Vidéo : la mécanique du suspense dans Inglourious Basterds

Vidéo : la mécanique du suspense dans Inglourious Basterds

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Par Lucille Bion

Publié le

Inglourious Basterds est plus divertissement de cinéphile qu’un film historique. Le youtubeur Michael Tucker l’a bien compris puisqu’il analyse, dans sa nouvelle vidéo, la tension qui accompagne tout le long-métrage de Quentin Tarantino. 

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Michael Tucker, vidéaste cinéphile aux travaux toujours pertinents, frappe plus fort que jamais en s’attaquant à Inglorious Basterds, le septième film de Quentin Tarantino. Si le cinéaste, audacieux, a voulu réécrire l’Histoire en faisant brûler Hitler, il s’est surtout appliqué à écrire un scénario fiévreux, haletant comme on les aime, un récit de vengeance symbolique et rock’n’roll. Le youtuber analyse cette fois, en 13 minutes, la tension insoutenable et jouissive que Quentin Tarantino offre à son public pendant plus de deux heures trente.

Alfred Hitchcock, l’inspiration ultime de Quentin Tarantino

Alfred Hitchcock, maître incontesté du suspense pendant trois décennies, a ouvert la voie aux cinéastes d’aujourd’hui. Parmi ses héritiers, un certain Quentin Tarantino. Le plus déjanté des réal’ américains est aussi un vrai cinéaste pour cinéphiles. Cette comparaison entre le flegmatique Britannique et le chien fou aux films transgressifs pourra donc en choquer certains, mais Michael Tucker invoque sans complexe l’esprit du papa de Psychose et Vertigo pour expliquer que Quentin Tarantino ne fait qu’appliquer la leçon du maître.

Dans une interview, Alfred Hitchcock expliquait comment jouer avec les nerfs du spectateurs en prenant l’exemple de la bombe. Si les spectateurs observent les personnages réunis autour d’une table et ne découvre la bombe qu’à la fin ils seront choqués. En revanche, s’ils apprennent son existence tandis que les personnages bavardent tranquillement autour de la table, ignorant ce qui se trame sous leur pieds, les spectateur s’accrocheront à leurs accoudoirs.

C’est exactement ce qu’il se passe dans Inglourious Basterds. Michael Tucker privilégie pour sa démonstration la séquence dans la demeure de la famille LaPadite, qui ouvre le récit. Le suspense succède à la tension lorsque le réalisateur décide d’apprendre aux spectateurs que des Juifs sont cachés sous le plancher et que, d’un moment à l’autre, le colonel nazi Hans Landa (Christoph Waltz), une fois les aveux du père obtenus, passera à l’action.

Beaucoup de dialogues, des incertitudes et la perte de contrôle

Le vidéaste répertorie tout au long de sa vidéo les ingrédients clés qui maintiennent le spectateur en haleine. Il dégage quelques pistes : les dialogues, la perte de contrôle des personnages face à un Christoph Waltz exceptionnel et leurs multiples doutes. Il explique, en citant parfois quelques lignes du scénario, que le cinéaste mise sur la tension psychologique. Entre domination et soumission, les desiderata cyniques de l’inquiétant militaire qui demande des verres de lait et les différentes langues utilisées, le suspense ne cesse de monter.

Michael Tucker utilise également la scène dans l’auberge, où les “Basterds” se retrouvent dans un traquenard. Là, encore, Quentin Tarantino nous plonge dans un huis clos en étirant au maximum la longueur de la scène, une stratégie qui joue sur l’attente et la durée. Extraits d’interviews, ouvrages de psychologie et scènes tirées du film à l’appui, ce montage consciencieux souligne avec quelle puissance Quentin Tarantino sait communiquer son amour du cinéma.