Pour la première fois, une cinéaste noire est au sommet du box-office américain

Pour la première fois, une cinéaste noire est au sommet du box-office américain

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Par Lucille Bion

Publié le

Derrière ce succès, Nia DaCosta raconte également le sexisme et le racisme auxquels elle a été confrontée.

Sorti le 27 août aux États-Unis, le remake de Candyman a cartonné au box-office américain. En engrangeant 22 millions de dollars le premier week-end de sa sortie sur le territoire américain, le film de Nia DaCosta a gagné la première place du box-office. Ainsi, elle est devenue la première cinéaste noire à détenir un tel record, une information reprise par de nombreux médias américains, d’IndieWire à Deadline. À titre de comparaison, lorsque le film d’horreur culte est sorti au cinéma en 1992, il avait empoché un peu plus de 5 millions de dollars

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Produit par Jordan Peele, ce film ressuscite le mythe de Candyman, le fameux tueur que l’on invoque en prononçant cinq fois son nom devant un miroir. Selon la légende, sa main lui fut coupée et remplacée par un crochet avant d’être recouvert de sirop pour attirer les abeilles. Dans ce remake, la réalisatrice imagine la panne d’inspiration d’un peintre qui reprend du service lorsqu’on lui conte l’histoire sordide de Candyman. Sa puissante créativité lui permet d’exposer ses œuvres mais va également ramener Candyman et sa folie. 

Le film se déroule dans un Cabrini Green – quartier de Chicago – gentrifié et prend le parti de mettre en scène le racisme et les violences policières, comme on avait pu le voir dans le premier trailer dévoilé par la cinéaste en 2020 : 

Un racisme insidieux

Malgré ce succès au box-office, la cinéaste a alerté le public sur les conditions dans lesquelles elle a travaillé. En précisant d’abord qu’elle était la seule personne racisée de la production avec Jordan Peele, elle a confié au Guardian qu’elle a été confrontée à du sexisme et un manque de respect “choquant” de la part des personnes qui travaillent pour elle.

En abordant d’abord des commentaires sur les cheveux noirs, elle se souvient ensuite d’une nuit où elle attendait son assistante et où un homme blanc de son équipe a plaisanté en lui demandant si elle tapinait avant d’ajouter :

“Cela m’est arrivé tellement de fois, avec des gens qui travaillent au-dessus de moi, à mon niveau ou en dessous. Sur le moment, vous vous dites simplement : ‘Laisse tomber.’ Vous faites avec. Mais rétrospectivement, je ne le ferai plus jamais.”

Nia DaCosta a grandi a Harlem et a été élevée par sa mère, une Jamaïcaine. Ancienne chanteuse, qui a fait ses armes dans le groupe Worl-A-Girl, elle a toujours soutenu sa fille dans ce métier mais l’a avertie que ce serait “très dur” et qu’elle ne deviendrait pas forcément riche. Pour celles et ceux qui ne veulent pas voir ce remake de Candyman, la cinéaste – également grande fan de comics – montrera de quoi elle est capable dans The Marvels, la suite de Captain Marvel qui s’inscrit dans la continuité des séries WandaVisionet Ms. Marvel. Cette grosse production est prévue pour 2022.