Sans date d’ouverture des salles, le monde du cinéma est en PLS

Sans date d’ouverture des salles, le monde du cinéma est en PLS

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Par Arthur Cios

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Selon Roselyne Bachelot, il serait "totalement irresponsable de donner une date" pour l'ouverture des lieux culturels.

Nous ne savons pas si un troisième confinement pointe le bout de son nez, mais on sait que les signaux envoyés au monde de la culture, et aux salles de cinéma en particulier, sont de mauvais augure. Et qu’il ne faudra sans doute pas compter sur les salles obscures avant plusieurs semaines encore.
Ce mardi 12 janvier, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot a refusé de donner une date de réouverture des lieux culturels, estimant que ce serait “totalement irresponsable”, devant la commission des Affaires culturelles de l’Assemblée nationale. L’inverse aurait été étonnant, le gouvernement ne communiquant pas pour l’instant sur les potentielles annonces du 20 janvier.
Pressée de critiques sur la pénalisation que subissent cinémas, théâtres et musées, Mme Bachelot s’est élevée contre “l’impression qu’il y a les bons d’un côté, et les méchants, nous [le gouvernement], de l’autre”. Elle a rappelé que, face à “une situation sanitaire non satisfaisante”, une réévaluation est prévue le 20 janvier, comme annoncé par le Premier ministre Jean Castex.
Tout n’est pas noir pour autant. “Les musées et les monuments historiques pourraient être des structures qui, dans le cadre d’une stabilisation de l’épidémie, pourraient faire l’objet d’une réouverture encadrée”, a indiqué la ministre qui a consulté les responsables des musées, “prêts à retravailler les jauges et les modes de fonctionnement”.
Avec les différents secteurs, a-t-elle expliqué, “nous travaillons à l’élaboration d’un modèle de réouverture progressive selon des modalités plus adaptables afin qu’on ne soit pas confronté, à chaque inflexion de la situation, à un choix binaire : laisser l’établissement ouvert ou fermé”. Les acteurs culturels “ont besoin de perspectives en termes de méthodes, de calendrier. Leur modèle économique avec des cycles d’investissements longs demande encore plus d’acuité sur cette exigence”, a-t-elle fait valoir.
Il existe des modèles pourtant différents comme l’Espagne, pays qui n’a pas fermé ses salles et a expérimenté d’autres manières de consommer la culture dans ce contexte sanitaire. Interrogée sur un concert test à Barcelone en décembre, où 463 personnes avaient été admises après un test PCR et à l’issue duquel aucun cas de contamination n’avait été détecté, Mme Bachelot a invité à “ne pas se focaliser sur une expérimentation”, dont la “généralisation n’est pas si simple”.
Ce serait aux salles de spectacles de “mettre en œuvre ces mesures de précaution”. Elle ajoute :

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“Est-ce qu’elles sont acceptables, compatibles avec le mode économique des établissements privés ? C’est le monde du spectacle […] qui va me dire : ‘Ça, on peut le faire, ça, on ne peut pas.’ […] C’est en outre une expérimentation extrêmement compliquée à mettre en place dans le fonctionnement normal d’une salle.”

En cause, le fait qu’il faudrait effectuer des milliers de tests avant une représentation et l’obligation pour le public de “venir très à l’avance”. En outre, a-t-elle objecté, il faudrait procéder à “une labellisation des salles : les salles ‘lutte-contre-la-pandémie compatibles’ et d’autres qui ne le seraient pas”.

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Un planning de sorties ciné encore chamboulé

Le fait est que, pendant ce temps, les distributeurs ont, depuis ce début d’année, face au silence du gouvernement et aux différentes décisions prises à travers le monde pour gérer la crise sanitaire, décalé la sortie des films de leur catalogue. Et certaines décisions peuvent faire peur.
À commencer par celles prises par Gaumont, qui a annoncé ce 12 janvier que deux de ses gros films de l’année, que l’on attendait pour février (Aline et Mystère), sortiront finalement en novembre pour le premier, et en décembre pour le deuxième. Il y a sans doute la volonté d’éviter les embouteillages des réouvertures, mais le signal est fort. Et ce n’est que le début.

Outre-Atlantique, les décalages se poursuivent. La rumeur veut que le prochain James Bond passe d’une sortie en avril à une sortie en automne. Morbius, le spin-off sur le vilain de Spider-Man vampirique incarné par Jared Leto, qui devait sortir en mars, sortira normalement en octobre. Oui, il risque d’y avoir un bel embouteillage de blockbusters américains à partir de septembre. Et le reste du catalogue des majors encore prévu pour janvier, février et mars 2021 devrait logiquement suivre la même direction.
Sachant qu’à cela s’ajoutent les films sortis en novembre 2020 juste avant le deuxième confinement, qui seront bientôt disponibles en DVD et Blu-ray (la chronologie des médias permet la sortie en vidéo quatre mois après la sortie en salles), les distributeurs devront se concentrer sur les nouvelles sorties françaises quand les salles rouvriront. Même si Gaumont a assuré qu’Adieu les cons sera disponible pour la réouverture des salles, on espère que sa sortie vidéo n’empêchera pas le public d’aller voir cette pépite sur grand écran.

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Le fait est qu’il va y avoir de très beaux et bons films côté sorties françaises ce début d’année. Des films de 2020 décalés comme le Quentin Dupieux ou Bac Nord, des sorties prévues pour 2021 de base, comme Teddy, et un tas d’autres. Sans parler des très gros projets pouvant truster le box-office – si OSS, pour ne citer que lui, qui devrait sortir en avril, n’est pas à son tour décalé. Et en espérant que cela suffise à ramener le public en salles.
Surtout qu’en face, la concurrence va être rude. Netflix vient de dévoiler une grande partie de son catalogue 2021, avec à peu près un film par semaine prévu sur toute l’année, et certains avec de très grands noms. Bref, 2021 ne sera sans doute pas l’année du retour à la normale pour les salles de cinéma.
Konbini avec AFP