Stoker : un thriller dramatique très efficace

Stoker : un thriller dramatique très efficace

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Par Etienne Dang

Publié le

Après la mort de son père dans un étrange accident de voiture, India, une adolescente, voit un oncle dont elle ignorait l’existence venir s’installer avec elle et sa mère. Rapidement, la jeune fille se met à soupçonner l’homme d’avoir d’autres motivations que celle de les aider. La méfiance s’installe, mais l’attirance aussi.
Stoker Affiche 2
From The Acclaimed Director of Old Boy”. C’est peu dire : réalisateur de nationalité sud-coréenne, Park Chan-wook avait fait trembler la Croisette en présentant en 2004 son film Old Boy, qui a remporté le Grand Prix du Jury. Le réalisateur a ensuite réalisé Lady Vengeance, Je Suis Un Cyborg et Thirst, film de vampire revisité à la coréenne.
C’est avec un casting occidental que revient aujourd’hui le réalisateur coréen : Nicole Kidman, Mia Wasikowska (Alice au pays des merveilles, Restless, Jane Eyre, Des Hommes Sans Loi) et Matthew Goode (Watchmen, A Single Man). Au scénario, c’est un acteur de série télé qu’on retrouve : Wentworth Miller, l’acteur principal de la série Prison Break. Ridley et feu Tony Scott à la production, ainsi que Clint Mansell aidé par Philip Glass à la musique du film. Autant dire que le film n’a pas été mené par n’importe qui.

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Avez-vous vu L’Ombre d’Un Doute ? Si oui, vous relèverez forcément les références de Stoker à ce film d’Alfred Hitchcock, sorti en 1943. Pour son premier film américain, Park Chan-wook s’attaque au maître du suspens : à l’écrit, rien de plus semblable qu’un Hitchcock – le quotidien d’India, jeune fille sans problème, bouleversée par l’arrivée de son oncle Charlie (l’oncle a le même prénom dans L’Ombre d’un Doute). Mais à l’écran, c’est une toute autre histoire qui s’écrit.
Dès le générique, Park Chan-wook nous annonce que Stoker n’est pas un film hollywoodien classique : plans originaux, montage singulier et efficace, travail de post-prod  séduisant au niveau des titres. Il est d’ailleurs dommage que de nombreuses personnes n’aient pas remarqué que Stoker était signé Park Chan-wook. Le film s’ouvre sur l’enterrement du père d’India. Très vite, une ambiance oppressante se met en place, tant dans la relation India-Charlie qu’avec sa mère, ou encore avec la disparition de certains personnages.
On note un réel travail au niveau du son : tout comme les zooms à l’image, on a ici des zooms sonores (la coquille d’œuf qui craque, India qui boit son verre de vin, etc.). Tant au niveau de l’ambiance générale qu’aux détails sonores, tout est maitrisé. Et la musique, composée par Clint Mansell, (π, Requiem For A Dream, The Wrestler, Black Swan, etc.) est absolument fabuleuse. De plus, quelques pièces de piano ont été composées par Philip Glass (Koyaanisqatsi, The Hours).
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Mais Park Chan-wook, c’est avant tout un travail exceptionnel de mise en scène : les déplacements des personnages sont chorégraphiés, en osmose avec la caméra, ce qui donne des plans très fluides, très prenants. La virtuosité du réalisateur se fait ressentir dans la moindre scène, dans le moindre plan. Park Chan-wook, c’est le réalisateur qui peut rendre une scène de piano aussi érotique que magique et malsaine. Les décors et les costumes sont impeccables : la maison et les habits des personnages sont d’ailleurs tellement rétros qu’on se croirait dans une autre époque (encore un hommage à Hitchcock).
Concernant les acteurs, si la performance de Nicole Kidman rappelle son rôle dans Les Autres, celle de Mia Wasikowska est tout simplement un sans faute. Jeune fille réservée, bonne élève et extrêmement prude, India voit sa personnalité totalement évoluer au gré du film.
Changements dont l’oncle Charlie, cet homme mystérieux, en apparence presque trop parfait, qui débarque un jour dans la maison familiale sans prévenir personne, est à l’origine. Son arrivée va en effet chambouler la tranquillité des habitants du manoir, faisant ressurgir des évènements dont personne ne connaissait l’existence.
Stoker Piano
Montage parallèle, flash-backs : le film est truffé d’ingéniosité, tant du côté de la narration que de l’image ou du son, ce qui permet au spectateur de ne pas s’ennuyer. Si le scénario peut sembler convenu pour certains – il est certes assez classique (hitchcockien même, sauf certaines scènes qui n’auraient sûrement pas été présentes dans un film d’Hitchcock) – il est intelligent et très efficace. Le film a été mis dans la catégorie “épouvante horreur”:  il n’en est rien. Stoker est un thriller dramatique, follement efficace.
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