Les 5 rôles iconiques de Jake Gyllenhaal, acteur inclassable

Les 5 rôles iconiques de Jake Gyllenhaal, acteur inclassable

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Par Théo Chapuis

Publié le

Alors qu’est sorti mercredi dernier dans les salles Nocturnal Animals, on a décidé de faire un retour sur la carrière de Jake Gyllenhaal. Cinq films pour cinq rôles qui ont marqué le septième art. 

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Donnie Darko : l’électrochoc

Si Lovely and Amazing (Nicole Holofcener – 2001) et Bubble Boy (Blair Hayes 2001) font de Jake une “étoile montante”, un film va véritablement réveler son talent autant que son visage. Nous sommes en 2002 : âgé de 22 ans, l’acteur joue Donald, aka “Donnie”, un adolescent pertubé qui échappe à la mort en obéissant à une voix dans sa tête qui a pris la forme d’un lapin à l’aspect morbide.

Le film, que personne n’attendait au tournant, s’appelle Donnie Darko.

Devant la caméra de Richard Kelly (Southand Tales, The Box), dont c’est le tout premier film, le charisme magnétique de Jake Gyllenhaal traverse le film. Donnie a l’air pataud, le regard perdu, interroge son professeur de sciences sur les voyages dans le temps, n’a aucune prise sur la réalité, est soumis aux visions d’un étrange ami imaginaire alors que la musique de Echo and The Bunnymen, Tears For Fears et Gary Jules composent une bande originale désormais culte.

Donnie Darko illustre parfaitement la carrière de Jake Gyllenhaal dans son ensemble, entre sophistication et accessibilité. Après la sortie de ce film, l’acteur a su identifier des films indés forts dans lesquels il incarne des identités ébranlées (Le Secret de Brokeback Mountain, Enemy) tout en étant accessible au plus grand nombre dans des rôles moins complexes mais tout aussi intenses (Le jour d’après, Zodiac, Source Code).

(Louis Lepron)

Le Secret de Brokeback Mountain : l’histoire d’amour secrète

Le Secret de Brokeback Mountain n’en est plus un pour personne. C’est que le film réalisé par Ang Lee, racontant l’idylle vécue entre deux fringants et virils cow-boy homosexuels, a connu un large succès public. Au point qu’il est devenu culte.

Jack Gyllenhaal est Jack Twist, qui vit une histoire d’amour avec Ennis del Mar (joué par Heath Ledger). Or, chacun mène sa vie en parallèle en s’efforçant de rentrer dans le moule, se marie, a des enfants… Leur romance secrète est sans cesse entrecoupée et elle les déchire plus qu’elle ne les rend heureux.

L’acteur marque par sa performance touchante et juste qui reste dans les esprits. Le duo qu’il forme avec Heath Ledger est l’un des plus beaux couples du cinéma. Dans ce décor naturel qui donne envie d’aller se retirer dans les montagnes, Jake Gyllenhaal prend véritablement possession de son personnage, comme à son habitude et arrive à nous émouvoir. Pour ce rôle, il a d’ailleurs obtenu le BAFTA du meilleur second rôle, et a été nommé aux Oscars.

(Maxime Retailleau)

Zodiac : la rencontre Fincher / Gyllenhaal

Acharné. C’est peut-être l’adjectif qui qualifie le mieux Robert Graysmith, le dessinateur pour le San Francisco Chronicle qui partira en croisade contre le Zodiac, sorte de Jack l’Eventreur 2.0 qui frappa la Californie à la fin des années 60. L’histoire de cette course-poursuite infernale de presque 30 ans sera adaptée au cinéma par le très grand David Fincher en 2007, avec notre bon vieux Jake dans le rôle de Graysmith, justement.

Le film est une longue et lente plongée sublime du réalisateur dans cette enquête, loin des cultes Se7en ou Fight Club où tout s’enchaine à tout va. Pendant presque 2h40, Jake Gyllenhaal s’intéresse, s’interroge, puis commence à traquer celui que ni la police ni le journaliste couvrant l’enquête ne trouvera. Une obsession presque dérangeante, qui laissera parfois traduire un poil d’espoir voire de joie chez le caricaturiste à chacune des apparitions du serial killer.

Le souci de réalisme bien connu de Fincher déteint sur l’acteur puisqu’il déclarera avoir rencontré, interviewé et même filmé le vrai Graysmith, histoire de s’imprégner au maximum de sa gestuelle, entre autres. Il en sort une prestation magistrale, et grave, qui marquera à jamais sa filmographie.

(Arthur Cios)

Prisoners : le flic solitaire

Avec Prisoners, Denis Villeneuve a frappé fort dans le monde du thriller. Si ce film a autant marqué les esprits, c’est grâce à son intrigue et son suspense – et sa fin – mais aussi grâce à l’interprétation de ses acteurs. Jake Gyllenhaal fait donc partie du casting aux côtés de Hugh Jackman et Terrence Howard.

L’acteur américain joue ici le flic en charge de l’enquête sur la disparition de deux petits filles. Sa performance est encore une fois remarquable. Plutôt peu bavard et solitaire, mâchouillant toujours un cure-dent au coin de la bouche, il se met entièrement dans la peau de son personnage et pas besoin de transformation physique pour ça. À la fois nerveux et tout en retenue, il est parfaitement crédible dans ce rôle qui semble taillé à sa mesure.

Jake Gyllenhaal a retrouvé Denis Villeneuve pour le film Enemy dans lequel il joue un homme qui découvre l’existence de son sosie. En jouant deux personnages dans un univers plus que schizophrène, l’acteur montre encore et toujours l’étendue de son talent.

(Fanny Hubert)

Night Call : l’anti-Forrest Gump

Il n’y a pas de sot métier, certes. Mais il y a sans doute de plus nobles manières de gagner sa vie qu’en filmant les faits divers les plus trash dans l’espoir d’en vendre les images aux chaînes de télé locales. Pour Night Call, Jake Gyllenhaal perd 20 kilos et s’arme d’un regard de gel. Armé de sa caméra vidéo, il devient un “nightcrawler”. Sa quête : poursuivre la mort, partout où elle se trouve.

Vous trouvez cela cynique ? Peu importe : ce film rappelle que dans le monde de la folie, il n’y a pas de place pour le cynisme. Et à aucun instant Jake Gyllenhaal ne semble sain d’esprit. Car il joue un fou, un vrai : maniaque et désocialisé, son personnage (délicatement nommé Lou Bloom, délicat paradoxe) a perdu toute trace d’humanité au profit d’une intelligence hors du commun et d’un pragmatisme sordide – exagéré par un jeu tout en tension et ses traits émaciés.

Calculateur, vautour et s’adonnant sans la moindre honte au mensonge et à la manipulation, Jake Gyllenhaal campe un effrayant anti-Forrest Gump : inadapté à ses semblables, il se nourrit pourtant de leur souffrance pour s’accomplir et les dominer – professionnellement et sexuellement. Un rôle glaçant qu’on n’oublie pas de si tôt, qui a valu à l’acteur les nominations dans la catégorie meilleur acteur aux BAFTA et aux Golden Globes, entre autres.

(Théo Chapuis)

Article publié le 22 juillet 2015, mis à jour le 9 janvier 2017