Quand un algorithme génère les décors d’un court-métrage d’animation, ça donne ça

Quand un algorithme génère les décors d’un court-métrage d’animation, ça donne ça

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Crédit : Julius Horsthuis

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Par Thibault Prévost

Publié le

Pour concevoir les décors extraterrestres de son dernier court-métrage d’animation, le réalisateur Julius Horsthuis s’est entouré d’algorithmes. Serait-ce le futur ?

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Julius Horsthuis est “un animateur fainéant”. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est lui-même, lors d’un entretien au site Sploid au sujet de son dernier court-métrage, Fraktaal, posté sur Vimeo début novembre. Et si, pour la majorité d’entre nous, la fainéantise bloque toute possibilité de parvenir à un quelconque résultat, Horsthuis entrerait plutôt dans la catégorie des fainéants résilients, ceux que la flemme pousse à développer d’ingénieuses solutions pour ne plus avoir à travailler eux-mêmes.
Il en va ainsi de Fraktaal, un court-métrage “sans scénario” comme l’écrit le réalisateur en préambule. Cet objet visuel intriguant nous balade pendant trois minutes dans des mégalopoles aussi extraterrestres que grandiloquentes, sur fond de musique épique – plus de trois minutes, et on serait probablement morts d’ennui, mais Fraktaal a l’intelligence de s’arrêter juste avant l’overdose.
Rien de vraiment spécial au premier abord, surtout pour qui maîtrise un peu le compositing ou le matte painting… sauf que les textures ne sont pas générées par Julius Horsthuis, mais par un algorithme de composition fractale.
Pour rappel, une fractale est un motif mathématique dont la structure se répète invariablement, peu importe le changement d’échelle. Pour créer ses décors, le réalisateur n’a eu qu’à balancer des formules mathématiques dans un logiciel qui s’est chargé de les transformer en motifs géométriques.
Ici, ça donne des motifs architecturaux labyrinthiques, des superpositions tentaculaires et l’impression d’évoluer dans un espace kaléidoscopique dénué de repères cardinaux.
Après The Engineers, Emergence et Our Fractal Brains, Julius Horsthuis poursuit donc son exploration technique d’une autre manière de composer des plans cinématographiques, en laissant une partie du boulot aux machines. Soyons bien d’accord : pour le moment, ces expérimentations ont plus leur place dans une salle d’art contemporain que dans une salle de ciné, et le cinéphile en moi espère bien ne jamais devoir se fader des longs-métrages en fractales sur un écran de la taille d’un terrain de tennis. Mais le futur dépend de ce que nous en faisons, même les trucs les plus barrés, alors pourquoi pas.