d’exemplaires. Mais qu’est-ce que ça vaut ? Réponse de la part de quelqu’un qui lit Harry Potter depuis 1999.

Où on en était déjà ?

Dans le dernier tome, Harry, Ron et Hermione ont quitté Poudlard pour tenter de tuer Voldemort une bonne fois pour toute. Après avoir détruit chacun des sept Horcruxes (objet dans lesquels Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom a dissimulé des parts de lui-même afin d’être immortel), les Mangemorts et L’Armée de Dumbledore s’affrontent au sein même de l’école de sorcellerie. Dans un final épique, le seigneur des Ténèbres est enfin vaincu par la main d’Harry et son armée est anéantie.

Le livre se termine sur un épilogue se passant dix-neuf ans plus tard. Harry et Ginny sont mariés et ont trois enfants, James, Albus et Lily. Ron et Hermione sont aussi les heureux parents de Rose et Hugo. Même Drago Malefoy est là. Tous disent au revoir à leurs enfants en partance pour Poudlard, depuis la légendaire voie 9 ¾. Albus, alors prêt à entrer en première année et épouvanté à l’idée d’être envoyé à Serpentard lors de la répartition, est rassuré par son père. Tout le monde semble heureux et les derniers mots de Rowling sont “Tout était bien”.

Harry Potter et l’Enfant Maudit commence exactement là où Les Reliques de La Mort nous a laissés, sur le quai de la gare. Sauf que tout ne va pas si bien. Le plus jeune fils d’Harry et Ginny, Albus, ne vit pas au mieux la célébrité de son père, qu’il porte comme une malédiction.

Comment relancer une histoire qui semble finie ?

[SPOILER]

Harry Potter a fait son temps, son histoire est derrière lui. Mais son fils s’apprête à en écrire une autre, à tel point qu’il pourrait aussi réécrire celle de son père, voire carrément toute l’histoire d’Harry Potter telle qu’on la connait. Oui, accrochez-vous, l’histoire est complexe.

À peine arrivé à Poudlard, Albus Potter est envoyé à Serpentard par le Choixpeau Magique et choisit le fils de Drago Malefoy, Scorpius, comme meilleur ami. Nuls en Quiddich et vraiment pas populaire, lui et son acolyte sont, à vrai dire, une belle équipe de losers à l’école. Et on ne peut pas dire que Scorpius arrange les choses. La rumeur court qu’il serait le fils de Voldemort.

Rapidement, trois ans passent et à 14 ans, Albus entretient des relations de plus en plus compliquées avec son célèbre père. Fatigué par sa fonction de chef du Bureau des Aurors (les mages qui luttent contre les usages les plus obscurs de la magie), Harry n’arrive pas à être proche de son fils aux goûts différents des siens et de ses autres enfants. Au ministère, il doit en plus faire face à la réapparition d’un retourneur de temps – rappelez-vous, le petit sablier qu’Hermione utilise dans le troisième tome pour assister à plusieurs cours à la fois.

Cette nouvelle arrive aux oreilles d’Amos Diggory, le père de Cédric (joué par Robert Pattinson, ça aide tout de suite à situer). Amos harcèle Harry pour qu’il retourne dans le temps et sauve son fils, ce qu’il refuse. Albus, aidé de Scorpius et de l’énigmatique cousine de Cédric, décide de s’échapper de Pourdlard, de voler le retourneur de temps et d’aller lui-même sauver Cédric.

En plus d’avoir à gérer son fils en fuite, Harry recommence à avoir des cauchemars et surtout, sa cicatrice, indolore depuis la mort de Voldemort, recommence à lui faire mal. Voilà assez pour vous donner l’ambiance de la pièce. Ah et quand même, détail vraiment cool : Hermione est Ministre de la Magie.

Pourquoi c’est un cadeau pour les vrais adeptes ?

Comme vous avez pu comprendre plus haut, l’histoire est complexe et fait appel aux souvenirs parfois lointain des Potterheads. Il faut être de ceux qui ont lu plusieurs fois les livres pour tout saisir au mieux l’intrigue. Le format, une pièce de théâtre, nécessite des connaissances acquises au cours des 7 tomes et des descriptions de Rowling des lieux et de l’univers magique.

Car là, il n’y a plus que les didascalies pour situer l’action. Seuls les “vrais” pourront clairement situer de telles scènes, et imaginer les lieux où se déroule l’action. Est-ce nécessaire ? Non, mais c’est un luxe supplémentaire, un clin d’œil qui fait plaisir.

Par ailleurs, il ne s’agit pas de connaître les personnages principaux, ni même secondaires comme Amos Diggory. Dans l’Enfant Maudit, JKR met sur le devant de la scène des personnages tertiaires comme Ludo Verpeil (si vous n’avez vu que les films, ne cherchez pas — il n’apparaît que dans le 4ème et 5ème tome), voir même des individus à peine mentionnés. Théodore Nott par exemple, ça vous dit quelque chose ? J’avoue avoir dû sérieusement me creuser les méninges pour me rappeler. Pourtant, connaître son passé à son importance dans cette nouvelle histoire.

Enfin, Albus et Scorpius remontent le temps à des moments précis de l’histoire d’Harry Potter. Voulant sauver Cédric Diggory, cela requiert forcément de bien connaître le 4ème tome, Harry Potter et la Coupe de Feu, et le Tournois des Trois Sorciers, qui est une des histoires les plus denses. En gros, si vous n’avez vu que les films, vu leur fidélité douteuse aux livres, il sera peut-être plus compliqué d’être complètement conquis par cette nouvelle aventure magique.

Pourquoi certains (dont moi) pourraient être frustrés ?

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Alors oui je me plains alors que j’ai eu mon huitième tome. Mais ce n’est pas vraiment un huitième tome comme l’a rabâché la campagne marketing. C’est une pièce de théâtre, et là est toute la différence. Rowling nous a habitués à des descriptions poussées des lieux, de l’architecture, du physique de ses personnages, de leurs attitudes.

Mais surtout elle nous fournissait une masse de détails pour que l’on s’approprie ce monde magique, pour qu’on le comprenne et surtout pour que l’on sente qu’on en faisait partie. On sent qu’elle-même est frustrée : les didascalies en disent plus qu’elles ne devraient et s’adressent clairement à un lecteur, pas aux acteurs ou au metteur en scène.

Aussi, l’intrigue se déroule très vite. Pour une fois, JKR n’a pas attendu la fin de l’année scolaire pour que les personnages passent à l’action. Albus et Scorpius partent à l’aventure dès le Poudlard Express, cassant immédiatement l’habituelle trame des autres tomes où les batailles avaient toujours lieu à la fin de l’année scolaire. Forcément, on est désorienté.

Et puis après tout c’est une pièce de théâtre, se contenter juste de la lecture du livre est forcément frustrant.

Du coup, il est bien ou pas ?

Évidemment. C’était littéralement un des plus beaux jours de ma vie. Personne ne savait à quoi s’attendre, et le résultat est captivant. L’histoire du retourneur de temps est totalement inattendue. Dans une interview précédant l’écriture de la pièce, Rowling avait avoué regretter d’avoir imaginé un tel objet pour Hermione, à cause de toutes les questions profondes que soulève le pouvoir de voyager dans le temps. C’est pour cette raison que dans le cinquième tome, le stock de retourneurs est entièrement détruit lors de la bataille au Ministère de La Magie, histoire de se débarrasser du problème.

Dans L’Enfant Maudit, elle s’est ainsi elle-même lancé un défi en faisant du bibelot la clé de voûte de l’intrigue et le pari est réussi. Les relations sont très bien construites entre les personnages. On peut regretter la rapidité à laquelle tout s’enchaine. L’action était d’habitude entrecoupée par des scènes de vie banales en salle de classe, dans les dortoirs, à Poudlard en général, ce qui nous permettait de nous rapprocher du quotidien des personnages. Là, le rythme est peut-être trop rapide. Ce qui est paradoxal pour une pièce en deux parties, quatre actes et qui dure cinq heures.

C’est du beau et grand Harry Potter. Mais dans l’histoire, pas dans l’écriture.

Pourquoi ce livre est si important ?

Parce que c’est Harry Potter. On a cru que ce livre ne viendrait jamais et il est là. On replonge dans un monde qui, pour beaucoup de fans, a été une échappatoire à l’adolescence et une ressource une fois adulte. On a grandi avec Harry, on a été éduqués par la plume de l’auteur, notamment via les citations pleines de profondeur et de philosophie de Dumbledore. Rowling a fait passer des valeurs profondes à travers ses livres et a motivé toute une génération à être tolérante et à croire en ses rêves.

Alors certes, il y avait tous les écrits inédits que Rowling publiait sur son site Pottermore. Mais rien ne vaut une suite, une nouvelle histoire d’un monde dont on aimerait avoir des nouvelles. C’est la saga d’une génération. C’est surtout un incroyable cadeau de l’auteure qui avait juré qu’il n’y aurait pas de suite. Pour beaucoup de fans, ce livre est tout simplement une vraie bouffée d’air. Être Potterhead, ce n’est pas simplement avoir lu Harry Potter, c’est faire partie d’une communauté internationale. Une chance précieuse dans le monde actuel.

Est-ce vraiment la fin ?

La famille Potter n’aura pas le droit à davantage d’histoire. Cette fois, J.K. Rowling l’a bien confirmé. Mais le monde magique qu’elle a créé est assez vaste pour laisser place à une multitude de possibilités. Trois films écrits par J.K. sont à venir. Le premier, Les Animaux Fantastiques sortira en salles le 17 novembre 2016 et se situera environ cinquante ans avant les aventures d’Harry Potter. Enfin, la rumeur court que L’Enfant Maudit devrait être adapté au cinéma.

Aussi, depuis plusieurs années, Universal a misé sur la franchise Harry Potter pour ses parcs d’attractions, d’abord en Floride où les fans peuvent se balader, bièraubeurre à la main, au Pré-au-Lard ou dans la forêt interdite, avant d’atteindre Poudlard. Un deuxième a ouvert ses portes en 2014 au Japon et un troisième en avril dernier à Los Angeles (Californie). Sans parler des visites de studios en Angleterre.

Et puis il y aura toujours Pottermore, le site entièrement dédié à l’univers qu’elle a imaginé et dont beaucoup ignorent l’existence alors qu’une mine de textes inédits y est disponible. De quoi ne pas se sentir abandonné avant un long moment. Tout est bien.