Du Dark Knight à Dunkerque, le designer sonore de Nolan dévoile ses secrets de fabrication

Du Dark Knight à Dunkerque, le designer sonore de Nolan dévoile ses secrets de fabrication

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Dunkerque (© Warner Bros)

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Par Arthur Cios

Publié le

Richard King a raconté sur Reddit comment il a façonné le son de Dunkerque et autres.

Si le nom de Richard King ne vous dit rien, cela est tristement normal. Le métier de concepteur sonore n’est que très peu mis en avant. King est l’un des plus connus, et ce n’est pas pour rien. Les récompenses ne font pas tout, mais pour vous donner une idée, il a quatre Oscars à son actif pour son travail sur Master and Commander : De l’autre côté du monde, The Dark Knight, Inception, et Dunkerque – il avait également été nommé pour La Guerre des mondes et Interstellar.

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Alors quand l’Américain, généralement peu écouté, prend la parole sur Reddit, il régale. Dans un Ask Me Anything, le cinéaste a donc répondu aux questions des internautes. L’occasion de raconter la création de certaines de ses œuvres les plus célèbres, et notamment ses collaborations avec Christopher Nolan, et Dunkerque – où son travail est probablement le plus impressionnant, il faut bien le reconnaître.

Il raconte par exemple comment il a travaillé sur le son de l’avion de Collins qui se crashe dans la Manche à pleine vitesse, qui ne sonne pas du tout comme le “boom” traditionnel des explosions qu’on connaît :

“Chris [Nolan, ndlr] a eu la brillante idée d’avoir le moteur de l’avion qui s’emballe au lieu d’exploser en tombant. J’ai mis des boules de billard dans mon sèche-linge pour avoir des cognements aléatoires pour simuler le bruit d’un bout de moteur qui perd les pédales. L’avion va à 185 km/h, donc à cette vitesse, tomber dans l’eau équivaut à tomber sur du béton. L’instant juste avant doit être énorme. C’est un son sur lequel on a travaillé pendant très longtemps pour lui donner le plus craquement métallique possible.

Des gros sons comme des explosions sont plus saisissants et efficaces quand ils sont précédés par un petit silence. Par exemple, dans la scène où les soldats britanniques sont cachés dans le chalutier métallique pendant que les Allemands comment à l’utiliser comme cible d’entraînement. C’est choquant parce que c’est une scène plutôt silencieuse.”

En ce qui concerne le son des armes à feu dans le même film, qui sont assez uniques et loin des bruits de flingues des blockbusters traditionnels, il raconte ainsi :

[Le son, ndlr] des armes dans la séquence d’ouverture dans la ville de Dunkerque provient d’une combinaison d’une excellente production sonore (!) et d’armes allemandes que nous avons enregistrées.

Le son des armes à feu avec un très bon ‘crack’ avait le bénéfice d’avoir d’une réverbération naturelle d’une rue pavée étroite. Ils ont été joués très fort, ce qui les rend plus agressifs et choquants. Ils sonnent également dur et cru parce qu’il n’y a aucune absorption de son dans cette rue ; c’est un peu comme un petit canyon en pierre, qui le rend clair et abrasif.”

Il explique également les sons qui ont été les plus difficiles à faire pour lui :

“Je dirais que c’est la ‘chauve-souris’ dans ‘The Dark Knight Rises’. Nous ne voulions pas qu’elle sonne comme un hélicoptère, ça avait plus besoin d’une sorte de vrombissement flasque. Cela a été un long processus pour essayer de comprendre comment y arriver sans la faire sonner comme un grand ventilateur.

J’en connais une encore mieux. La sirène ‘Struka’ dans ‘Dunkerque’ sur laquelle j’ai travaillé tout le long du film jusqu’à la toute fin. C’était un long processus d’essai et d’erreur car nous devions tout créer de A à Z.”

Pour les plus curieux, vous pouvez lire l’intégralité de l’AMA ici ! Et pour les amateurs qui adorent la production sonore, sachez que King vient de sortir un pack avec 3 400 sons de sa bibliothèque, 113 gigas de données, pour la modique somme de 500 dollars – juste ici !