20 000 lieux sur la Terre : sur les traces du Jurassique aux Coyote Buttes, en Arizona

20 000 lieux sur la Terre : sur les traces du Jurassique aux Coyote Buttes, en Arizona

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Par Julie Bluteau

Publié le

Notre chère planète regorge d’endroits extraordinaires et atypiques. Notre série 20 000 lieux sur la Terre vous propose d’en découvrir quelques-uns.
Vous pensez avoir atterri sur une planète inconnue ? Il n’en est rien. Vous voici au cœur des Coyote Buttes, dans l’Ouest des États-Unis.

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Une merveille de la nature

À la frontière entre l’Arizona et l’Utah se trouve Coyote Buttes North, un site fabuleux mais extrêmement fragile, au paysage surréaliste. Situé dans le Vermilion Cliffs National Monument, une zone déclarée monument national en 2000, cet endroit, dont l’origine remonte à l’ère Jurassique, regroupe plusieurs falaises aux couleurs rouge brique et ocre, qui ont la particularité d’avoir un aspect très étrange : elles semblent avoir été dessinées à la main.
Très photogéniques, ces crêtes et ces vaguelettes se sont formées grâce à l’érosion de falaises constituées de grès tendre (une roche extrêmement friable), d’argile et de roches calcaires. C’est le vent qui leur aurait conféré leur forme si particulière. Joseph P. Cook, géologue américain et membre de l’Arizona Geological Survey (AZGS), un centre de recherche consacré à cette région des États-Unis, nous explique :

“Leur apparence, sous forme de vagues, est le résultat de l’érosion et de l’exposition de larges stries dans le grès. Ces lits de sable se sont formés grâce au vent. Certaines zones du grès de Navajo sont très friables. Cela dépend de leur composition, de leur exposition, mais aussi du climat.”

The Wave : attention, fragile !

Au sein des Coyote Buttes, The Wave est certainement la formation rocheuse la plus intéressante.

Cette “vague”, véritable joyau de l’Ouest américain, a des airs de contrée extraterrestre. Mais cette merveille de la nature est bien réelle. Malheureusement, elle est très fragile, comme nous l’a confirmé l’expert Joseph P. Cook :

“Les gens qui se promènent sur The Wave pour prendre des photos dégradent probablement sa forme plus rapidement que ne le fait le processus naturel.”

Le site étant extrêmement délicat, des consignes très strictes ont été fixées pour limiter le nombre de visiteurs sur place.

Un précieux sésame

Ainsi, seules 20 personnes par jour peuvent arpenter les Coyote Buttes, à condition qu’elles aient, au préalable, tenté leur chance à la loterie ! En effet, un tirage au sort désigne les heureux élus qui pourront flâner à leur guise dans cet endroit magique. Stephanie, blogueuse et fondatrice du site Travel Break, a eu cette chance :

“Mon ami Kevin a postulé à la loterie en ligne tous les mois pendant un an. Quant à moi, je me suis rendue dans neuf villes différentes pour pouvoir avoir mon ticket d’entrée. J’ai réussi à l’avoir et je ne le regrette pas ! Il faut savoir que seulement 20 personnes peuvent entrer dans le parc chaque jour. Les touristes qui ne possèdent pas de droit de visite doivent payer une amende de 1 200 dollars !”

Sur les traces des dinosaures

Bien que The Wave soit la formation la plus connue et la plus visitée au sein des Coyote Buttes, d’autres zones méritent aussi le détour : comme Top Rock, situé au-dessus de la fameuse vague et qui surplombe tout le site, mais aussi Sand Cove et ses striations rouges et blanches, ou encore Brainrocks (des rochers ayant la forme de cerveaux).

Pour les plus chanceux, qui auront eu l’opportunité de fouler ce site exceptionnel – et qui auront tenu bon au cours de l’éreintante randonnée qui les mènera jusqu’à The Wave –, le jeu en vaut la chandelle : le chemin sur la roche rouge au nord-ouest serait même pavé… d’empreintes de dinosaures ! Le géologue Joseph P. Cook acquiesce :

“Pendant le Jurassique (environ 200 à 145 millions d’années avant notre ère), là où se trouve aujourd’hui le grès de Navajo, se trouvait une mer asséchée et des dunes de sables appelées ‘ergs’. Les dinosaures existaient à cette époque et quelques-unes de leurs empreintes attestent de leur passage. C’est assez chouette d’imaginer qu’ils se promenaient dans cette zone que l’on peut visiter aujourd’hui. En visitant un endroit comme celui-ci, on peut voir un gros morceau du temps géologique préservé dans les sédiments, mais cela ne représente qu’une infime partie de ce qu’il y avait à l’époque.”

Un site extraordinaire, où l’on a l’impression de remonter le temps. Finalement, de Jurassic Park à la réalité, il n’y a qu’un pas !