Julie (en 12 chapitres), la claque romantique que vous devez absolument voir

Julie (en 12 chapitres), la claque romantique que vous devez absolument voir

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Par Lucille Bion

Publié le

Un conseil : courez-y.

Présenté en avant-première au Festival de Cannes, le nouveau film poignant de Joachim Trier, Julie (en 12 chapitres), sort ce mercredi 13 octobre en salles. On ne peut que vous encourager à prendre votre ticket pour ce film immanquable. Et on ne dit pas ça seulement parce que Renate Reinsve a eu le Prix d’interprétation féminin sur la Croisette.

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C’est quoi ?

Verdens verste menneske (en norvégien), que l’on pourrait traduire littéralement par “le pire homme du monde”, c’est la vie de Julie (en 12 chapitres), avec un prologue et un épilogue. La nouvelle tragédie comique de Joachim Trier dépeint, par petites touches, le portrait ambitieux d’une trentenaire en perdition. Campée par Renate Reinsve, cette attachante Julie semble lutter depuis toujours contre ses désirs et ses pulsions. Se rêvant tantôt médecin puis psychiatre ou encore photographe, elle papillonne d’hommes en jobs, avec ivresse et volupté.

Quand elle tombe dans les bras d’Aksel, un auteur de BD plus âgé qu’elle, Julie s’épanouit enfin auprès de cet intellectuel. Cartons, échange de clés, division du dressing, partage des étagères de la bibliothèque… Ils sautent le pas et s’installent ensemble. Mais derrière leur relation idyllique, entre tolérance et grande communication, la différence d’âge se fait de plus en plus sentir et met à l’épreuve l’engagement de Julie.

Lors de la promo littéraire protocolaire du dernier livre d’Aksel, lors de laquelle elle se contente de traîner des pieds et de sourire à des inconnus par politesse, Julie s’extirpe et s’incruste à une soirée, le temps d’un inoubliable et savoureux chapitre 2 : “L’Infidélité”. Comme son nom le laisse présager, l’héroïne, alors lumineuse et spontanée, rencontre Eivind, le temps d’une nuit hors du temps teintée de légèreté.

Au petit matin, ils se quittent en se promettant de ne jamais se revoir et de reprendre le cours de leur vie. Mais avec cette nouvelle personne fantomatique dans l’équation qui ravive les souvenirs de cette soirée enivrante, les sentiments de Julie se fragilisent et mettent à mal son couple.

Pourquoi c’est bien ?

Grâce à un scénario ambivalent, d’abord axé sur des situations cocasses avant de basculer dans le drame déchirant, Julie (en 12 chapitres) réussit à embarquer son public, du rire aux larmes. Signé par Joachim Trier et Eskil Vogt (qui présente en même temps le film choc The Innocents à Un certain regard), le film est avant tout porté par Renate Reinsve. Pièce maîtresse de ce puzzle en douze morceaux, elle fait partie des révélations de cette compétition.

En endossant ce rôle écrit sur-mesure pour elle, la comédienne déterre des sujets brûlants au cours de chapitres absurdes, comme “la fellation à l’ère #MeToo”, montrant qu’à Cannes, on peut maintenant rire d’une sombre époque – pas si révolue – qui dénonçait les multiples porcs de la Croisette. Le temps d’une autre séquence mémorable sous champignons hallucinogènes, elle se transforme en guerrière libérée avec le sang de ses règles, qu’elle appose sur son visage, tirant deux traits sous ses pupilles dilatées.

Pour contrebalancer cette insouciance qui crève l’écran, Joachim Trier saupoudre son récit d’un ingrédient secret : Anders Danielsen Lie. Après Nouvelle donne et Oslo, 31 août, le cinéaste retrouve son acteur fétiche pour offrir une fragilité déconcertante au personnage d’Aksel, mis dans l’ombre fissa par un rival éphémère. Julie (en 12 chapitres) viendrait ainsi conclure cette fameuse “trilogie d’Oslo”.

Outre ce casting épatant, qui constitue l’un des duos cinématographiques les plus émouvants de cette 74e édition, le film se moque gentiment de notre époque empêtrée dans les réseaux sociaux et le politiquement correct, tout en prenant soin de laisser une trace de son passage dans l’histoire du cinéma.

Tourné en quelques semaines entre deux confinements en Norvège, Julie (en 12 chapitres) s’achève contaminé par le Covid-19, avec l’intention de retranscrire volontairement les mesures barrières qui ont bouleversé notre quotidien, mais aussi celui des tournages du cinéma. C’est pour la postérité.

S’il permettra aux générations futures d’illustrer cette crise sanitaire à l’écran, il restera assurément dans la mémoire des cinéphiles, laissant en suspend une question : l’amour, le vrai, existe-t-il ? Si oui, pour combien de temps ? En se penchant sur les relations amoureuses de son héroïne, Joachim Trier s’empare d’un sujet maintes fois traité. Armé de sa caméra, il prend le parti d’illustrer la réalité, en s’opposant aux contes de fées que nous vend la machine hollywoodienne, aliénant nos esprits difficilement conditionnés aux histoires d’amour avec un grand A.

Qu’est-ce qu’on retient ?

L’actrice qui tire son épingle du jeu : Renate Reinsve

La principale qualité : un portrait féminin lumineux

Le principal défaut : des chapitres inégaux

Un film que vous aimerez si vous avez aimé : “Nouvelle donne” et “Oslo, 31 août” pour se plonger dans le cinéma de Joachim Trier et toutes les histoires d’amour qui finissent mal comme “(500) jours ensemble” et “Celeste and Jesse Forever”

Ça aurait pu s’appeler : “Les 12 commandements d’une vie moderne”

La quote pour résumer le film : une comédie pas forcément romantique