Rapport Chilcot : si le Royaume-Uni a attaqué l’Irak, c’est un peu à cause de Michael Bay

Rapport Chilcot : si le Royaume-Uni a attaqué l’Irak, c’est un peu à cause de Michael Bay

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Sean Connery et Nicolas Cage, manipulant des armes bactériologiques dans le film The Rock, probable inspiration d’une source des renseignements britanniques (© Jerry Bruckheimer)

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Par Théo Chapuis

Publié le

D’après le rapport Chilcot, les renseignements britanniques ont eu vent d’armes de destruction massive ressemblant en tout point à celles du film The Rock de Michael Bay.

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Publié le 6 juillet, le rapport Chilcot a prouvé que l’administration de Tony Blair avait menti à ses administrés, en déclarant à tort que l’Irak était en possession d’armes de destruction massive – et comptait s’en servir – à l’époque de Saddam Hussein. Or certaines de ses informations provenaient d’un blockbuster hollywoodien de 1996 que vous connaissez sans doute.

Retour en 2002. En quête de preuves attestant la présence d’armes de destruction massive pour légitimer l’invasion de l’Irak par la coalition internationale emmenée par les États-Unis, le gouvernement de Tony Blair s’appuie sur le témoignage d’une source du MI6, l’agence de renseignements britannique, écrit le Guardian. Cet informateur précise dans son rapport que la production d’armes neurotoxiques s’accélère et que ces dernières sont stockées dans des contenants en verre. Oui, comme dans The Rock.

The Rock ? Mais si, souvenez-vous : dans ce film de Michael Bay, un général américain renégat, joué par Ed Harris, prend en otage toute la ville de San Francisco depuis Alcatraz avec des armes chimiques – un jour de match des Giants, en plus. Pour tenter de l’arrêter, les personnages joués par Sean Connery et Nicolas Cage s’infiltrent dans les souterrains de la célèbre prison américaine. Patriotisme, explosions, grosses bagnoles, méchants qui ricanent en tirant et happy end au rendez-vous.

On a donc du mal à imaginer que les références à un film du réalisateur de Transformers, pas vraiment réputé pour sa délicatesse, se trouve dans un rapport classé ultra-secret du MI6. Et pourtant :

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Traduction : “L’une des principales sources du [Secret Intelligence Service] a fondé son rapport sur les armes de destruction massive de Saddam sur le film The Rock, avec Sean Connery.”

“Remarquablement similaire”

Contrairement à ce que laisse penser le film, les agents chimiques ne sont que très rarement contenus dans des sphères en verre (ben oui, c’est fragile). Le MI6 commence alors à douter. Le rapport de l’agence de renseignements note que la description des contenants faite par la source sur place est “remarquablement similaire aux armes chimiques fictives dépeintes dans le film The Rock“. Il devait y avoir un cinéphile au MI6.

Le rapport poursuit :

“Les questions soulevées à propos de contenants en verre pour des agents chimiques et la similarité de la description avec ce qu’on voit dans The Rock a été relevé par [l’agence de renseignements]. Il y a eu des précédents quant à l’usage de contenants en verre et cette piste sera poursuivie lorsque de nouvelles informations seront disponibles.”

Quoi qu’il arrive, The Independent relève que les déclarations de cette source ont joué un rôle déterminant dans le dossier qui s’est monté contre l’Irak, menant à la décision de son invasion. Quelques mois plus tard, le MI6 déclare cette source irakienne comme non-fiable, son rapport tout droit sorti de The Rock est démenti par l’agence… mais ses conclusions ont déjà alimenté le dossier de preuves dont l’administration Blair avait besoin pour légitimer l’attaque du régime de Saddam Hussein.

Le Royaume-Uni touché en “45 minutes”

Dans un discours resté célèbre outre-Manche, Tony Blair a annoncé à la Chambre des communes que l’armée irakienne était capable d’attaquer la Grande-Bretagne avec des armes de destruction massive en 45 minutes seulement. Cette menace a été décisive dans le soutien des Britanniques à leur Premier ministre pour accompagner les États-Unis dans la guerre en Irak. Aujourd’hui, les révélations du rapport Chilcot sont accablantes.