Ron Cobb, designer légendaire du monde du cinéma, est mort

Ron Cobb, designer légendaire du monde du cinéma, est mort

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Par Arthur Cios

Publié le

On lui doit la naissance du film E.T., le vaisseau d'Alien, la DeLorean de Retour vers le futur, et bien plus encore...

Peu d’artistes laisseront un héritage aussi grand que celui de Ron Cobb. Le dessinateur, designer de légende, nous a quittés ce 21 septembre 2020, jour où il célébrait son 83e anniversaire. L’Américain est mort d’une démence à corps de Lewy, comme l’a indiqué sa femme, Robin Love.

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Un artiste comme si peu d’autres, dont vous ne connaissez sans doute ni le nom ni son visage, mais qui vous a touché d’une manière ou d’une autre par son travail, par ses dessins à la minutie incroyable, au trait clair, et toujours marqués par l’amour des machines.

Une carrière absolument dingue

Né à Los Angeles, l’artiste commence sa carrière dans les années 1950 chez Disney, avant d’être viré suite à la sortie décevante de La Belle au bois dormant. Après un passage par la case Vietnam, il se lance dans l’illustration en indépendant et est contacté par un certain John Carpenter et son comparse de l’époque, Dan O’Bannon, pour bosser sur son premier film — un moyen-métrage étudiant, Dark Star.

O’Bannon donnera son nom à Alejandro Jodorowsky pour Dune, et Cobb donnera certaines des illustrations maintenant cultes du projet qui sera finalement avorté. Ce même O’Bannon le glissera dans les petits papiers, comme bon nombre d’artistes dudit Dune, pour rejoindre la production d’Alien de Ridley Scott. Cobb y dessinera notamment sous toutes ses coutures le Nostromo, le vaisseau de Ripley et la clique.

Entre ces deux films, il officiera aux côtés d’un certain George Lucas (et, surprise, Dan O’Bannon) pour le tout premier Star Wars. Plus précisément, bien que non crédité, il a désigné plusieurs aliens de la Cantina de Mos Eisley.

Si vous commencez à comprendre l’importance du bonhomme, nous ne faisons que démarrer. Car, par la suite, on lui doit les avions nazis du premier Indiana Jones, les décors de Conan le Barbare, le complexe où se trouve la mère Alien dans la suite signée James Cameron, la plateforme pétrolière de The Abyss, et tellement plus.

Mais son œuvre la plus connue reste sans nul doute la DeLorean de la trilogie Retour vers le futur. Il a fait les tout premiers dessins de l’intérieur et de l’extérieur de la voiture transformée par le docteur Emmett Brown. La version filmée ne sera qu’à peine modifiée et son design sera à jamais l’un des plus iconiques du septième art.

E.T., et la fin d’une carrière éblouissante

Enfin, n’oublions pas que l’on lui doit E.T. Pendant qu’il bosse sur Indiana Jones, Spielberg demande à l’artiste de réaliser une suite de Rencontre du troisième type, sur laquelle il avait également bossé. Il voudrait en l’occurrence se concentrer sur une famille qui est terrorisée par des extraterrestres – une histoire basée sur un fait divers arrivé dans le Kentucky (enfin, arrivé, vous voyez ce qu’on veut dire).

Pendant qu’il bosse sur Conan, Cobb va voir Spielberg à Paris pour lui pitcher son nouveau scénario, qu’il avait dû modifier pour des questions légales et de budget. La bande d’aliens était devenue une créature, seule sur Terre, abandonnée. Les années passent, Steven réécrit moult fois ce script, revient sur une histoire dont il avait parlé à Cobb des années auparavant, et fait naître le scénario d’E.T.

“Ce n’était plus du tout effrayant, c’était plutôt doux”, expliqua-t-il au Los Angeles Times en 1988. La réalisation lui échappe alors, Spielberg passant derrière la caméra. Mais il aura un caméo, et un beau pourcentage, qui lui rapportera plusieurs centaines de milliers de dollars.

Par la suite, il continuera à bosser sur des designs, que ce soit sur les machineries de Total Recall, les bombes de True Lies, ou même les vaisseaux de Firefly ou bien le Zeppelin géant de Southland Tales. L’un de ses derniers jobs aurait été de dessiner certaines créatures pour le film Disney John Carter. Un beau retour sur les débuts de sa carrière, donc.

Il faudra sans doute un peu de temps pour réaliser l’ampleur de l’œuvre de Ron Cobb et l’immensité de l’artiste que l’on vient de perdre. Encore un.

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