Voilà pourquoi on risque de ne pas revoir Cyborg dans un film DC

Voilà pourquoi on risque de ne pas revoir Cyborg dans un film DC

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Par Arthur Cios

Publié le

Une histoire de grosses embrouilles entre la Warner et l'acteur Ray Fisher.

Cela fait des mois que l’on parle de la production catastrophique de Justice League. Depuis l’annonce de la sortie de la version qu’avait en tête le réalisateur initial Zack Snyder avant de quitter le projet, donnant un film totalement différent du désastre diffusé dans les salles obscures du monde entier, tout le récit de la création de ce flop est sorti.
Un des aspects les plus intrigants demeure la relation tumultueuse entre Ray Fisher et ce film. L’acteur qui joue Cyborg – qu’on avait déjà aperçu dans Batman V Superman pour teaser l’arrivée de son personnage dans ledit Justice League – l’a en travers de la gorge. Et quelques mois plus tard, la situation n’est (vraiment) pas prête de s’arranger. Explications.

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Aux origines d’un Justice League râté

Au moment où tout l’Internet s’enflammait sur la potentialité du retour de Snyder pour finaliser son affaire et enfin avoir son final cut du film choral sacrifié de la DC, les langues se sont déliées. Et notamment sur le réalisateur Joss Whedon.

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Rapide rappel : en 2016, alors que le tournage est terminé et que le film entre en phase de post-production, la fille de Zack Snyder se suicide. Ce dernier et sa femme Deborah Snyder, productrice du film en question, se retirent du projet, le temps de se concentrer sur leur famille et de se reconstruire après ce drame.
On explique en interne que le studio cherchait à le virer, donc la Warner en profite pour faire appel à Joss Whedon, papa de Buffy et à qui l’on doit les deux premiers Avengers, pour finaliser le projet. Un choix logique, vu ses cartons chez la maison concurrente (Disney/Marvel).
Mais ce dernier voit trop loin et décide de profiter des classiques reshoots (moment traditionnels dans la production d’un blockbuster, où des mois après la fin de tournage, on retourne certaines séquences trop faiblardes dans le montage pour assurer la qualité du produit fini) pour complètement changer le ton et l’histoire que Snyder a montée. Des reshoots qui coûtent 25 millions de dollars, du jamais-vu, ce qui en dit long sur l’ambition du cinéaste.
Pour de très nombreux fans, tous les défauts du film proviendraient des changements opérés et des arcs sacrifiés par Whedon. Une vision un peu simpliste, qui masque une certaine réalité. Le grain du film, certains pans de l’histoire et même le fameux “moustache-gate” seraient plus ou moins de sa faute – Henry Cavill, qui joue Superman, n’avait pas prévu de faire de reshoots et avait un contrat avec la Paramount l’obligeant à garder la moustache qu’il devait avoir pour incarner le vilain de Mission Impossible: Fallout ; cette dernière a été retirée numériquement et le résultat est objectivement raté.

(DC Comics / Warner Bros.)

Alors forcément, quand Snyder a annoncé proposer sa version quelques années plus tard, tout le monde a commencé à reprendre espoir, et à cracher de plus bel sur le Justice League qu’on connaît. Mais plus encore que sur le produit fini, certains témoignages ont commencé à émerger à propos du comportement de Joss Whedon sur le plateau de tournage. Et le plus virulent à cet égard, c’est bien Ray Fisher.

Warner vs Ray Fisher

Il faut dire que l’on sait que l’arc de son personnage, Cyborg, a été le plus mis de côté par le réalisateur. Mais ce n’est pas tant sur ce point-là que Fisher a poussé un coup de gueule. Sur Twitter, le 1er juillet 2020, soit près de quatre ans après le tournage et au moment où le Snyder’s Cut commençait à faire parler de lui, il déclare ainsi :

“La manière dont Joss Wheadon [sic] a traité le casting et l’équipe de Justice League pendant le tournage était grossière, abusive, non professionnelle et complètement inacceptable. Et il a pu le faire, de bien des manières, à cause de Geoff Johns et Jon Berg [coproducteurs du film, ndlr].
Responsabilité > Divertissement.”

Propos qu’il a réitérés lors du Comic-Con at Home, même s’il avait déclaré quelques semaines avant ne pas pouvoir en dire plus du fait de son contrat de confidentialité avec la Warner. Il a indiqué que si ses mots étaient forts, ils étaient pourtant vrais. Avant de déclarer que Whedon “devrait avoir peur”, parce que toute l’affaire allait éclater au grand jour sur “cet environnement de travail toxique et abusif” car, dans la foulée, une enquête a été lancée pour savoir ce qu’il s’était vraiment passé.
Problème : l’enquête de la Warner n’a pas abouti sur grand-chose. D’un côté, on clame que Fisher n’a pas joué le jeu, ne souhaitant pas parler aux personnes externes censées mener l’enquête, et que les preuves n’étaient pas assez concluantes, avant d’expliquer que des désaccords sur la construction d’un personnage sont quelque chose de commun dans l’industrie du cinéma.
De l’autre, l’acteur raconte que le patron de la branche DC chez la Warner, un certain Walter Hamada (qui n’est à ce poste que depuis 2018), l’a appelé pour lui demander de laver le nom de Jon Berg – mais pas les deux autres, qu’il serait prêt à sacrifier selon Fisher. Puis, quelques semaines plus tard, l’acteur a été un peu plus explicite sur les raisons de sa colère et a raconté, sans trop pouvoir en dire plus une fois encore, qu’il y avait selon lui un biais racial dans le traitement de son personnage par Whedon, indiquant à Forbes :

“L’effacement des personnes de couleur dans la version cinéma de 2017 de Justice League n’est ni un accident, ni une coïncidence”.

Où en est-on maintenant, en 2021 ? Les annonces ne vont pas dans le sens de l’acteur. Alors que l’enquête est désormais caduque, on apprend que Hamada vient de voir son contrat de grand patron des films DC renouvelé, et que Cyborg ne serait plus de la partie pour le film stand-alone Flash. Ce dernier devait en effet faire son grand retour dans le premier long-métrage sur son comparse de la Justice League, mais cela ne sera pas le cas – le personnage ne sera pas recasté pour l’instant.
Cette décision ne vient peut-être pas du studio, mais de l’entourage de l’acteur. Il y a quelques jours, avant que Hamada ne soit renouvelé, Ray Fisher avait expressément indiqué sur Twitter qu’il ne comptait pas tourner à nouveau dans un film DC tant que Hamada serait de la partie :

“Walter Hamada fait partie du plus dangereux type de managers. Ces mensonges et son coup de communication raté du 4 septembre [date de la sortie du rapport indiquant que l’enquête en cours ne pouvait pas aller plus loin, ndlr] ne servent qu’à amoindrir les vrais problèmes liés à l’enquête sur Justice League.
Je ne participerai à aucune production associée à ce dernier.
Responsabilité > Divertissement”


On pensait que ce message allait avoir un certain impact. Pour rappel, il est l’un des premiers émissaires du Snyder’s Cut, sans qui les fans n’auraient sans doute jamais eu ce film. Et Fisher a, malgré tout, tout un tas de fans derrière lui, déçus du comportement du studio à son égard.
Mais les annonces de Hamada sur la stratégie de DC dans les prochaines années, avec à partir de 2022 six films par an à moitié sur HBO Max, à moitié en salle, a dû rassurer les investisseurs (l’action en Bourse de la Warner ayant gagné 2 points le jour de cette annonce), et a sans doute permis à Hamada de sauver sa tête. Au grand dam de l’acteur, donc.
En tout cas, c’est clair : à part dans ce Snyder Cut, on n’est pas prêt de revoir Ray Fisher en Cyborg au cinéma.