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Miles Teller : “J’aime que le public ne sache pas à quoi s’attendre de ma part”

Miles Teller : “J’aime que le public ne sache pas à quoi s’attendre de ma part”

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Par Charles Carrot

Publié le

Comme Jonah Hill, Miles Teller était en France la semaine dernière en amont de la sortie de War Dogs, le nouveau film du réalisateur de Very Bad Trip. Étoile montante depuis le succès de Whiplash, l’acteur a gentiment accepté de répondre à quelques questions.

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À 29 ans, Miles Teller a derrière lui une filmographie surprenante, évoluant d’un projet à l’autre en tâchant de toujours changer de registre. Après s’être fait remarquer en 2014 dans le brillant Whiplash de Damien Chazelle, y interprétant un batteur prêt à tout pour atteindre l’excellence, on l’avait retrouvé – surprise ! – dans Les 4 Fantastiques et la série des Divergente, des projets qui n’avaient clairement rien à voir. Le voici désormais dans la peau de David Packouz, un type lambda de Miami qui se retrouve millionnaire en devenant trafiquant d’armes un peu par hasard.

Librement adapté d’une histoire vraie – détaillée en 2011 dans un article incroyable du magazine Rolling Stone – War Dogs suit en effet le parcours de deux amis de lycée assez normaux, Packouz donc (Miles Teller) et surtout Efraim Diveroli, qui se servent du contexte de la guerre en Irak pour faire fortune, blanchissant de l’argent douteux, profitant de failles énormes dans le contrôle de la provenance des munitions. Mélange équitable de Lord of War (pour les thèmes) et du Loup de Wall Street (dans sa narration), le dernier film de Todd Philips (réalisateur des trois Very Bad Trip) est d’une efficacité redoutable, porté par un duo d’acteurs principaux très investis.
Alors, c’était comment, le tournage de War Dogs ? On a demandé à Miles Teller, entre deux questions sur sa carrière et le contexte politique des États-Unis.

Konbini | Bonjour Miles Teller, enchanté de faire ta connaissance…

Miles Teller | Enchanté également.

Tu apprécies la France jusqu’ici ?

Oui ! Dès que j’ai la possibilité d’y retourner, ça me plaît toujours.

Et tu viens souvent ?

Oh, je suis déjà venu à Deauville pour Whiplash il y a deux ans, et je suis allé à Paris deux ou trois fois avant ça, je crois. Très belle ville.

Depuis que tu as été révélé par The Spectacular Now et surtout Whiplash, justement, comment choisis-tu tes rôles ? Est-ce que tu as une logique ?

Oui, il y a une logique ! [Rires.] Tu sais, quand tu commences à bosser dans ce milieu, enfin c’est ce que je pense, tu te donnes comme objectif d’atteindre une certaine diversité dans ta carrière. J’ai eu la chance de pouvoir faire des films de plusieurs catégories, de plusieurs tailles, des petits et des gros projets, j’ai pu travailler avec d’excellents réalisateurs. Et si tout va bien, c’est ce que j’aimerais continuer de faire.

Qu’est-ce qui t’intéresse et te motive en tant qu’acteur ? Des rôles bizarres, étonnants ?

Je ne sais pas trop. Je pense juste que tu n’as pas envie de devenir ennuyeux, tu veux te donner des défis à accomplir, pour te construire une carrière intéressante au fil du temps. J’aime l’idée que le public vienne voir mes films sans savoir exactement à quoi s’attendre de ma part.

Comment t’es-tu retrouvé à jouer dans War Dogs ?

J’ai rencontré Todd Philips quand Jonah [Hill] faisait déjà partie du projet. Le script était très bien et je n’ai pas hésité. En plus je venais de terminer un film, Bleed for This [inédit en France, ndlr], où je joue ce champion de boxe italien au fort caractère, et David me paraissait son opposé complet.

Ton personnage dans War Dogs est trafiquant d’armes, mais le film le présente globalement comme un mec avec un bon fond. Pour toi, David Packouz, c’est un mec bien ?

C’est carrément un mec bien pour moi, enfin, je peux m’identifier à lui. Efraim [Diveroli, boss du business d’armes dans le film, joué par Jonah Hill] est son meilleur ami, et ce qu’ils faisaient n’était, dans une certaine mesure, pas illégal. David n’est jamais allé en prison pour ses actes, il a seulement été un temps en liberté conditionnelle. Ce n’est qu’assez tard qu’il a fini par se rendre compte qu’il était manipulé par Efraim, qu’il n’était qu’un outil pour lui, un instrument.
Il y a des gens en lesquels j’ai tellement confiance que je les suivrais de la même manière, donc je le comprends. Quand David a pris conscience de sa situation, il a essayé de s’en échapper, mais c’était déjà trop tard. Il avait pris trop de mauvaises décisions.

“Si l’un de mes amis débarquait en me disant ‘mon vieux, j’ai un super plan’, il se pourrait que je rentre dans sa combine avant de me rendre compte que ça implique des braquages”

Si tu étais dans une situation similaire, tu ferais les mêmes choix ?

Ce n’est pas impossible, tu sais. Tous mes meilleurs amis datent de l’époque où j’avais environ quatorze ans, et si l’un d’entre eux débarquait en me disant “mon vieux, j’ai un super plan”, il se pourrait que je rentre dans sa combine avant de me rendre compte que ça implique des braquages ou ce genre de truc. C’est quelque chose que j’ai bien aimé avec le film : tu peux résumer ces deux personnages en disant qu’ils sont trafiquants d’armes, mais le scénario te montre vraiment comment ce sont juste des mecs normaux, enfin au moins l’un d’entre eux. Cela aurait pu être toi ou moi à leur place.

Tu as eu l’occasion de discuter avec le véritable David Packouz ?

Un petit peu. Il était sur le tournage [car il joue dans une scène, ndlr], et je l’ai revu à la grande première du film.

J’ai vu la photo de l’article de Rolling Stone dont est inspiré War Dogs et je me suis rendu compte qu’il était chauve dans la vraie vie… J’imagine que tu n’as pas eu trop envie de te raser la tête ?

Non, heureusement on ne me l’a jamais demandé ! Ça ne faisait pas partie des prérequis pour le rôle. Donc, j’ai préféré éviter.

En revanche, tu avais les cheveux teints en blond platine encore récemment, il me semble que c’était pour un autre film ?

Exactement [Granite Mountain de Joseph Kosinski, prévu pour 2017, ndlr].

La communication de War Dogs insiste un peu sur le côté “rêve américain” du film, avec ses deux personnages qui récoltent des millions alors qu’ils ont à peine la vingtaine, ce qui en fait un peu des symboles, des héros… Quelle est ton idée perso d’un héros “moderne” ?

Dans quel sens ?

Qu’est-ce qu’un héros de nos jours ? Est-ce quelqu’un qui réussit individuellement, pour lui-même, comme un modèle ? Au contraire, est-ce quelqu’un qui se consacre surtout aux autres ?

C’est intéressant comme le mot “héros” peut vouloir dire un certain nombre de choses différentes. Les gens projettent un peu ce qu’ils veulent sur le concept. Alors que ceux qui ont réellement accompli quelque chose que l’on peut qualifier d’héroïque ne se considèrent jamais comme tels. Pour moi, un héros c’est quelqu’un que l’on admire personnellement, ou qui possède certaines caractéristiques que l’on estime par-dessus tout, et qui différent selon les individus. Tu peux voir un film de gangsters et te dire qu’il contient des personnages héroïques… même s’ils ont fait des choses horribles dans leur vie ! C’est très subjectif.

War Dogs se déroule pendant le deuxième mandat de George W. Bush, aux alentours de 2005-2007. Est-ce que les États-Unis ont avancé depuis, est-ce que cela va mieux en 2016 qu’il y a dix ans ? Que penses-tu du contexte politique américain actuel ?

Si tu te remets dans le contexte de cette époque, je pense que cela va mieux en 2016 qu’il y a une dizaine d’années. OK, on est toujours empêtrés dans la même guerre, mais on a progressé sur d’autres points. Il y a une femme candidate à l’élection présidentielle par exemple, déjà ça, c’est énorme.

“Quand tu as une responsabilité publique, tu devrais faire attention aux mots que tu utilises”

Le film se moque un peu de l’administration Bush-Cheney, qui était très critiquée. Tu ne trouves pas un peu inquiétant qu’on parle autant de Donald Trump ces dernières semaines ?

Oui, je pense qu’on a raison de s’inquiéter à ce sujet. C’est difficile de voir qu’un candidat à l’élection présidentielle peut agir de cette manière. Je trouve que quand tu as une telle responsabilité publique, tu devrais faire attention aux mots que tu utilises, penser aux différentes communautés, aux différentes cultures qui font de l’Amérique ce qu’elle est aujourd’hui. Il n’y aucune raison valable d’émettre un jugement dédaigneux en se basant sur l’origine ou la religion de quelqu’un, c’est juste inacceptable.

C’était comment de bosser avec Jonah Hill ?

Jonah est super. C’est un acteur très talentueux, et j’avais vraiment hâte de faire ce film parce que je savais que ce serait fun de bosser avec lui.

Est-ce qu’il est aussi “intense” que J.K. Simmons, qui te hurlait dessus dans Whiplash ?

Dans la vraie vie ou dans le film ?

Dans la vraie vie.

La vérité c’est que J.K. est adorable dans la vraie vie ! C’est un petit chiot. Il détesterait m’entendre dire ça, mais c’est un amour. Et Jonah aussi d’ailleurs.

Après War Dogs, qu’est-ce que tu as envie de faire ensuite ? Quels sont tes grands plans de carrière ?

Oh, tu sais, on a tourné le film il y a environ un an et demi… Depuis j’ai tourné trois autres films, et maintenant, à l’instant T, j’ai vraiment envie de faire une pause, de prendre un peu de temps pour moi.

J’y pense, est-ce que tu as dû faire des choses spécifiques pour te préparer à ce rôle ? Tu as dû apprendre à masser des gens, par exemple ?

Je crois que j’ai dû masser juste un gars au total. Ouais… Globalement, on peut dire que je suis un masseur très médiocre ! [Rires.]