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En pleine affaire Weinstein, la Cinémathèque française rend hommage à… Roman Polanski

En pleine affaire Weinstein, la Cinémathèque française rend hommage à… Roman Polanski

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Roman Polanski à Cannes, le 27 mai . (Photo by Gisela Schober/Getty Images)

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Par Marie Jaso

Publié le

“Il est mis sur un piédestal à la Cinémathèque française. Beaucoup d’artistes jugés coupables ou présumés coupables sont réhabilités par la société et continuent d’être honorés. […] On peut être un artiste brillant et une personne inhumaine.”

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Un appel au rassemblement a été lancé après l’annonce de la programmation de la Cinémathèque, qui soulève les mêmes questions que la récente une des Inrocks avec Bertrand Cantat : peut-on continuer à encenser les artistes accusés ou coupables de crimes, pour ne prendre en compte que leur talent et la qualité de leurs œuvres ?

Un homme au lourd passé…

Si l’œuvre de Roman Polanski a été récompensée à de nombreuses reprises, de la Palme d’or du Festival de Cannes (pour Le Pianiste en 2002), aux Oscars, en passant par les César (pour Tess en 1980, The Ghost Writer en 2011, Carnage en 2012 et La Vénus à la fourrure en 2014), sa gloire a cependant été rapidement ternie par des accusations d’abus sexuels sur mineure.
En 1977, Samantha Geimer, jeune fille de 13 ans, fournit un témoignage accablant, affirmant avoir été droguée et violée par le réalisateur, alors âgé de 44 ans. Après avoir signé un accord amiable avec les avocats de la famille, le cinéaste plaide coupable pour rapports sexuels illégaux avec une mineure et est condamné sur ce chef.
Après 42 jours en prison (sur les 90 prévus initialement, et ce grâce à sa “conduite exemplaire”), craignant que le juge ne revoie le verdict, il fuit la justice américaine avant tout nouveau jugement et trouve refuge en France, pays qui refuse de l’extrader. La Suisse et la Pologne perpétueront également cette immunité.
Depuis, Roman Polanski poursuit sa carrière en Europe, où il continue d’être acclamé et défendu par de nombreuses personnalités, d’Harvey Weinstein, en 2009 (qui signa une pétition pour que les charges à l’encontre de Polanski soient abandonnées, alors qu’il risquait l’extradition en Suisse), à Catherine Deneuve, plus tôt cette année (qui avait tenu des propos consternants au micro de Quotidien après que Roman Polanski s’était vu obligé, polémique oblige, de refuser la 42e présidence des Césars).
Le réalisateur est pourtant toujours considéré comme un fugitif et continue de faire régulièrement l’objet d’accusations, dont la dernière en date est la cinquième à son encontre.

De nouvelles accusations

Il y a quelques jours, l’artiste américaine Marianne Barnard s’est exprimée sur Twitter, évoquant un après-midi de 1975, au cours duquel le réalisateur l’aurait fait poser nue à la plage, uniquement parée d’un manteau de fourrure pour recouvrir son corps de fillette de 10 ans. Profitant de l’absence de sa mère, il l’aurait ensuite agressée sexuellement.

La jeune femme a depuis lancé une pétition pour que Roman Polanski soit exclu de l’Académie des Oscars. L’hypocrisie de cette dernière avait d’ailleurs été dénoncée par l’animateur américain John Oliver le 15 octobre dernier, dans l’émission Last Week Tonight with John Oliver diffusée sur HBO :

“Oui, enfin ! Le groupe qui compte Roman Polanski, Bill Cosby et Mel Gibson parmi ses membres a trouvé le seul homme qui a maltraité des femmes et l’a viré ! Alors, félicitations Hollywood ! On se voit aux prochains Oscars où – et ceci est véridique – Casey Affleck remettra le prix de la meilleure actrice.”

L’avocat de Roman Polanski a adressé à la presse un communiqué où il rejette les accusations de Marianne Barnard, rapporte Le Figaro :

“M. Roman Polanski conteste formellement les accusations de Mme Barnard concernant des faits de 1975 alors qu’elle avait dix ans. Les seuls faits qu’on peut lui reprocher sont ceux qui concernent Samantha Geimer qu’il a reconnus dès sa première audition il y a quarante ans et à l’égard desquels Mme Geimer s’est encore exprimée récemment, en réaffirmant à la fois son pardon à M. Polanski et les reproches qu’elle faisait à la justice américaine. La justice suisse et la justice polonaise ont estimé qu’il avait exécuté sa peine, et au-delà. Il conteste toutes les autres accusations sans fondement dont il a fait l’objet.”