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Quand Fabrice Du Welz raconte la difficulté de diriger Benoît Poelvoorde

Quand Fabrice Du Welz raconte la difficulté de diriger Benoît Poelvoorde

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Par Arthur Cios

Publié le

Longue discussion lors du Festival de Deauville où était diffusé en avant-première son nouveau film, Inexorable.

Ceux qui connaissent le cinéma de Fabrice Du Welz savent à quel point il est concentré sur le corps, et les relations humaines, et pas les plus saines. Que ce soit avec son premier long horrifique Calvaire, avec son dernier Adoration, en passant par le génial Alleluia et bien d’autres encore, le cinéaste belge a une patte à part — même dans ses blockbusters plus traditionnels, dont notamment Messages from the King avec feu Chadwick Boseman.

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Lors du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2021 était présenté son nouveau et septième long-métrage. L’histoire d’un couple (Mélanie Doutey et Benoît Poelvoorde), dont le quotidien va se retrouver bousculé par l’arrivée d’une jeune femme qui va parasiter la famille, et tout faire pour se rapprocher, physiquement voire plus, de l’homme. Une œuvre dérangeante, à l’esthétique extrêmement léchée, et avec un Benoît Poelvoorde comme on ne l’avait pas vu depuis longtemps, d’une justesse folle et extrêmement dramatique.

On aurait pu discuter des heures avec l’artiste, mais de fil en aiguille, la non-langue de bois du bonhomme nous pousse à parler de plein de choses, mais nous a surtout permis de sonder l’indésondable : il est comment Benoît Poelvoorde sur un plateau de tournage ? Et spoiler, c’est assez compliqué. 

Konbini | C’est pas la première fois que tu bosses avec Benoît Poelvoorde, puisqu’il a joué dans Adoration en 2019 déjà. Tu l’as rencontré bien plus tôt, c’est bien ça ?

Fabrice Du Welz | J’étais gamin, j’avais 15-16 ans, et je travaillais avec Bruno, le frère de Rémy Belvaux [futur réalisateur de C’est arrivé près de chez vous, ndlr]. Avec Cécile de France et lui, on avait une pièce de théâtre à Namur. Et on voyait la bande du grand frère de Bruno, de Rémy, avec Benoît, Bonzel, Tavier [le casting de CAPDCV, ndlr]. Ils avaient une dizaine d’années de plus que nous, et parfois il venait voir Bruno. Quand Benoît est rentré dans le bistro où on était, j’ai le souvenir de cette énergie et de sentir qu’il se passait un truc. Et il avait un T-shirt de C’est arrivé avec le flingue, le bébé.

Donc c’était déjà sorti ?

Non, c’était avant ! Ils n’étaient même pas sélectionnés à Cannes. Ils avaient tourné le film, ils avaient le T-shirt, il se passait un truc, et moi j’étais irrité et en même temps émerveillé par l’énergie de Benoît….

Irrité parce que jaloux de cette énergie ?

Bah oui ! Il parlait fort, il était déjà très sûr de lui, il était drôle, sans pitié, vif. Comme il est aujourd’hui. Différent mais voilà. J’ai vraiment souvenir d’être jeune homme et de m’être demandé “mais c’est qui ce mec ?

Tu lui avais parlé à cette époque ?

Oui, il m’avait vu dans le spectacle La Dent du Crime de Bruno. Forcément, les frères Belvaux étaient venus, et Benoît aussi. Mais j’étais pas préparé à avoir le choc que j’ai eu quelques mois plus tard avec C’est arrivé près de chez vous. J’en suis tombé à la renverse, et je m’en suis jamais remis quoi ! Pour moi, c’est vraiment le film charnière entre Massacre à la tronçonneuse et À Bout de souffle. Je l’ai revu récemment, c’est vraiment un grand film. Et quand on connaît l’historique de tout, c’est incroyable. Il a beaucoup compté pour moi. Je me suis dit “c’est possible, de faire ça“.

Et Calvaire [son premier film, ndlr] arrive combien de temps après ça ?

Presque 10 ans après, je pense.

D’accord, donc t’as eu le temps de le digérer, avant de le recontacter et lui proposer un rôle ?

Oui, oui, je lui ai proposé le rôle, de Calvaire justement ! Je lui ai proposé quasiment tous mes films à Benoît. Bon, je suis très content d’avoir eu Laurent [Lucas, ndlr]. À l’époque c’était une vedette, il avait fait Harry, un ami qui vous veut du bien, il m’a appelé pour me dire qu’il avait aimé mon scénario, donc j’étais ravi. Alors que Benoît m’a jamais vraiment calculé, j’étais un petit, tu vois. Le fait de m’avoir vu petit, j’étais un marmot. Aujourd’hui, ma relation avec lui est autre. Je commence à avoir un peu d’expérience mais je vous jure que c’est l’acteur le plus magnétique avec qui j’ai pu travailler.

Magnétique dans le sens, face caméra, charisme ?

En fait, c’est un acteur qui me fascine. C’est-à-dire qu’il a cette espèce d’électricité. Je crois que ça convoque ma propre énergie, et je crois que nos énergies à nous deux s’annulent. Elles s’opposent, c’est comme deux aimants retournés. 

Donc il peut y avoir des moments de tension sur le tournage ?

Ah il y en a, y en a. Je les vis mieux, parce que je suis un peu moins con qu’avant — il y avait du boulot. Je me confronte moins avec les acteurs. Je peux être très technique et dans mon truc technique, un acteur comme Benoît qui n’est pas du tout technique et est dans l’instinct, ça ne colle pas. Tu lui mets une marque, tu lui dis de se mettre là, il s’en fout et fait autre chose, donc ça peut devenir un cauchemar. Puis, des fois, il vient un peu chargé. On sait jamais comment on le récupère Benoît.

Est-ce que l’expérience avec Joey Starr dans Colt 45 te permet quelques années plus tard de bien pouvoir travailler avec Benoît justement ?

Ouais, je pense ouais ! Enfin, tu sais, sur Adoration, on s’est vraiment engueulés avec Benoît. Très très fortement. 

Au point de mettre en péril le film tu veux dire ?

Ça aurait pu, je pense. Mais à un moment, il y a mon équipe qui est venue me chercher pour me dire “ça suffit“. La scène avec les oiseaux, quand tu t’engueules autant, et que trois minutes après, tu tournes un plan séquence où il est tellement émouvant et qu’en une prise, on l’a, ça devient énervant en fait. 

Tu préfères travailler avec des acteurs avec qui tu t’entends mieux ?

Je veux juste travailler avec le bon acteur, après j’essaye de m’adapter. J’ai pu faire des erreurs hein, j’en ai fait, quelques-unes, des réelles. Aujourd’hui, j’en ferais plus. Je veux vraiment être sûr de l’acteur avec qui je vais travailler, je le prends comme il est. Après, c’est un contrat de confiance. Je suis là pour l’acteur, je suis vraiment là pour être avec lui, et j’accepte tout de lui mais en échange, sur le plateau il doit tout me donner quoi.

Parce que là, Poelvoorde est beaucoup plus présent dans Inexorable que dans Adoration. Malgré cette expérience et cette tension, tu t’es quand même dit que tu arrivais à le canaliser et faire ressortir le meilleur ?

On a parlé avant, et quelque part, on n’est pas vraiment amis. Il y a un écart, une asymétrie, je le vois comme un grand frère. Il m’impressionne dans la vie, c’est un acteur de génie. Des gens comme Édouard Baer, Jackie Berroyer, ce sont des gens qui ont une drôlerie, un esprit qui est fascinant. Après, quand j’ai proposé le rôle à Benoît, et on s’est juré qu’on n’allait pas s’engueuler. Ça a été par moments tendu, parce que c’est tendu entre nous, mais je prends sur moi. Le contraste, c’est ça : Benoît, je le prends tel qu’il est. Les excès de la nuit, il fait ce qu’il veut, il arrive comme il veut, mais sur le plateau, il est à fond avec moi.

Et à chaque fois, il a retrouvé le ton de la veille, quel que soit son état ?

Oui. Il l’a à fond, vraiment à fond, et je ne le lâche pas. Il sait que je suis un peu casse-couilles. Ça joue, c’est sûr.

Là en plus, tu devais aussi travailler avec un trio d’actrices dont certaines sont assez peu expérimentées, tu devais aussi te concentrer avec elles et ne pas passer ton temps qu’avec Benoît ?

Oui mais ça a été, ça, c’est mon boulot et de tout préparer en amont. Mon équipe est aguerrie. Et de l’autre côté, on ne se met jamais dans une situation confortable. Ça ne m’intéresse pas de travailler comme un petit bourgeois en pensée. J’essaye d’explorer un maximum de sentiers qui sont glissants, j’espère qu’il y a l’accident qui va arriver.

J’ai essayé dans celui-là de prendre plus la main du spectateur, de l’emmener quelque part puis de resserrer l’étau et de créer une tension, un rythme, et qu’on ait ce plaisir que j’avais dans les années 1990 quand je voyais des home invasion ou des thrillers sexuels érotiques de l’époque, J-F partage l’appartement, Fatal Attraction, La Main sur le berceau. C’était jouissif.

Comment tu prépares les scènes de tension sexuelle entre Benoît et Alba [Gaïa Bellugi], qui est beaucoup plus jeune et moins expérimentée ?

Alba, si tu veux, je l’ai choisie après un coup de foudre sur Trois Fois Manon. Je l’ai vue, mais enfin, “on m’aurait caché ce secret, cette actrice absolument insensée” [rires]. Je la rencontre, très vite j’ai la certitude que c’est avec elle que je veux travailler, je fais des essais. J’essaye de convaincre mes producteurs qui espéraient quelqu’un d’autre et à un moment donné, il y a une évidence donc j’impose Alba mais une fois qu’elle est choisie, elle est à l’heure, elle connaît ses trucs, elle est souple, elle s’abandonne totalement, j’ai aucun souci et elle est formidable.

Comment tu crées ces moments de tension entre les deux ? Tu les prépares plus en amont ?

Il faut juste que ça ait l’air vrai, faut que ce soit incarné, intense, réel, chargé, viscéral, physique. La scène de sexe longue entre Mélanie et Benoît, on comprend pourquoi je l’ai laissée aussi longue et presque malaisante, c’est que je voulais qu’on voie ces deux corps qui n’arrivent plus à s’emboîter. Ils cherchent, n’y arrivent pas. Je fais confiance aux corps des acteurs que j’ai choisis, je leur demande de s’abandonner à moi, de ne pas craindre ce à quoi ils ressemblent. Certains veulent le combo, d’autres pas. Mais là, j’ai eu la chance d’avoir un casting qui s’en foutait complètement et ne voulait pas le voir. C’est sûr que quand je leur dis que je veux faire une longue séquence de sexe en plan séquence où l’on voit les fesses de Benoît et où Mélanie et lui sont entièrement nus, c’est pas facile.

De la même manière qu’ils te faisaient totalement confiance, toi aussi tu leur faisais confiance pour te proposer des choses, improviser un peu ?

Tout à fait. Complètement. C’est une vraie collaboration. Au fond, un script, c’est un script. T’imagines bien que si j’avais eu Vincent Lindon à la place de Benoît Poelvoorde, le film aurait été complètement différent. J’essayais de partir de la personnalité mais aussi de la texture, de la matière des acteurs. C’est pour ça que je suis autant attaché aux acteurs. Quand tu tombes en amour de tes acteurs, parce que tu les regardes, tu les scrutes, tu les sens, tu les renifles, je les touche. Pas comme un vieux dégueulasse, hein [rires]. Mais je suis avec eux.

Tu commences à être habitué à diriger des enfants, c’est quelque chose que tu as pas mal fait dans ta carrière. Tu trouves ça intéressant ? C’est pas trop dur ?

J’adore, j’aime bien. Après, il faut les choisir. Janaïna, c’est presque une exception, c’est comme Thomas Gioria ou Fantine Harduin, ce sont des gamins qui ont une intelligence du jeu, qui comprennent. Ça veut pas dire que ça dure, il y a un truc dans l’enfance ou l’éveil de l’adolescence de très poreux, ils sont disponibles, souples. Janaïna m’a vraiment impressionné. Elle a 11 ans, et elle anticipe tout, elle retient tout. Elle n’avait pas de texte. Elle était un peu perturbée par les frasques de Benoît de temps en temps, elle est un peu perdue par le nombre de personnes. C’était son tout premier film, mais elle était incroyable. La scène où elle engueule Mélanie qui joue sa mère, ça durait si longtemps, il y en avait des kilomètres. C’était incroyable.

Elle ne va pas pouvoir voir le film tout de suite en plus.

Si, si, elle vient samedi 11 septembre à l’Étrange Film Festival.

Elle a l’âge requis pour ?

… Ouais, ouais ! [rires]

Tu as cité pas mal de thrillers, on a eu pas mal de films qui nous sont venus en tête, dans la forme, il y a un peu de giallo italien, c’est un peu un film qui résume toute la cinéphilie de Fabrice Du Welz, non ?

Ouais, sans doute, mais je ne m’en rends pas compte. Le giallo est important, le film gothique, de fantôme…

Dans l’image.

Oui, oui… On l’a préparé comme ça, avec mes deux Manu [Manu Dacosse et Emmanuel de Meulemeester, ndlr], je les convoque avec le 1er assistant qui nous trouve les meilleurs horaires côté lumière et on travaille beaucoup en amont, les textures, la lumière, la matière. Tu vois bien qu’il est hors de question de mettre des plafonds, non. La lumière, c’est à chaque fois la source qui éclaire le sujet, toutes les sources sont justifiées, toujours. Donc on se pose toujours cette question-là. En fait, on n’invente rien. On travaille comme des artisans, comme les gens du cinéma le faisaient il y a encore quelques décennies. Maintenant, tout a changé. Le numérique fait que les gens n’éclairent plus, ils font de l’étalonnage en post-prod.

C’est un parti pris de ta part, de dire “on va retourner au 16mm, on va prendre que de la lumière naturelle, on assume la noirceur de la nuit” ?

C’est une profession de foi, monsieur [rires]. C’est vraiment ça. J’aime la pellicule. Et niveau grain, tu ne pourrais pas retrouver ça en numérique, la lumière si mais bon. Il y a aujourd’hui une telle peur du noir, il suffit de voir le cinéma américain d’il y a 40 ans, pas si loin, Eastwood dans Bird, tu as des scènes de voiture très noires. C’est juste nous, on a peur, il faut tout éclairer, surtout voir l’acteur. Je pense que la lumière raconte quelque chose, c’est un élément dramaturgique, c’est une intention de mise en scène. Ce que tu éclaires, ce que tu mets dans l’ombre. Ce que tu mets dans la lumière, ou pas. C’est comme en peinture, c’est narratif.

Tu as aussi été inspiré par la photo de Gordon Willis, cet espèce de clair-obscur, tu as pu te faire plaisir dans ce manoir avec peu de lumière là-dessus.

J’essayais d’intégrer toujours la lumière comme un élément de notre quotidien. Que forcément, la lumière bascule dans notre journée. Comment tu intègres naturellement la lumière dans ton récit ? C’était très compliqué, parce qu’on le faisait quasiment en direct tu vois. Puis après, avec un Benoît pas toujours technique. Il y avait des tronçons dans la scène où je leur disais d’aller jusqu’à tel endroit, parce qu’après, j’allais changer la lumière. Ouais, c’était très compliqué, un vrai bordel.

J’ai lu que tu ne l’as fait qu’en une vingtaine de jours. C’est très peu. Alors d’accord, c’est quasiment un huis clos, avec quatre personnes au centre du récit, mais quand même.

On va vite, on travaille bien. C’est la chance d’avoir une équipe avec qui je travaille depuis longtemps maintenant. On se connaît bien, on se comprend, on va vite. Dacosse est devenu un chef op prodigieux. Ça devient très familial notre petite entreprise. Même Benoît mine de rien, c’était une inconnue mais même quand ça n’allait pas, il se lançait. Et les jours où ça allait, c’était fou. Tu appuyais sur un bouton et il se lançait. La scène où il pleure devant ses lettres, j’ai été le voir pour lui dire qu’il fallait qu’il soit dans un état de fragilité incroyable et qu’il se mette à pleurer. Il me dit “ok, laisse-moi 5 minutes“, et devant la caméra, il s’écroule et t’as ta prise. En une fois, on l’avait. Bon, après, il fête ça [rires].

Y a plein de moments que tu as fait en une ou deux prises du coup, c’était voulu ?

Ouais, c’était surtout technique. Je voulais m’effacer côté mise en scène. Il y a aussi un film qui m’a accompagné pendant tout ce processus, c’est Voici le temps des assassins de Julien Duvivier. Pareil pour Péché Mortel de John M. Stahl. Donc voilà, tout le monde était préparé, allait dans la même direction et dans ces cas, ça va vite oui.

Est-ce que tu as pris soin quand même pendant l’écriture de bien doser l’action, l’émotion, ou c’est naturel ?

J’ai essayé d’être beaucoup plus narratif que sur mes précédents films. On m’a souvent reproché l’errance de certains de mes scénarios, ce que je peux tout à fait comprendre. Donc ici, contrairement à Adoration qui est un film que j’aime beaucoup mais qui malheureusement est passé un peu inaperçu, je me suis dit, là, je vais écrire et vraiment travailler mon art et la tension pour plus prendre le spectateur par la main.

Que ce soit des films comme CalvaireAlleluia ou Adoration, je mets le spectateur face à quelque chose. Il achète ou il achète pas. Ici, il était question d’avoir une prémisse un peu plus Chabrolienne, tu prends le spectateur, doucement tu déconstruis, et tu tends, tu tends, tu tends. Et même ma mère ou les copines de ma mère peuvent voir le film et se dire “mais enfin, qu’est-ce qu’il se passe“, aller jusqu’au bout, et accepter un peu plus la violence du dernier acte. Je voulais être plus malin, essayer de l’être.

T’as trouvé ça plus facile à écrire du coup ?

Non, ça a été un gros travail difficile, mais je pense qu’il m’a fallu beaucoup de temps pour le comprendre. Là, je vais pouvoir faire beaucoup plus attention à ça.

C’est une recette que tu préfères maintenant, pour tes scénarios ?

C’est mon septième film, je peux pas continuer à ne faire que des films assez confidentiels. J’aimerais intéresser un peu plus les gens, et j’espère, en tout cas, je crois que ce film… Je dis pas que c’est Intouchables hein [rires], mais il emmène le spectateur quelque part et c’est plus classique forcément, il y a un classicisme qui est là, qui est voulu et conscient, mais qui est déviant. C’est-à-dire que tu as l’impression que c’est balisé, et c’est jamais exactement comme tu crois que ça sera.

Inexorable est prévu en salles le 22 janvier 2022.

Entretien réalité par Arthur Cios et Louis Lepron lors du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2021.