Vidéo : quand Stanley Kubrick expliquait la fin de 2001, l’Odyssée de l’espace

Vidéo : quand Stanley Kubrick expliquait la fin de 2001, l’Odyssée de l’espace

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Par Paul Bled

Publié le

Une vidéo qui donne du sens à ce que voulait dire Kubrick.

Chacun des films de Stanley Kubrick s’est imposé comme une œuvre marquante du septième art. Des longs-métrages brillamment réalisés, avec un sens du détail hors norme, le tout saupoudré d’une exigence maladive. Difficile de ne pas se remémorer l’excellent sergent instructeur Hartman de Full Metal Jacket ou bien ce cher Jack Nicholson qui, lors d’un isolement un peu trop prolongé, va approcher les limites de sa folie dans Shining.

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Bien des débats ont été animés à propos de sa riche filmographie, mais le plus récurrent est peut-être celui concernant 2001, l’Odyssée de l’espace. Le film, sorti dans les salles en 1968, est pour certains son chef-d’œuvre le plus abouti, mais bénéficie toujours d’une zone d’ombre concernant le sens de son dénouement. L’auteur du film avait accordé une interview au magazine Playboy en 1968, expliquant vouloir laisser le spectateur vivre sa propre expérience face à un film si dense en émotions :

“J’ai voulu faire un film qui soit une expérience intensément subjective qui puisse atteindre le spectateur à un niveau intime de sa conscience.”

Un appel téléphonique

En 1980, le réalisateur et producteur Jun’ichi Yaoi avait approché le cinéaste lors du tournage de Shining afin de faire un making-of du film consacré aux aspects paranormaux. Le documentaire n’a jamais vu le jour, mais il en restera un extrait marquant, celui d’un échange téléphonique entre Kubrick et le cinéaste américain – dont vous pouvez trouver ici une retranscription en anglais. Au cours de cette discussion, le réalisateur expose son avis sur la fin du film 2001, l’Odyssée de l’espace :

“Je vais essayer de vous expliquer la façon dont je vois les choses. Dave Bowman [le personnage central de ‘2001’, ndlr] a été enlevé par des entités semblables à Dieu, des créatures d’énergie et d’intelligence pures, sans forme. Elles le mettent dans ce qu’on pourrait décrire comme un zoo humain pour l’étudier, et toute sa vie se déroule dans cette pièce.

Il ne ressent pas le passage du temps. De son point de vue, tout semble se dérouler comme c’est montré dans le film. Elles ont choisi cette pièce, une réplique inexacte (délibérément) de l’architecture française, parce que c’était leur idée de ce qu’il pourrait trouver beau sans en avoir la certitude. Comme dans les zoos, nous ne sommes pas sûrs de la façon de reproduire ce que nous pensons être l’environnement naturel des animaux.

Quand elles en ont fini avec lui, comme c’est le cas de tas de mythes de toutes cultures à travers le monde, il est transformé en une sorte d’être supérieur et est renvoyé sur Terre. Il est devenu une sorte de Superman. On peut imaginer ce qu’il se passera quand il rentrera. C’est le modèle de nombreuses histoires mythologiques, et c’est qu’on tentait d’expliquer.”

Le film a inspiré bien des scénarios par la suite. On peut supposer que les premiers Star Wars sont les dignes héritiers de l’œuvre de Kubrick, de même que, plus récemment, le titanesque Interstellar, sorti en 2014 et dont certains traits du récit sont relativement similaires à 2001, l’Odyssée de l’espace.