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Manon Azem, la comédienne de doublage d’Hermione Granger, est devenue une actrice badass

Manon Azem, la comédienne de doublage d’Hermione Granger, est devenue une actrice badass

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( © Lisa Miquet )

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Par Lucille Bion

Publié le

“Petite j’ai toujours vu l’envers du décor”

À seulement deux ans, elle traînait déjà sur les plateaux et les planches de théâtre. Fille de la comédienne Laurence Jeanneret (Série Noire) et d’un père peintre et machino au célèbre théâtre de la Colline, dans le 20e arrondissement de Paris, elle a décidé très jeune, que sa place serait dans le même milieu que ses parents. Malgré les réticences de sa mère, Manon Azem se fait repérer à 5 ans pour passer le casting d’une petite fille dans Danny le petit mouton noir de Disney :

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“Je n’avais pas de baby-sitter, je traînais dans les studios de doublage quand ma mère bossait et un jour, un mec m’a demandé si je voulais passer un casting. J’y suis allée, et j’ai été prise. Ma mère m’a fait apprendre tout mon texte par cœur, en me tapant sur l’épaule pour que je dise la phrase au bon moment. Je n’étais pas une enfant du spectacle à bosser tout le temps mais au lieu d’avoir des petits cours de danse comme les autres filles, le samedi et le mercredi, j’avais mon cours de doublage. C’était un peu mon hobby.”

Une fois familière de l’exercice, on lui proposa de doubler la sorcière Hermione Granger dans Harry Potter. À 15 ans, sa voix commença à devenir plus grave et, jusqu’à ses 20 ans, elle a dû tenir bon dans les aigus et se focaliser davantage sur sa voix que sur son jeu :

“Vers mes 15 ans j’ai commencé à “muer”, mais la production voulait que je garde ma voix d’enfant pour faire Hermione. Maintenant heureusement, on me prend avec la voix que j’ai. Pas plus tard qu’hier, j’ai doublé une prostituée renoi dans The Deuce.

Elle devient alors une référence chez les ados, continue de décrocher des rôles et joue pendant les vacances de Noël et d’été dans la série Trop la Classe avec Côme Levin et François Civil, qu’elle a ensuite retrouvés (respectivement) dans Gangsterdam et Burn Out :

Après un spin-off Trop la Classe Café, qui signe manifestement la fin de son ère Disney Channel, elle prend l’option théâtre et s’ouvre aux textes, aux auteurs qui lui permettent d’avoir le niveau pour la classe libre des cours Florent. En parallèle de cette prestigieuse formation, elle garde un œil sur les opportunités de castings qui pourraient se présenter et assouvir sa folle envie de travailler :

“Je voulais rentrer au conservatoire mais j’ai été prise pour Section de recherches et j’ai foncé. C’était une super école pendant 4 ans. C’était comme un cours intensif, j’ai appris mon taf. J’avais des habitudes de comédienne de doublage, mais je ne savais pas ce que c’était qu’un plateau. Mon œil a changé. À 25 ans, j’ai ensuite réalisé que j’avais le même rôle depuis 4 ans, que je disais les mêmes choses, que je jouais les mêmes émotions… J’avais vraiment envie de me surprendre, de faire mon métier, de jouer plein de rôles. C’était un peu compliqué de partir, de quitter cette sécurité. Je rencontrais plein de monde, de réalisateurs, de comédiens… Je n’étais plus heureuse, je n’avais plus de piment dans le bidon.”

Gangsterdam, un premier rôle polémique au cinéma

Avec sa grande taille et sa voix rauque, Manon Azem est souvent cantonnée à des rôles de dealeuse. Des rôles, globalement, où le niveau de testostérone est plutôt élevé. En passant pécho, Gangsterdam, Burn Out… Ironiquement, cette comédienne singulière est plutôt sage et casanière, préférant se faire une culture ciné et profiter de sa famille, que des grosses teufs all night long.
La Parisienne d’origine arabe israélienne décroche son premier rôle au cinéma avec Gangsterdam, aux côtés de Côme Levin et Kev Adams. Avant même sa sortie en salles, le film est mal reçu par la critique. La tête d’affiche de cette comédie “décomplexée” porte alors un film accusé d’homophobie, d’apologie du viol, d’antisémitisme et de sexisme :

“J’ai réussi à me détacher de ça parce que j’ai trouvé ça grotesque, tellement énorme. Je ne sais pas si les gens ont voulu casser du sucre sur Kev Adams ou sur Romain Levy. Pour moi, ce qu’on disait n’avait aucun sens. C’était du quinzième degré. J’ai donc entendu les reproches, mais il ne faut pas intellectualiser : c’est du cinéma, de la comédie. Si tu regardes le film avec légèreté, il est très cool. Le seul truc qu’on peut reprocher, c’est que ce ne soit pas drôle. Et de toute façon, moi ce qui m’importe, ce ne sont pas les chiffres, l’après, mais ce qu’il s’est passé sur le plateau, à Amsterdam. Mon travail c’est l’avant, la création. L’après, ce n’est plus de mon ressort en fait.”

“Voir que le téléphone ne sonne plus, c’est difficile pour une actrice. Ma mère a donc repris ses études, s’est retrouvée à la fac avec mes potes de terminale. Elle est toujours avec moi maintenant, en vacances, avec mes potes. On a aussi beaucoup tourné ensemble, dans Trop la Classe elle joue la prof méchante, dans En Passant Pécho, elle fait la voisine vulgos… (Rires) C’est un peu chelou de tout mélanger avec sa mère, mais j’en profite à fond : c’est tellement rare.”