Le Voguing, les gays et Beyoncé !

Le Voguing, les gays et Beyoncé !

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Par Afifia B

Publié le

Coup de projecteur sur un phénomène né dans les sous-sols new-yorkais et qui devient de moins en moins underground : le VOGUING .

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Hip-Hop ? Musique. Danse ? Break. Mais encore ? Il y a le Graf, le Rap, le Beatmaking et les fous de beatbox. Et que reste t-il  des élans révolutionnaires du Bronx des années 70’s ? Le Hip-Hop est devenu un empire pour ceux qui passent sur MTV mais les vrais savent ! Ils exercent leur art dans les salles, les bars et les chambres calfeutrées. Moins motivés par la gloire que par le besoin tripal de créer. Ou de crier. Dans les Battles remis au goût du jour par les Rap Contenders ou les Battles de danse.

Autant de domaines issus des années 70’s qui ont vu émerger des courants persistants dont le Hip-Hop testostéroné. Mais en parallèle, dans les sous-sol New-Yorkais les gays ne se laissaient pas faire et redonnaient vie à un mouvement né dans les années 30 : LE VOGUING.

Les gays en Vogue

Pratiqué à l’époque par les gays souvent d’origine hispanique ou africaine, le Voguing évolue à contre-courant d’une ségrégation lourde et pesante et s’inspire du Vogue Magazine et l’attitude de ses mannequins qui posent en couverture. A coups de Battles et poses suggestives, les danseurs s’affrontent dans les “Ballroom” et initient les bases de la gestuelle ultra stylisée.

COURANT D’INSPIRATION

Madonna s’est d’ailleurs fortement “inspirée” de ce courant LGBT sur le titre Vogue.

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Chantal Regnault qui a photographié le Voguing pendant des années a un avis bien tranché sur ce qu’en a fait Madonna d’ailleurs. Dans une interview à Rue 89, elle explique la chose suivante:

“Madonna avait repéré que c’est beau, visuel, créatif. Elle a vu le potentiel. Mais c’est elle qui s’est fait tout le pognon bien sûr, et après l’intérêt s’étiole.”

Mais le Voguing persiste, évolue dans sa rage comme dans ses expressions. Prenant tour à tour plusieurs formes. Certains gays jouent les femmes. S’appliquent à se déhancher en talons et tenues ultra féminines. A coups de paillettes et tenues de scènes qui ont inspiré les stars d’aujourd’hui dont Lady Gaga entre autres.

Dancing like a star

Beaucoup moins masculin que la breakdance ou le krumping révélé dans Rize par David LaChapelle, le voguing reste en retrait de la culture Hip-Hop mais ses représentants demeurent des précurseurs. Dans les Ballroom où les soirées Voguing s’enchaînent, les “reines” sur-parées dansent pour défendre leur “Maison”, leur gang, leur crew sur scène. Le documentaire référence de ce phénomène c’est Paris is Burning. Culte !

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A l’époque les gays, drags et transsexuels se retrouvent dans ces “freaky party” où leurs différences ne subissent aucune pression sociétale, aucune ségrégation. L’expression comme seul condition. Un mix entre défilés de mode, concours de danse et d’élégance. Le Voguing est aussi starification de soi. Un genre artistique qui s’est immiscé dans les chorégraphies d’aujourd’hui. Une façon d’être et de se mouvoir. Une confiance en soi exacerbée !

Willi Ninja et Beyonce

Tout un art !  Parmi les Reines du Voguing on trouve notamment Kevin Aviance, Angie Xtravaganza. Mais aussi Willi Ninja, véritable icône décédée en 2006 mais qui a laissé derrière elle des sources intarissables d’inspiration. Beyonce pour ne citer qu’elle a puisé son personnage de Sasha Fierce dans les icônes de ce courant et semble s’inscrire dans la lignée du Voguing. Les clins d’oeil sont fréquents sur scène mais aussi dans ses clips.

Willi Ninja in Deep in Vogue

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Beyonce in Single Ladies

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Paris is Voguing

Depuis peu, le Voguing s’étend hors de ses terrains de naissance. Il y a un an, la photographe Chantal Regnault sortait son livre Voguing en hommage à ces Queens qu’elle a suivies et photographiées pendant des années. Son livre “Voguing and the House Ballroom Scene of New York City 1989-92”  a rendu un hommage historique et esthétique à ce mouvement jusque là injustement méconnu.

Une pratique qui en attire plus d’un. Des cours d’initiation sont même proposés. La danseuse et artiste Ylva Falk en a dispensé dans des Danceclass. Cette suédoise déjantée exerce cet art avec bagou.

Voguing in Paris

A Paris, le Voguing revient en force. Lasseindra Ninja – Xavier de son vrai prénom- a contribué également au développement du Voguing en France. Pour ceux qui en douteraient encore, c’est tout sauf un délire d’extravagants allumés mais un art à part entière. ON VOGUE COMME ON RESPIRE.

Willi Ninja photographié par © Chantal Regnault

Lorsque dans un entretien pour le livre Histoire du voguing de New York à Paris, on lui demande de définir ce courant, Lasseindra Ninja répond: