Pourquoi il est temps d’arrêter de cracher sur Robert Pattinson

Pourquoi il est temps d’arrêter de cracher sur Robert Pattinson

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( © Ad Vitam )

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Par Lucille Bion

Publié le

Avec Good Time, Robert Pattinson confirme son émancipation. Grâce au cinéma d’auteur, il tire un trait sur son passé de vampire ultrasexy, pour jouer les antihéros.

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Il est temps d’arrêter de cracher sur Robert Pattinson. Depuis le phénomène Twilight, le jeune anglais a tracé son chemin en parvenant à décoller deux étiquettes ultrarésistantes qui lui collaient à la peau : ex-vampire et petit ami humilié de Kristen Stewart.

En quatre étapes, retour sur le parcours confirmé d’un homme victime de sa popularité, attirant les paparazzis et l’attention de la gent féminine. Avec Good Times, film noir explorant les rues new-yorkaises, Robert Pattinson rayonne comme jamais. De Hollywood aux films indé, le fantasme des ados est devenu assurément respectable.

La main tendue de Cronenberg

Si Twilight lui a permis de faire décoller sa carrière en 2008, Robert Pattinson a essayé pendant quelques années de s’installer durablement. Après la saga pour teenagers, il y a bien sûr eu Remember Me (2010) ou De l’eau pour les éléphants (2011), mais il n’était pas plus qu’un objet de fantasme, un argument de vente. Sans y mettre les formes, disons que le descendant de Dracula a galéré pour décrocher un rôle pertinent. Un peu comme un Tobey Maguire qui cherche à quitter son costume de Spider-Man. Avant ça d’ailleurs, on l’oublie souvent, mais l’acteur maniait une baguette magique dans Harry Potter et la Coupe de feu (2005), sous les traits du sorcier Cedric Diggory.

Lorsque l’adaptation de la franchise romantique écrite par Stephenie Meyer prend fin après cinq films en 2012, l’ex-acteur de blockbusters est libre. David Cronenberg l’approche alors et lui offre le rôle-titre de Cosmopolis : à bord de sa limousine, il se fraye lentement un chemin dans les rues chaotiques de New York. Envoûtant, magnétique et provocateur, Robert Pattinson symbolise “l’homme en chemise blanche, si fortuné et si désirable”. Seul ou presque, il nous tient captivés d’un bout à l’autre, pendant presque deux heures. Et au cinéma, on peut certes avoir le premier rôle et être exposé plus que les autres, mais il y a quand même une différence entre “être la tête d’affiche” et “tenir un film tout seul”. Rien que pour ça, Robert Pattinson vient de gravir une marche sur l’échelle de la reconnaissance.

Deux ans plus tard, le duo Pattinson-Cronenberg remet le couvert avec Maps to the Stars. Pour certains, et notamment le jeune public, Robert Pattinson est le verre d’eau qui aidera à faire passer la pilule cronenbergienne. Cosmopolis est d’ailleurs un bel exemple de film que l’on aime ou que l’on déteste.

L’homme de l’ombre

Coup de maître ensuite avec Life, un biopic sur la relation entre James Dean et le photographe Dennis Stock, où se concentrent des sujets profonds, comme le jeu de rôles et le questionnement de la célébrité. En 2015, Dane DeHann (qui incarne James Dean) n’est pas grand-chose, comparé à celui qui joue Dennis Stock. Pourtant, Life dessine une hiérarchie contraire de la fame, inversant les tendances pailletées de Hollywood. Avec ce film, on commence à voir clair dans le jeu de Robert Pattinson, que les plus redoutables plumes commencent à qualifier d’intelligent, soulignant désormais ses choix de carrière.

En effet, avec ce rôle, il accepte volontiers de s’effacer au second plan, préférant photographier avec acharnement les traits d’une légende de cinéma à l’éternelle jeunesse. La star, ce n’est plus lui. La cible des projecteurs ne devient que le sidekick, le photoreporter qui doit faire ses preuves pour percer, se faire un nom. Et c’est ce que l’on appelle communément une occasion en or. Son CV est parfait pour le film : il peut reprendre un nouveau départ. Délicat et attentif, Robert Pattinson préférera un jeu élégant, loin du tapage auquel il nous avait habitués.

La conquête d’un nouveau terrain

Dans son élan, il décroche un rôle d’aventurier dans deux films. Dans le premier, Queen of the Desert (2014), de Werner Herzog, il incarne Lawrence d’Arabie. Dans le second, The Lost City of Z (2016), de James Gray, il joue Henry Costin, un collaborateur fictif de Percy Fawcett, l’un des plus grands cartographes britanniques du siècle dernier, mystérieusement disparu en 1925, alors qu’il tentait de découvrir une cité perdue.

Avec ces deux rôles, qui entérinent sa nouvelle idylle avec le cinéma d’auteur, Robert Pattinson semble nous faire comprendre qu’il préfère revenir à l’authenticité. Son premier amour du jeu d’acteur ? Il pourrait s’agir de Shakespeare. Il a même confié à Vanity Fair : “Si je le jouais maintenant, on m’assassinerait. Tout le monde dirait : ‘What the fuck?’

La consécration

Il se raconte que pour intégrer Good Time, son dernier film, Robert Pattinson a presque harcelé Joshua et Ben Safdie. Les réalisateurs auraient même écrit cette histoire fraternelle, entachée par un braquage qui tourne mal pour l’acteur. Le personnage de Robert Pattinson n’est pas plus aimable que dans Life : Connie sillonne les rues de New York, comme dans Cosmopolis. Cette espèce d’antihéros aux allures de voyou tente d’échapper au système.

Présenté à Cannes, en compétition officielle, le film a offert l’opportunité à l’acteur de prétendre au prix d’interprétation masculine – qu’a finalement récupéré Joaquin Phoenix pour A Beautiful Day. Mais cet électron libre n’a pas besoin de l’inauguration de sa cabine le long des Planches de Deauville ou d’un prix symbolique du cirque cannois pour que l’on comprenne que l’époque Twilight est révolue. Le vampire a vaincu sa malédiction.