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Pourquoi Suicide Squad est l’un des films les plus clivants de notre époque

Pourquoi Suicide Squad est l’un des films les plus clivants de notre époque

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Par Charles Carrot

Publié le

Le cas Suicide Squad témoigne d’une fracture importante entre la critique et le public sur certains films, tandis que d’autres font l’unanimité.

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Encore Suicide Squad ? Est-ce que Konbini n’a pas autre chose à faire que de parler de ce film, franchement ? Très médiatisé avant sa sortie, fraîchement accueilli depuis, le long métrage de David Ayer cristallise les avis divergents et semble révéler quelques profondes différences entre les attentes de la critique et celles du public (on voit passer les commentaires Facebook).

Comme la majorité des médias internationaux, Suicide Squad nous a profondément déçus – mais le film a clairement trouvé son public et le voilà devenu objet de toutes les opinions les plus extrêmes.

Critique v Public

Le site de The Atlantic n’a pas manqué de remarquer ce divorce entre la critique et le public concernant Suicide Squad. Le journal a ainsi décidé de placer le film sur un graphique (ci-dessus ou là en plus lisible) pour voir où il se situe dans ce manque de consensus par rapport à la moyenne des adaptations de comics DC ou Marvel au cinéma, en utilisant les pourcentages de l’agrégateur Rotten Tomatoes.

Et la conclusion est édifiante : à l’heure actuelle, juste devant Batman v Superman sorti plus tôt dans l’année, Suicide Squad est l’exemple le plus frappant de clivage entre une critique dépitée (26% d’avis positifs) et un public plutôt enthousiaste (69% d’avis positifs).

Sur Metacritic, même combat ou presque : le film se paie une moyenne de 40/100 pour 53 critiques prises en compte, mais une note “publique” de 6,6/10 pour environ 2000 avis recensés. Et pour la France ? Sur Allociné, on retrouve un ratio similaire de 2 étoiles sur 5 côté presse, et 3,5 côté spectateurs – il faut lorgner du côté de Sens Critique pour trouver une note publique inférieure à la moyenne, à 4,9/10 le 18 août 2016.

Pourquoi un tel fossé ?

Ce genre de cas n’est pas inédit : dans le sens inverse, comme le relève également The Atlantic, le film Hulk de 2003 avait été relativement apprécié par la presse (61% d’avis positifs sur Rotten Tomatoes et 3,2 étoiles sur Allociné), et beaucoup moins par le public (29% et 2 étoiles). Mais le cas Suicide Squad est original dans la mesure où les attentes autour du film étaient spécialement importantes côté médias comme côté spectateurs, alimentées par une promotion effrénée. Bon alors, que s’est-il passé ?

Plusieurs théories peuvent expliquer ce résultat. En premier lieu, si le public était occasionnellement exposé à la communication autour du film, les médias étaient quant à eux au premier rang, voyant passer le moindre teaser, trailer, la bande-son, chaque poster ou déclaration sur le projet – une telle confiance affichée dans le film qu’elle a contribué à construire une montagne d’attentes difficiles (impossibles ?) à satisfaire.

La sortie du film approchant, et aucune projection dédiée à la presse n’ayant été organisée en France, la méfiance était alors de mise, les journalistes craignant le pire et voyant leurs espoirs transformés en craintes, puis leurs craintes tristement confirmées.

Surtout, un tel divorce s’explique peut-être aussi par un réflexe assez humain face aux critiques très virulentes émises par la presse au sujet du film. Suicide Squad a été démoli sans la moindre once de pitié par certains médias : “En un mot, c’est de la merde. En deux, c’est une merde atroce” selon le Wall Street Journal, par exemple. Le Point parle de “hara-kiri artistique” et de spectacle “inregardable“, Le Figaro de “ratage monumental” et de “deux heures de souffrance“…

Face à une violence aussi extrême (et même si notre avis n’a pas changé), il paraît logique que l’on puisse trouver certaines qualités au film. S’attendant au pire, à quelque chose de “vraiment horrible”, on peut trouver ce Suicide Squad “pas si mal”. De la même manière qu’on peut être déçu devant une œuvre qui nous a été présentée comme étant absolument prodigieuse. Tout est probablement question de mesure.