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Procès Voldemort : comment le Seigneur des Ténèbres a été acquitté

Procès Voldemort : comment le Seigneur des Ténèbres a été acquitté

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Par Konbini

Publié le

Le Seigneur des Ténèbres a été innocenté par un jury populaire, lundi 5 novembre. Il encourait la castration magique. Chronique.

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(Voldemort a été acquitté, lundi 5 novembre, au Grand Rex. © Le Grand Rex)

Le Tribunal des sorciers s’est réuni lundi 5 novembre, à 20 h 30 au Grand Rex (Paris 2e) pour examiner le cas de Lord Voldemort. L’occasion, pour la justice, de tester un dispositif inédit : le Retourneur de temps. Grâce à lui, survivants et défunts (accusé, victimes et témoins) sont réunis dans une même salle d’audience. Comme le prévoit le code de procédure pénale, les experts, témoins, jurés et parties civiles sont désignés par le Choixpeau magique de Poudlard.

Sur le banc des accusés, Tom Elvis Jedusor, alias Lord Voldemort ou celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, écoute le parquet égrainer les chefs d’accusation. Usage de sortilèges impardonnables tels que le sortilège de la mort Avada Kedavra, détournement de biens pour en faire des Horcruxes (objets permettant à un sorcier de séparer son âme en deux ou en plusieurs morceaux), abus de biens de Moldus (personnes dépourvues de pouvoirs magiques) mais aussi abus de confiance sur mineur, détention illégale de NAC, ces nouveaux animaux de compagnie et trouble à l’ordre public du monde des sorciers. “Nous réclamons la castration magique”, annonce la magistrate. Autrement dit, le retrait de tous ses pouvoirs au Seigneur des Ténèbres.

(Les témoins, jurés et parties sont désignés par le choixpeau magique de Poudlard. Ici, le Professeur McGonagall (Alicia Level) pose le choixpeau sur le Me Bibal. © Le Grand Rex)

Le témoin Bellatrix Lestrange nie en bloc

Les témoins se succèdent à la barre. Hermione Granger, Ginny Weasley, Dolores Ombrage, Bellatrix Lestrange… la défense dénonce “la nullité” de ces interrogatoires.

“Mademoiselle Weasley reconnaît n’avoir aucun souvenir du jour où elle a ouvert la Chambre des Secrets. Action prétendument effectuée sous l’emprise du journal de mon client, Tom Jedusor. Que fait-elle ici, si elle est amnésique ?”, s’insurge Maître Serge Perez.

“J’étais le lieutenant de Lord Voldemort”, déclame ensuite Bellatrix Lestrange, fièrement moulée dans une combinaison noire, tripotant frénétiquement ses cheveux. L’accusation pense enfin tenir un témoignage exploitable. Faux espoir. Quand on demande au témoin en quoi consistaient ses missions, elle ne peut en citer aucune. Joue l’idiote. “Autrement dit, il s’agissait d’un emploi fictif, Madame ?”, ironise, à bout de nerfs, un avocat des parties civiles.

(Le mage Albus Perceval Wulfric Brian Dumbledore a siégé au Tribunal des sorciers, lundi 5 novembre, au Grand Rex. © Le Grand Rex/Photo : Florian Léger)

Voldemort en réinsertion dans le hip-hop

Voldemort se crispe régulièrement sur son fauteuil. Il se décontracte quand sa troupe de hip-hop (appelée à la barre par son avocat) entame une chorégraphie. “Mon client a changé, il est en réinsertion et a créé son groupe. Voulez-vous vraiment le condamner et gâcher un tel talent artistique ?”, lance Maître Perez. L’accusation dénonce “une propagande classique” visant à “redorer l’image d’un criminel”.

La stratégie de la défense est classique mais efficace : noyer le poisson et discréditer témoins et victimes. À ce jeu-là, Pansy Parkinson (Serpentard) excelle. “Harry m’a touché les fesses dans les couloirs de Poudlard, témoigne-t-elle. J’ai même lancé le hashtag #BalanceTonPotter. Et c’est Voldemort que l’on juge aujourd’hui ?” Ces faits sont, à ce stade, non avérés et aucune plainte n’a encore été déposée contre M. Potter.

(Harry Potter (Arnaud de Brosses) a été entendu comme témoin lors du procès de Voldemort, lundi 5 novembre, au Grand Rex. © Le Grand Rex)

Voldemort accusé d’avoir bu du sang de licorne

Outre la libération de la parole des femmes, ce procès s’est fait l’écho d’un autre enjeu sociétal : le spécisme et le véganisme. À la barre, Pierre de Tremiolles, président de l’association L214 Magie, accuse le Seigneur des Ténèbres de crimes commis contre les licornes et génocide contre les gobelins.

Lamya Ben Malek, second avocat de la défense, n’hésite pas à mettre l’antispécisme au service de Voldemort. “N’est-il pas étrange de reprocher à mon client d’avoir bu du sang de licorne alors que, même à Poudlard, les animaux terminent dans les assiettes ? En quoi la vie d’un poulet vaut-elle moins que celle d’une licorne ?”

(Voldemort sur le banc des accusés. © Le Grand Rex/Photo : Florian Léger)

Avare en sourires, l’accusé esquisse une moue lorsque Maître Frédéric Bibal, avocat de l’accusé, qualifie le Code pénal de “huitième horcruxe.” Son raisonnement juridique est infaillible. “L’article 225-17 du Code pénal punit la violation de tombeaux ou sépultures. Autrement dit, le vol de morts. Et donc, Voldemort lui-même.” Problème : le vol de morts est sanctionné de seulement 1 an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende. Maître Bibal propose alors aux juges une solution simple : considérer que les Horcruxes forment une société et en prononcer la dissolution. Dans les faits, cela revient presque à condamner Tom Jedusor à la peine de mort, abolie en France en 1981.

Voldemort victime du système

Pour sauver le dossier – accablant – de son client, Maître Perez fait feu de tout bois. Il dénonce d’abord un procès écrit d’avance, pollué par les médias. “Dois-je vous rappeler que 7 best-sellers, entièrement à charge contre mon client, ont été publiés par J.K. Rowling, bien avant l’ouverture de l’enquête ?” Il invoque l’incompétence territoriale du tribunal français, les faits ayant été commis en Angleterre, par un anglais et sur des victimes anglaises. En vain.

La défense finit par faire mouche en transformant l’accusé en victime. Tom Jedusor a d’abord été victime de la vie, envoyé bébé dans un orphelinat, en 1926. “En Angleterre, où il fait toujours gris. Vous n’auriez pas tenu une demi-journée dans ce pays”, lance Maître Perez aux juges. Enfant surdoué en sorcellerie, son très haut potentiel se transforme vite en handicap. “Poudlard n’a pas joué son rôle. Cette école a échoué à accompagner ce petit prodige. Il s’y est ennuyé alors qu’il avait soif d’apprendre.”

Le nez de Voldemort fait pencher la balance

Si Tom Jedusor est présenté comme une victime du système socio-éducatif, il est aussi victime… de son nez. “C’est une cave, un trou, un cratère, que dis-je, un vestibule”, s’emporte son avocat. Ce dernier qualifie son client “d’anti-Cyrano de Bergerac harcelé depuis l’enfance par ses camarades à cause de son nez.”

Harry Potter, présent en tant que témoin, lève les yeux au ciel d’exaspération. Il suffit en effet de lire le dossier d’instruction pour savoir que Tom Jedusor n’est pas né sans nez. Il a même longtemps été un séduisant jeune homme. C’est en créant des Horcruxes qu’il a altéré son corps, en même temps que son âme. Mais le jury populaire reste ici souverain. Il vote à l’applaudimètre : 130 décibels pour l’acquittement, 110 contre. Déjà naturellement pâle, Voldemort est blanchi.

(Le mage Albus Perceval Wulfric Brian Dumbledore. © Le Grand Rex)

Composition du tribunal :

Romain Decharne, président, professeur McGonagall (Alicia Level), professeur Dumbledore (Hugo Rousselle). Témoins : Harry Potter (Arnaud de Brosses), Hermione Granger (Juliette de la Gueronnière), Pansy Parkinson (Lana Alhaj), Dolorès Ombrage (Marguerite Quadrelli), Ginny Wisley (Thérèse Quadrilli), Bellatrix Lestrange (Rania Aïdi). Avocats de la défense : Maître Perez et Léa Honorat. Avocat de l’accusé : Maître Bibal. Partie civile, représentant les moldus : Stanislas de Reboul. Partie civile, représentant les créatures du monde magique et président de l’association L214 magie : Pierre de Tremiolles.

Article écrit par Cyrielle Chazal