Portrait : Simu Liu, de comptable et mannequin Getty à nouveau héros Marvel

Portrait : Simu Liu, de comptable et mannequin Getty à nouveau héros Marvel

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Par Arthur Cios

Publié le

L’acteur canadien avait tout pour ne jamais devenir une star de chez Disney.

Si le MCU est vu comme une usine qui pond blockbuster sur blockbuster, il y a une chose qu’il faut savoir reconnaître à Disney et Marvel : ils ont le nez pour dénicher de beaux talents pour leurs films. Car outre les stars déjà mondialement connues, les 24 films super-héroïques sortis depuis 2008 ont permis au public de découvrir tout un tas d’acteurs et actrices assez peu connus jusque-là.

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On pense notamment à Robert Downey Jr., dont la carrière mourrait à petit feu, entre scandales, soucis de santé et addictions à gogo, avant d’être récupéré pour incarner Tony Stark. On peut également citer Paul Rudd, que l’on connaissait pour ses comédies avec Will Ferrell et ses films romantiques, excellent en Ant-Man. De même pour Chris Pratt. Qui aurait pu deviner que le balourd Andy Dwyer de Parks and Recreation pouvait être un héros ? De même, personne ne connaissait Chris Hemsworth, Tom Holland et Tom Hiddleston avant de les voir dans le MCU.

Le MCU a donc un talent pour dénicher les grands noms de demain, leur permettre de devenir des personnalités connues et reconnues à travers le monde, et ne se trompe que rarement. Parfois, il y a même des histoires surprenantes. On pense au cas de Simu Liu, la star de Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux, qui n’avait absolument rien pour devenir un futur Avengers. Et pourtant.

Quand on le voit à l’écran, cela semble évident. Même quand il croise Awkwafina (qui n’a plus grand-chose à prouver) ou la légende Tony Leung, il réussit à marquer l’écran. Un futur grand de chez Marvel, qui va sans doute se mettre à travailler à gauche à droite. Une possibilité qu’il n’aurait jamais cru pouvoir effleurer il y a quelques années, alors qu’il travaillait bien loin des plateaux de tournage.

De comptable à acteur bankable, il n’y avait qu’un (grand) pas

Le jeune homme est né en 1989 en Chine (Harbin), avant de débarquer à l’âge de 5 ans au Canada. Il étudie le business et se dirige vers une carrière toute tracée : en 2011, il commence son premier emploi post-diplôme, et est alors comptable pour Deloitte. Sauf qu’il n’y reste que quelques mois. Le jeune Simu a en fait d’autres plans en tête.

Pour lui, ce parcours universitaire était un plan B. Son rêve a toujours été d’être acteur et cascadeur. Lui-même le reconnaît, à notre micro : “J’ai toujours, toujours, été très athlétique.” Depuis qu’il est gamin, il pratique quotidiennement de la gym, du taekwondo, du basket. À côté de ses études, il essaye ici et là de jouer.

On le retrouve même dans des images Getty, diffusées récemment sur Twitter :

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À nos confrères de PureBreak, il explique avoir incarné Spider-Man dans des goûters d’anniversaire, comme s’il était destiné à rejoindre l’univers Marvel. Sauf qu’il faudra du temps pour se faire un nom. En poussant quelques portes, il passe de simple figurant (sur Pacific Rim ou dans un clip d’Avicii) à cascadeur, pour finir par incarner des personnages secondaires et parfois moins secondaires dans diverses séries.

Shang-Chi est donc son premier vrai film. Son premier rôle au cinéma, et pas des moindres puisqu’il rejoint l’usine Marvel directement pour incarner ce qui sera sans doute à l’avenir un protagoniste phare de la saga. Ce n’est pas rien, même s’il a essayé de prendre ça avec le plus de recul possible, et qu’il a réussi, comme nous l’explique Awkwafina :

“Nous avons beaucoup parlé de ça avec Simu, que ce n’était pas que son premier film mais aussi une sacrée pression et pas une mince affaire – ce qu’il a géré avec beaucoup de grâce et de respect. Il faut dire qu’on travaille tellement facilement avec lui, qu’on s’amuse beaucoup au final.”

Même quand il est face au grand Tony Leung, qui incarne à l’écran le père de son personnage, ou Michelle Yeoh, “des gens qui sont la raison pour laquelle lui et moi sommes là”, comme l’indique Awkwafina, il a réussi à garder son sang-froid.

Sans doute que son entraînement très rude de six mois en amont du tournage l’a aidé à se préparer à rentrer sur le ring. Pour devenir plus musclé, pour retenir les chorégraphies de combat, mais aussi pour se préparer psychologiquement et rentrer dans le personnage, comme nous explique le réalisateur Destin Daniel Cretton :

“C’est évident qu’il a mis plus d’effort que les autres, il est dans quasiment toutes les scènes et c’est lui qui a les plus dures. […] Je ne pense pas qu’il avait autant de travail émotionnel à fournir auparavant dans ses travaux, mais je suis sûr que son entraînement très intense pendant des mois l’a aidé à entrer dans le personnage et donc à le préparer pour les moments les plus difficiles du tournage.”

Car des moments difficiles, il y en a eu. Notamment les scènes de combats, où l’acteur a tenu à faire le plus de cascades possible. Vu son passif, cela n’étonnera personne, mais à l’ère du tout-numérique, des assurances mirobolantes des stars et des fonds verts à gogo, cela détonne un peu. Pour le principal intéressé, c’était somme toute logique :

“J’ai voulu faire tout ce que je pouvais faire. Dans le sport, tu veux la responsabilité, tu ne la fuis pas. Au basket, quand on demande qui veut tirer le dernier panier décisif, personne n’esquive, tout le monde veut le faire. Pour moi, sur le plateau, c’était pareil. Je suis venu avec un esprit compétitif, et si c’était sans danger, je tenais à le faire, malgré les assurances et tout. Et je pense que ça aide le film, vu le nombre de plans serrés dans les cascades, ça aide.”

Mais malgré ces longs mois de préparatifs, ce serait mentir que de dire que Simu était totalement serein. Reconnaissant avoir abordé le sujet avec beaucoup moins de stress qu’on pourrait l’imaginer, il avoue tout de même que tout n’était pas simple. S’il s’est détendu, c’est parce que son réalisateur lui rappelait sans cesse, selon ses propres mots :

“On ne fait pas un film de super-héros, on raconte l’origine d’un personnage, une histoire humaine à propos d’émotions, de famille, de moments intimes derrière ce très large univers.”

Et c’est réussi. Pas pour rien que le film est aussi haut dans notre classement des films du MCU. Reste à savoir si cette philosophie lui permettra de devenir une star de Hollywood, une vraie à la carrière riche en dehors des carcans marveliens. On le découvrira assez vite, puisqu’il est toujours annoncé au casting d’une nouvelle version d’Arthur the King aux côtés de Mark Wahlberg.