NEW WAVE #2 : Stéfi Celma, partagée entre la musique et le cinéma

NEW WAVE #2 : Stéfi Celma, partagée entre la musique et le cinéma

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Par Lucille Bion

Publié le

Ils sont jeunes, viennent d’un peu partout et vont prendre la relève du cinéma. On leur donne la parole dans notre nouvelle série d’interviews ciné : “NEW WAVE”. Après Finnegan Oldfield, place à la douce et déjantée Stéfi Celma.

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Ni actrice, ni chanteuse (elle refuse de choisir), Stéfi Celma est un électron libre qui avait prévu de devenir ingénieure du son. Finalement, sa créativité fait que l’artiste se retrouve sur le devant de la scène, micro en main. Retour sur son enfance et ses premiers succès qui font le grand écart entre la chanson et le cinéma.

Pleine d’énergie – pour ne pas dire hyperactive -, la radieuse Stéfi Celma au sourire XXL vient d’exploser avec la série Dix pour cent en jouant Sofia, la standardiste. Du mannequinat aux comédies musicales, puis du théâtre au cinéma, la trentenaire semble avoir eu mille occasions de briller. Aujourd’hui, elle ressort des vieux cartons le tube d’Alizée pour jouer les lolitas complètement schizo’.

Une performance folle à regarder, juste avant son interview :

Konbini | Quel âge as-tu ?

Stéfi Celma | 30 ans, bientôt 31.

Je suis née en 1986. Cette année-là, à Roland Garros, il y avait Steffi Graf et Gabriela Sabatini : mon père hésitait entre ces deux prénoms. Finalement, c’est ma sœur qui a tranché ! Mais ce que mon père ne savait pas, c’est que Stéfi n’était pas son vrai prénom, c’est un diminutif et quand je lui dis maintenant, il fait comme s’il le savait [Rires].

As-tu des surnoms ?

Comme mon nom est déjà très court, on m’appelle essentiellement Stef’.

Où as-tu grandi ?

Mes deux parents sont martiniquais. Moi, je suis née à Paris, dans le 14e arrondissement mais j’ai grandi à Stains. Après on est revenus en Martinique où j’ai commencé à l’école primaire. On est ensuite retournés à Stains puis on est allés dans le 77 à Mesnil-Amelot, mais je suis allée à Paris pour faire mes études.

Tu as fait quoi comme études ?

J’ai fait un bac scientifique “science de l’ingénieur, génie électrique” comme on disait, à l’époque. J’étais la seule fille dans la classe et c’est con de dire ça, mais c’était vraiment cool et sans prise de tête !

J’ai suivi ce cursus parce que je voulais être ingénieure du son pour découvrir des artistes. Ma prof principale me disait que j’avais de trop bons résultats dans les matières scientifiques et qu’il fallait que je reste dans ce domaine. Je me suis inscrite en fac de mathématiques appliquées à la Sorbonne.

Je me suis rendu compte que je n’étais pas du tout à ma place. On passait nos journées à faire des exercices en mode : “quand a inclus b dans c, d inclus f dans x, donc si x est égal à f…” J’ai demandé à ma voisine de classe si sérieusement, ça lui plaisait. Et ouais, elle adorait [Rires].

Du coup, je suis partie au bout d’une semaine. Mes parents ont été trop choux, ils ont mis toute leur énergie pour m’aider à trouver ma voie.

Tes parents travaillent dans le milieu artistique ?

Tellement pas [Rires]. Ils sont tous les deux à la retraite, mais mon père était prof et ma mère secrétaire administrative. Donc ils étaient tous les deux fonctionnaires mais on a toujours écouté beaucoup de musique à la maison.

Ensemble, on a beaucoup parcouru la France en voiture : on chantait tous en chœur du Michel Berger, du Compay Segundo, des groupes antillais… C’était très varié.

Ce qui est cool aussi, c’est que du côté de mes oncles, tantes, cousins et cousines, il y a pas mal de musiciens et de chanteurs de gospel. Quand j’étais jeune, j’allais souvent les voir chanter.

“Il faut que cet enfant s’exprime. Ce n’est plus possible”

Donc ton premier amour, c’est plus la musique que le cinéma : maintenant tu te considères plus chanteuse ou actrice ?

Je ne saurais pas répondre car j’ai l’impression que les deux font ce que je suis aujourd’hui. Je ne pourrais pas me passer de musique et je ne pourrais plus me passer de jouer.

La musique fait entièrement partie de ma vie, c’est vrai. J’ai même tenté de me lancer dans des projets à une époque mais avec des gens que j’admirais peut-être un peu trop, des “musiciens prodiges” et du coup je me suis oubliée. Je me suis alors demandé si c’était fait pour moi et j’ai continué uniquement pour le plaisir.

Mais à chaque fois que je partais dans cette optique, le cinéma m’a offert la possibilité de poser ma voix sur un projet. Par exemple, on m’a proposé de faire la BO de Case départ.

Pareil, sur Dix pour cent. Je me suis retrouvée au casting avec ma guitare, parce que j’allais enchaîner avec une répétition avec mes potes. Je l’ai posée dans un coin et Cédric Klapisch s’y est tout de suite intéressé : on a parlé musique et je leur ai joué un morceau à la fin.

C’est ce qui a fait que le personnage de Sofia chante, ce n’était pas du tout prévu ainsi.

Mais tu as quand même commencé à te faire connaître grâce à la musique, non ?

Oui, j’ai d’abord eu mon contrat pour la tournée de la comédie musicale de Zazie. J’avais mis des chansons sur My Space que j’avais faites avec un pote. Le directeur de casting a dû tomber dessus et m’a envoyé un mail pour que je passe des essais, suite auxquels j’ai été recrutée.

Plus tard, il m’a ensuite rappelée pour un autre projet “Je m’voyais déjà”, une comédie musicale écrite par Laurent Ruquier avec les chansons de Charles Aznavour.

La légende raconte que tu faisais aussi du mannequinat quand tu étais petite ?

Quand j’étais petite, je faisais toujours le clown. Par exemple, pour l’élection de Miss France je me fabriquais une couronne en papier et une écharpe pour faire Miss Martinique et je défilais dans la maison. Quand il y avait des enfants chez nous, j’avais toujours un spectacle en réserve. Je les réquisitionnais, même s’ils n’avaient pas envie : je ne leur laissais pas le choix ! J’épuisais tout le monde. [Rires].

Mes grands cousins me le reprochent encore. À l’époque, ils regardaient MacGyver à la télé, ils étaient au taquet ! Moi je prenais la télécommande et hop, fini, j’éteignais tout pour faire mon show. [Rires]

C’est à ce moment-là que ma grande sœur a réagi : “Il faut que cet enfant s’exprime. Ce n’est plus possible” [Rires]. Elle a demandé à un de ses amis de prendre des photos de moi et m’a inscrite dans une agence de pub pour enfant. J’étais trop heureuse mais ce qui était paradoxal c’est que j’étais aussi très timide. Il fallait que je me sente en confiance pour être moi-même.

Attends, on en était où déjà ? Je suis partie loin là… [Rires]

Tu racontais ton expérience de mannequin !

Ah oui ! Et donc Brice Compagnon m’a fait passer un casting pour une campagne Benetton à huit ou neuf ans, avec mes caca-moutons, tu sais, les anciens buns, et il m’a ensuite rappelée quand j’avais 15 piges.

Cette expérience t’a plu ?

Petite, ça m’amusait beaucoup. Mais après, quand j’ai commencé à être plus âgée, j’ai fait des trucs beauté car je n’avais pas les mensurations et ça ne m’intéressait pas de maigrir. Ce qui m’a moins plu, c’est qu’en grandissant, il n’y a plus le côté fun. Tu arrives avec ton book, il y a trente meufs et on te dit : “Bonjour. Merci. Au revoir.” Il y a un truc complètement déshumanisé qui m’a gênée.

Dans tout ça, le cinéma est arrivé à quel moment ?

Juste après “Je m’voyais déjà”, une directrice de casting a vu la pièce et m’a proposé de jouer des jumelles dans une série qui s’appelait Seconde chance. J’étais un peu hésitante comme c’était nouveau mais je me suis quand même rendue au casting, où j’ai été prise tout de suite.

Je trouvais ça très rapide. C’était une belle expérience, mais j’ai un peu flippé car je tournais toute la journée et j’étais au théâtre en parallèle, le soir. J’ai beaucoup d’admiration pour tous ces acteurs qui vivent cette instantanéité. Il faut être efficace tout de suite.

Y a-t-il des rôles que l’on te propose trop souvent maintenant ?

Non, j’ai eu beaucoup de chance. Au tout début, comme je n’avais encore rien fait, j’avais souvent des rôles liés à ma couleur de peau, mais finalement, ça a changé assez vite. Là, tout ce qu’on me propose c’est le rôle d’une “fille entre 25 et 30 ans, ou plus”. Ça n’a rien à voir avec ma couleur de peau, et tant mieux !

Selon toi, quel film ou série t’a fait décoller ?

Franchement, je pense que c’est Dix pour cent. Parce que sur Les Profs, comme ce sont des personnages caricaturaux, c’était dur de jouer la comédie et de se mettre en avant. En l’occurrence, c’était un rôle tellement à l’opposé de ce que je suis. Je suis très féminine, mais pas de cette manière illuminée, très très fille. Pour moi, c’était plus un exercice qu’autre chose :

Dix pour cent, c’est vraiment une chance pour moi. Les auteurs et les réalisateurs sont merveilleux. Merci le ciel : ça m’a tout ouvert ! J’ai la chance d’avoir des projets auxquels avant, je n’avais pas accès.

Et comment tu travailles, tu as un coach ?

Pour les auditions et travailler les scènes, j’utilise mon meilleur ami le dictaphone. J’aime bien répéter les scènes en chuchotant. C’est comme ça que je trouve des intentions. En général j’enregistre chaque réplique et je me passe tout d’affilé. Ça me permet aussi de savoir quand l’autre s’arrête. Parfois, je me le mets aussi comme une musique, quand je marche dans la rue.

Pour Case départ, j’ai aussi travaillé avec une coach. Comme c’était mon premier long-métrage, j’étais en panique. En plus ça touchait un sujet qui m’était très cher. Je voulais être juste. Ma tante historienne m’avait aussi envoyé plein de documents sur l’histoire de nos ancêtres. C’était fascinant.

Après, ce qui est cool c’est que j’ai eu beaucoup de projets où il y avait des répétitions en amont avec les réalisateurs.

Quels sont tes prochains projets ?

Le tournage de la saison 3 de Dix pour cent reprendra en janvier, ça devrait sortir en septembre. Mais je ne peux pas trop t’en dire plus, mon personnage a beaucoup évolué depuis la dernière fois que j’ai vu l’équipe.

Le reste, je ne peux rien dire. En revanche, comme je te le disais, j’ai fait des rencontres de ouf et en musique, ça va se passer entre Bruxelles et Kinshasa. [Rires]

D’abord félicitations ! Mais c’est bien large et mystérieux… Tu fais une tournée ?

Je vais être amenée à voyager : affaire à suivre. [Rires]

Une série qu’on a faite en pensant bien fort à Polo <3

Crédits :

  • Autrice du projet et journaliste : Lucille Bion
  • Direction artistique : Arthur King, Benjamin Marius Petit, Terence Mili
  • Photos : Benjamin Marius Petit et Jordan Beline (aka Jordif le roi du gif)
  • La Team vidéo : Adrian Platon, Simon Meheust, Maxime Touitou, Mike “Le Châtaigner” Germain, Félix Lenoir, Mathias Holst, Paul Cattelat
  • Son : Manuel Lormel et Axel Renault
  • Remerciements : aux brillants actrices et acteurs qui ont participé, à Rachid et la team Konbini, aux SR, à Benjamin Dubos, Raphaël Choyé et Anis Aaram, les agents et attachés de presse : Matthieu Derrien, Karolyne Leibovici, Marine Dupont, Pierre Humbertclaude, Nina Veyrier.