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Les 5 films incontournables de François Truffaut qu’il faut voir sur Netflix

Les 5 films incontournables de François Truffaut qu’il faut voir sur Netflix

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Par Lucille Bion

Publié le

Alors que 12 films de Truffaut sont disponibles sur Netflix, voici quelques pistes pour accueillir son œuvre et la comprendre.

Netflix a décidé d’élargir son catalogue en piochant dans l’œuvre de François Truffaut. Grâce à un partenariat signé avec MK2, la plateforme a récupéré 12 films du réalisateur français. 

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Chef de file de la Nouvelle Vague, grand rival de Jean-Luc Godard, critique de cinéma et même acteur à Hollywood, François Truffaut, qui s’est éteint à seulement 52 ans, aura marqué l’histoire du cinéma avec ses images innovantes et ses mots puissants et délicats. Comment regarder Truffaut, quand on “prend la Nouvelle Vague pour une figure stylée de surf”, comme le dit, avec de gros sabots, Netflix ? 

Par le commencement ? Par celui qui nous intrigue le plus ? Par celui qui a le titre le plus rigolo ? Par le plus réputé ? Peu importe. Si le cinéma de François Truffaut peut dater, il a su traverser les époques et attire encore de nombreux jeunes cinéphiles. 

François Truffaut est avant tout un autodidacte. Il s’est construit hors du circuit scolaire et en dehors des règles familiales. Enfant, il se réfugie dans la littérature, surtout les romans de Balzac, puis accède au septième art. À 21 ans, il publie son premier texte, sur Sudden Fear de David Miller, dans Les Cahiers du cinéma. Un an plus tard, en 1954, son célèbre texte “une certaine tendance du cinéma français” publié dans la revue s’attaque au cinéma français bourgeois et offre au critique une grande visibilité. 

Lâchant sa plume pour une caméra, Truffaut, autant adulé que blâmé, réalise son premier court-métrage, Une Visite, que seuls ses amis pourront voir. Avec plus d’assurance, mais toujours aussi peu d’expérience, il réalise ensuite Les Mistons qu’ilra considère comme son vrai premier court-métrage en 1958. Cette année-là, le Festival de Cannes ne veut pas lui, à cause de ses critiques virulentes. François Truffaut prendra sa revanche un an plus tard, où il présentera à la Croisette ses 400 coups et s’imposera définitivement comme l’un des chefs de file de la Nouvelle Vague.

Depuis ce jour, plus qu’un cinéaste, il se considérera comme un auteur, et réalisera 21 films qui évoqueront de manière singulière l’enfance et les passions amoureuses. On a décidé de retenir 5 films de la liste de Netflix, pour vous faire découvrir ou aborder l’œuvre du “fossoyeur du cinéma français”. 

1. Les 400 Coups (1959)

Alors que François Truffaut est encore un éminent critique, il fait le pari de réaliser Les 400 Coups, son premier long-métrage autobiographique. Assurément le plus connu de sa filmographie, ce magnifique film marque le début des aventures d’Antoine Doinel, l’alter ego du réalisateur et l’un des personnages les plus iconiques de Jean-Pierre Léaud. De l’enfance à l’âge adulte, le comédien interprétera le même personnage dans L’amour a 20 ans, Baisers volés, Domicile conjugal et L’amour en fuite, que vous pouvez également retrouver sur la plateforme. 

Jean-Pierre Léaud a 14 ans lorsqu’il commence à se glisser sous les traits du jeune Antoine Doinel. Dans Les 400 Coups, il incarne un adolescent sournois, anti-social et au bord de la révolte, mais aussi très solitaire qui se réfugie, comme le réalisateur l’a fait, dans les livres et les salles de cinéma, au lieu d’aller à l’école et d’obéir à des parents autoritaires et froids. Une œuvre bouleversante et inoubliable qui s’achève avec l’une des plus belles scènes finales du cinéma, au bord de la mer. 

Les 400 coups, entièrement tourné dans des décors naturels, obtient le prix de la Mise en scène à Cannes. Succès critique international, le film produit par la société de production de Truffaut, Les Films du Carrosse, lui permettra d’œuvrer par la suite avec une indépendance artistique totale. Un luxe.

2. Jules et Jim (1961)

Film phare de la Nouvelle Vague, le récit moderne de ce trio amoureux regorge d’innovations technologiques, de la voix hors-champ lisant les passages du roman de Henri-Pierre Roché dont le film est adapté, au montage. Dans Jules et Jim, François Truffaut se demande s’il est possible d’aimer deux personnes à la fois et interroge les frontières de l’amitié. 

De ce triangle amoureux, le plus célèbre du cinéma, on retient surtout deux choses. D’abord l’interprétation du “Tourbillon de la vie” de Jeanne Moreau, puis la traversée sur la passerelle de Jules l’écrivain autrichien, Jim l’artiste bohème français et Catherine, la femme libre et moderne. 

Dans la filmographie de Truffaut, Jules et Jim peut faire écho aux Deux Anglaises et le Continent, autant parce que c’est un autre roman de Henri-Pierre Roché qui met en scène un amour à trois que parce que les héroïnes déclament la même réplique : “Ce papier est ta peau, cette encre est mon sang, j’appuie fort pour qu’il entre”.

Bien plus culte que Deux Anglaises et le Continent, Jules est Jim offre surtout l’un des plus beaux rôles à Jeanne Moreau, qui était déjà une grande vedette à l’époque. François Truffaut a fait d’elle sa femme fatale, des Quatre cents coups en passant aussi par La Mariée était en noir.

3. Fahrenheit 451 (1966)

Fahrenheit 451 est un film très important dans la filmographie de François Truffaut pour deux critères : il s’agit de son unique film en langue étrangère et la seule fois qu’il s’aventurera du côté de la science-fiction. Le cinéaste, qui n’a aucun atome crochu avec ce genre, a décidé d’adapter le célèbre roman de Ray Bradbury car c’était surtout le sujet qui lui parlait, à savoir son amour des livres. 

Fahrenheit 451, c’est la température à laquelle la brigade des pompiers brûle les livres, alors interdits dans cette société dystopique. Mangold, le nouveau chef des opérations, détruit avec zèle les classiques de la littérature cachés dans les moindres recoins chez des particuliers, dénués de bibliothèques. Mais lorsqu’il sympathisera avec une professeur de son quartier, il remettra sa profession en question et son dégoût pour la littérature va peu à peu s’atténuer. Un classique de la science-fiction, dont le patrimoine français peut se targuer. 

4. Le Dernier métro (1980)

La légende raconte que Truffaut n’aimait pas ce film. Il n’était pas fier de ce qu’il avait fait, de rien. Ni du montage, ni des costumes, ni du tournage. Pourtant, c’est le plus grand succès en salles du cinéaste. Et s’il a rassemblé plus d’un million de spectateurs, cette énorme production a aussi reçu 10 César et a été nommée aux Oscars dans la catégorie du Meilleur film étranger. Pourtant, l’accueil du film a été glacial lors des premiers jours de son exploitation.

L’histoire se déroule en pleine Seconde Guerre mondiale, dans le milieu du spectacle. Le directeur du théâtre de Montmartre est juif et doit fuir la France pour échapper à la guerre. Sa femme (incarnée par Catherine Deneuve) reprend le flambeau et engage un comédien (Gérard Depardieu) pour poursuivre les représentations.

Cette chronique d’une troupe de théâtre qui s’efforce de survivre grâce au marché noir a d’abord été mal perçue parce qu’elle donnait une mauvaise image du pays pendant la guerre. Selon ces premiers critiques, Le Dernier Métro véhiculait une vision dérangeante de l’occupation. Mais petit à petit, à force de bouche-à-oreille, le film a pris en puissance et est désormais une œuvre culte, dans laquelle deux monstres du cinéma se donnent la réplique.

5. La Femme d’à côté (1981)

La Femme d’à côté, c’est principalement une romance secrète et destructrice entre voisins. Elle a été inspirée par l’un des plus grands malheurs de la vie de François Truffaut, sa rupture avec Catherine Deneuve, qui l’a plongé dans une profonde dépression, en partie guérie à l’hôpital.

Dans cette œuvre, le cinéaste raconte les retrouvailles de deux amants qui s’étaient quittés huit ans plus tôt, puis qui ont reconstruit leur vie, chacun de leur côté. François Truffaut y représente l’amour de Fanny Ardant et de Gérard Depardieu comme une maladie. De toute façon, depuis Les Deux Anglaises et le Continent (1971), les romances du cinéaste deviendront beaucoup plus violentes et sombres.

Là encore, le film a été tourné en décors naturels, à Bernin, dans l’Isère. François Truffaut a toujours confié qu’il aimait s’éloigner de Paris pour tourner, convaincu qu’il règne ainsi une ambiance de travail plus propice à la concentration puisque l’équipe s’émancipe de sa routine quotidienne et peut se plonger profondément dans son travail.