Harcèlement sexuel : Rachel McAdams et Selma Blair témoignent contre James Toback

Harcèlement sexuel : Rachel McAdams et Selma Blair témoignent contre James Toback

Image :

JB Lacroix/WireImage

photo de profil

Par Marie Jaso

Publié le

Rachel McAdams : “Je n’ai pas pu dormir”

Étudiante en école de théâtre à Toronto, Rachel McAdams a 21 ans lorsqu’elle rencontre James Toback lors d’une audition pour le film Harvard Story. Le soir même, le producteur l’appelle pour qu’elle le rejoigne à son hôtel. Officiellement pour répéter et parler du projet. Après de nombreuses hésitations, l’actrice le rejoint. Mais assez rapidement, la conversation prend une tournure inopportune. Selon l’actrice, James Toback lui aurait dit :

À voir aussi sur Konbini

“Tu sais, il faut que je te le dise. Je me suis masturbé un nombre incalculable de fois aujourd’hui en pensant à toi depuis qu’on s’est rencontrés à l’audition.”

Il adopte ensuite un comportement manipulateur, lui demandant jusqu’où elle serait prête à aller en tant qu’actrice. Après lui avoir fait lire des critiques encensant son travail, il se retire dans la salle de bains. En revenant, il lui lance : “Je viens d’éjaculer en pensant à toi. Tu me montrerais tes poils pubiens ?”
Face à ces remarques abjectes, l’actrice finit par partir. Après une nuit blanche, elle appelle son agent de l’époque qui – furieuse – lui explique que ce n’est pas la première fois que James Toback se comporte ainsi. L’actrice, désemparée, comprend qu’elle a été jetée dans la fosse aux lions sans avertissement.

Selma Blair : “J’ai ressenti du dégoût et de la honte”

Selma Blair avait quant à elle initialement rendez-vous avec James Toback dans le restaurant d’un hôtel. Un rendez-vous qui s’est finalement déroulé dans la chambre du producteur, ce denier refusant de descendre.
Après quarante minutes de questions déstabilisantes, il lui demande de se déshabiller et de réciter un monologue nue. L’actrice ne comprend pas l’intérêt artistique. Mais il insiste, expliquant qu’il doit voir comment son corps bouge, à quel point elle est à l’aise avec, que cela fait partie de son coaching. Elle s’exécute et retire son pull. Il lui dit qu’elle “a besoin de travail”. Puis l’entrevue dégénère.
L’actrice raconte :

“Alors que je lui dis que je ferais mieux de partir, il s’assoit sur le lit, commence à frotter son pénis à travers son pantalon et lance ‘Est-ce que tu me baiserais ?’ J’ai réussi à répondre non. Deux fois. Puis je lui ai demandé s’il était marié. Ce à quoi il a répondu : ‘C’est compliqué, mais oui. Elle est merveilleuse. […] Et j’ai une petite amie qui n’a jamais assez de sexe. Mais j’aime ça. Je dois avoir six ou sept orgasmes par jour sinon je n’arrive pas à tenir la journée.”

Sur ces mots, l’actrice décide qu’il est temps de partir. Mais le producteur lui bloque la porte. Si elle veut partir, elle devra le laisser se frotter contre sa jambe. Elle accepte cette proposition, comme ultime chance de quitter l’endroit sans être violée. Une fois le moment passé, il la menace indirectement :

“Une fille était sur le point de raconter une chose que je lui avais faite. […] Si jamais elle le dit à quelqu’un, peu importe qu’elle estime avoir laissé passer assez de temps, je connais des personnes qui la kidnapperont et la jetteront dans l’Hudson River avec des blocs de ciment attachés à ses pieds. Tu comprends bien ce que je suis en train de dire ?”

Après avoir acquiescé, elle réussit finalement à quitter les lieux. S’ensuivront vingt ans de silence, par peur des représailles.

Des témoignages difficiles, qu’elles espèrent salvateurs

Les expériences traumatisantes mises en lumière par les deux actrices se révèlent très similaires. D’abord sur le modus operandi de l’agresseur, qui a rabaissé et humilié ses victimes, afin de se glorifier lui-même et abuser de leur faiblesse. Ensuite sur le comportement des victimes, qui ont toutes deux mis du temps à réaliser l’agression, déstabilisées par l’asymétrie du rapport de pouvoir. Les conséquences, enfin, ont été lourdes pour les victimes, mais inexistantes pour leur bourreau.
Si les deux premiers points sont malheureusement irréversibles, les deux actrices espèrent que leur témoignage contribuera à amener le producteur devant la justice, pour qu’il réponde de ses actes.