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Tout ce qu’il faut savoir sur BlacKkKlansman, le dernier film de Spike Lee

Tout ce qu’il faut savoir sur BlacKkKlansman, le dernier film de Spike Lee

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© FOCUS FEATURES

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Par clara hernanz

Publié le

Sorti en salles ce mercredi, le nouveau long-métrage du cinéaste américain retrace l’histoire d’un policier noir qui infiltre le Ku Klux Klan dans les années 1970. Voici tout ce qu’il faut savoir.

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BlacKkKlansman est basé sur les mémoires de Ron Stallworth. En 1979, alors qu’il est affecté au département des renseignements de la police de Colorado Springs, il lance une opération pour infiltrer le Ku Klux Klan, l’organisation terroriste défendant “l’Amérique blanche” et chrétienne qui orchestre des attentats contre la population afro-américaine et d’autres minorités.

Après qu’il a vu une publicité du Ku Klux Klan dans le journal local, Ron Stallworth joint l’organisation par téléphone et se fait passer pour un homme blanc et raciste afin de rejoindre le groupe, qui accepte. Lorsqu’il doit rencontrer les membres du Klan et se rendre aux réunions, il envoie un collègue blanc équipé d’un micro à sa place.

Cependant, comme le soulève le site Quartz, le film ne suit pas l’histoire au pied de la lettre. Par exemple, le partenaire blanc de Ron Stallworth (campé par Adam Driver) n’était pas juif dans la vraie vie. Aussi, dans le film, le policier évite qu’une bombe ne tue une jeune militante noire. Dans la réalité, cet attentat à la bombe n’a pas eu lieu et donc aucun membre du KKK ne s’est fait arrêter.

Dans le livre, Stallworth soupçonne l’organisation de planifier des bombardements dans des bars gays de la ville, mais aucun attentat n’est rapporté. Le film invente également certains personnages : Patrice, la militante dont Ron tombe amoureux, et Flanders, le policier raciste qui harcèle un groupe d’étudiants noirs au début du film. Ce dernier fait sans doute écho aux violences policières qui avaient lieu à l’époque – et qui ont lieu encore aujourd’hui.

“J’ai vu le film deux fois”, a déclaré le véritable Ron Stallworth, âgé aujourd’hui de 65 ans, au Washington Post. Malgré ceux qui ont critiqué la véracité historique du film, le policier retraité a déclaré que le long-métrage était “un film très puissant”. Il a ajouté : “Spike a tissé une histoire autour de mon histoire. Il a fait du bon travail en faisant se rejoindre ces deux histoires et en connectant leur contexte historique, des États confédérés d’Amérique à Charlottesville, de David Duke à Donald Trump.”

Une légende au casting

Au casting, on retrouve Harry Belafonte, un acteur, chanteur et militant. Dans les années 1950 et 1960, il est le premier acteur noir à lutter pour les droits civiques et devient le confident de Martin Luther King Jr. Dans BlacKkKlansman, il joue un militant âgé qui, lors d’une conférence avec une association étudiante du Black Power, raconte le lynchage de Jesse Washington.

Pour se rapprocher au maximum des faits réels, le film s’est aidé d’un article écrit par W.E.B. Du Bois, un militant de l’époque, qui avait publié, en juillet 1916, un compte rendu des événements long de huit pages dans le journal mensuel de l’Association nationale pour la promotion des gens de couleur (NAACP), The Crisis. Slate l’a récemment repris :

“De grandes masses d’humanité se précipitaient le plus vite possible dans les rues de la ville pour être présentes sur le pont au moment où la pendaison aurait lieu, mais quand on apprit que le Nègre serait emmené sur la pelouse de la mairie, une foule d’hommes, de femmes et d’enfants s’est dirigée vers cette pelouse.

Au moment où le corps allait être brûlé, les gens voulaient montrer leur engagement et se sont mis à frapper le Nègre avec tout ce qu’ils trouvaient, certains l’ont frappé avec des pelles, des briques et des bâtons, d’autres l’ont poignardé alors qu’il était pendu. Son corps était rouge, le sang de ses nombreuses blessures avait recouvert son corps de la tête aux pieds.”

À l’occasion de la 71e édition du Festival de Cannes, où le long-métrage a remporté le Grand Prix en mai dernier, Spike Lee confiait qu’il n’était pas sûr qu’Harry Belafonte puisse figurer dans le film. “À 91 ans, il nous a fait cet honneur”, a-t-il ajouté, comme le rapporte AlloCiné.

Spike Lee raconte l’histoire des Afro-Américains

Depuis son tout premier court-métrage, sorti en 1979, le réalisateur d’Atlanta n’a cessé de raconter l’histoire des Afro-Américains au cinéma. Alors qu’il est étudiant à la New York University, il réalise The Answer, un film qui a presque provoqué son renvoi de l’institution. Il y raconte l’histoire d’un scénariste et réalisateur noir qui veut faire un remake de The Birth of a Nation, un film de 1915 sur la naissance du Ku Klux Klan.

L’œuvre de Spike Lee vise explicitement la violence raciste (4 Little Girls, Do the Right Thing, Chi-Raq) ou met en valeur des figures emblématiques de l’histoire afro-américaine (Malcolm X, Michael Jackson’s Journey from Motown to Off the Wall). Sorti en 1994, Crooklyn, est une chronique semi-autobiographique de son enfance à Brooklyn, qui suit l’histoire d’une petite fille noire. BlacKkKlansman s’inscrit dans cette lignée revendicatrice.

Mais comment prononcer “BlacKkKlansman” ?

Pour son nouveau film, Spike Lee a choisi de rajouter un “k” au titre des mémoires de Ron Stallworth, Black Klansman. “BlacKkKlansman” permet ainsi d’inclure “KKK” dans le titre, le sigle du Ku Klux Klan. Mais enfin, comment prononcer le titre du film ? Aux États-Unis, Slate s’est posé la question :

“Est-ce que c’est ‘Black K. Klansman’ ? ‘Black-K-K-K-Klansman’ ? ‘Blac-K-K-K-Lansman’ ? Ou peut-être simplement ‘Black Klansman’ ? Spike Lee a tendance à l’appeler ‘le film’ dans ses interviews, mais le producteur Jordan Peele a bien prononcé le titre dans la vidéo ci-dessous.”

Heureusement, un représentant de Focus Features, la boîte de production du film, a confirmé que la prononciation officielle du titre est, tout simplement, “Black Klansman”. Le K en plus ne se prononce donc pas.